Trop souvent caricaturé, l’Empereur a de tout temps été l’objet des railleries. A l’occasion du bicentenaire de sa mort, les polémiques ont continué d’alimenter les débats publics. Les 101 sujets qui suivent, organisés par thèmes, permettent de répondre aux erreurs souvent répétées…
L’homme
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Napoléon est-il né italien ?
Depuis longtemps (en réalité depuis Chateaubriand), certains remettent en cause la nationalité française de Napoléon. Selon eux, le futur empereur serait né avant la cession de la Corse à la France, c’est-à-dire avant le 15 mai 1768. Plusieurs documents – son acte de baptême assez tardif mais aussi le certificat envoyé par son père pour entrer à Brienne – attestent qu’il est bien né le 15 août 1769 et donc sujet du roi de France. La confusion vient aussi peut-être du fait qu’il a utilisé parfois les papiers de son frère Joseph (né en 1768) pour se vieillir, notamment lors de son mariage avec Joséphine.
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Que sait-on vraiment de sa scolarité ?
Finalement, peu de choses de son enfance ne nous sont connues. On le prétend solitaire et turbulent. Il reçoit ses premières leçons de français de l’abbé Rocco. À neuf ans, il poursuit ses études sur le continent, d’abord au collège d’Autun puis à l’école militaire de Brienne où il entre le 15 mai 1779. Entre la fameuse bataille de boules de neige et les moqueries de ses camarades, bien difficile aujourd’hui de savoir ce qui relève de la légende et ce qui s’est réellement passé.
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Comment se comporte-t-il avec les femmes ?
Napoléon a laissé l’image d’un homme peu aimable avec les femmes, à la limite de la goujaterie. Toujours pressé, il n’a que peu de temps à consacrer à la séduction. Cependant, il sait se montrer aimant et attentif, parfois maladroit. Aux dires de Joséphine, il n’a aimé que deux femmes : elle-même et la comtesse Walewska.
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A-t-il des manies ?
Napoléon a l’habitude de pétuner – c’est-à-dire de priser – et il le fait très souvent. Sa consommation de tabac s’élève par exemple à 42 kg en 1808. L’Empereur était également un maniaque de la toilette, s’aspergeant sans arrêt d’eau de Cologne. Il avait même fait fabriquer des flacons spéciaux pour pouvoir en glisser un dans sa botte. Il avait également pour habitude de taillader les bras des fauteuils où il était assis à l’aide d’un petit canif. L’Empereur était mauvais perdant et il trichait souvent aux cartes. Sur le bateau qui l’emmenait à Sainte Hélène, il aurait répondu à l’un de ses partenaires de jeu, qui le lui reprochait : « Je ne triche pas, je ne laisse rien au hasard. »
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On parle souvent de son regard : de quelle couleur sont ses yeux ?
Constant écrit que Napoléon avait les yeux bleus, les secrétaires Méneval et Fain disent plutôt gris clairs. Tous ceux qui l’ont approché s’accordent à dire qu’il a un regard investigateur. Augereau (de douze ans son aîné), après sa première rencontre avec Bonaparte en 1796, reconnaît que ce regard d’acier lui a fait un peu peur.
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Combien d’heures dort-il par jour ?
« Je suis né et construit pour le travail », confie Napoléon, capable parfois de travailler dix-huit heures dans une journée. Il ne lui reste donc que peu de temps de sommeil. L’Empereur peut dormir deux ou trois heures par nuit. Parfois, il se couche vers minuit, se relève deux ou trois heures après pour, à nouveau, dicter quelques lettres, puis se recouche pour une heure ou deux. D’autres fois, lors d’une journée de travail ou même en campagne, un petit somme d’une vingtaine de minutes peut suffire à le reposer.
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S’intéresse-t-il aux découvertes scientifiques ?
Napoléon se passionne pour les sciences, disant d’ailleurs : « Si je n’étais pas devenu général en chef, je me serais jeté dans l’étude des sciences exactes. » Dès l’Égypte et durant tout son règne, il favorise les chercheurs. Ainsi, la France est la première puissance scientifique au monde. La liste est longue des mathématiciens, biologistes, naturalistes, chimistes ou physiciens qui dominent leur matière. Parmi ceux-ci : Laplace, Chaptal, Berthollet, Daubenton, Cuvier.
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Apprécie-t-il le théâtre ?
Napoléon s’est rendu 682 fois au théâtre durant les quinze années de son règne. Au total, il a assisté à 374 pièces de théâtre dont douze fois à Cinna. L’Empereur rencontre à plusieurs reprises l’acteur Talma auquel il donne même des conseils pour tenir le rôle de Néron dans Britannicus. Napoléon est tellement passionné par le théâtre qu’il en fait construire un dans chacune de ses résidences. Celui de la Malmaison, bâti en 1802, est inauguré avec le Barbier de Séville de Beaumarchais, interprété par un groupe d’amateurs parmi lesquels Hortense qui joue le rôle de Rosine.
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A-t-il créé la Comédie-Française ?
Il est souvent dit que Napoléon a signé le décret réorganisant la Comédie-Française dans des dispositions toujours en vigueur aujourd’hui. Il est, en fait, beaucoup plus probable que ce décret ait été signé à Paris. Thierry Lentz l’explique en citant deux paraphes sur le texte original conservé aux Archives nationales : « Le premier qui porte “Approuvé. Napoléon” a été barré et remplacé par un autre : “Approuvé à Moscou le 15 octobre 1812.” Cette minute est en outre accompagné d’une note d’un secrétaire : “L’intention de l’Empereur est que le décret soit daté de Moscou”. » Pourquoi ce mensonge ? Tout simplement parce que « l’Empereur voulait ainsi montrer qu’il pouvait s’occuper des affaires de la France, même à 2 500 km de Paris ».
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Quand et pour quel motif a eu lieu sa plus grosse colère ?
Napoléon est aussi connu pour ses accès soudains et violents. Si certaines colères sont bien réelles et correspondent à son caractère, d’autres sont feintes, pour impressionner son interlocuteur. La plus connue – et sans doute bien réelle – est celle qu’il « pique » contre Talleyrand. En effet, alors que Napoléon est en Espagne, celui-ci s’est rapproché de Fouché et complote sur une éventuelle succession par Murat. Le 28 janvier 1809, après un conseil et devant témoins, Napoléon s’en prend à son ex-ministre des Relations extérieures : « Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi, vous ne croyez pas à Dieu… » Le ton monte de plus en plus, les reproches s’accumulent et la diatribe se termine par la phrase, devenue célèbre : « Vous êtes de la merde dans un bas de soie ! » Talleyrand, impassible, marmonne : « Quel dommage qu’un si grand homme soit si mal élevé… »
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Quels sont ses plats préférés ?
Tous les témoins l’attestent : Napoléon ne s’attarde pas à table. Un déjeuner est, en général, expédié en quinze minutes, parfois un peu plus lorsqu’il reçoit des hôtes de marque ou s’il se trouve en famille. En matière de gastronomie, l’Empereur a des goûts simples : il aime le poulet sous toutes ses formes, en particulier le fameux « poulet Marengo » (à l’origine incertaine) et la poitrine de mouton grillée, apprécie viandes bouillies, lentilles, haricots, adore le pain. Il accompagne ses repas le plus souvent d’un verre de chambertin, coupé d’eau glacée.
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Quelles sont les relations de Napoléon avec ses frères ?
Il a parfois eu des relations tumultueuses avec ses frères mais, pour lui, la famille est sacrée. Il est très proche de son aîné Joseph, qui se montre pourtant bien médiocre dans les missions qui lui sont confiées. Lucien, le troisième de la fratrie, est le rebelle qui n’obéit pas à l’Empereur. Il a l’audace de se marier avec Alexandrine de Bleschamp sans le consentement de son frère. Louis suit son frère dès 1794 mais se fâche avec lui à propos du blocus qui ruine la Hollande dont il est roi. Enfin, Jérôme, le petit dernier, est peut-être le moins proche de Napoléon. Celui-ci ne l’apprécie guère mais lui attribue néanmoins le trône de Westphalie.
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Quelles sont ses lectures ?
Napoléon a toujours aimé lire. Dès son enfance, il « dévore » les classiques, notamment Plutarque, Tacite, Tite-Live, Virgile ou Homère. Il aime aussi les tragédiens de Racine et Corneille mais aussi des auteurs plus proches de son époque comme Voltaire. Ses lectures sont éclectiques et il prend des notes sur tout. « Lire sans un crayon est seulement de la rêverie », estime-t-il
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Aime-t-il la musique ?
Incontestablement, et contrairement à ce qu’on a souvent dit, Napoléon aimait la musique. Il disait même que c’est l’art qui a le plus d’influence sur les passions. Si l’Empereur chante faux et ne joue pas d’un instrument, il adore l’opéra italien qu’il découvre pendant ses campagnes d’Italie. Il organise et favorise l’Opéra de Paris, qui devient en 1804 l’Académie impériale de musique. Le Napolitain Giovanni Paisiello et le Français Étienne Nicolas Méhul font partie de ses compositeurs favoris. Ce dernier est même l’un des premiers civils à recevoir la croix de chevalier de la Légion d’honneur.
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Quelles sont ses relations avec Elisa, Pauline et Caroline ?
Entre ses trois sœurs, Napoléon a de toute évidence une préférence pour Pauline. Il lui pardonne tous ses écarts. Celle-ci, de son côté, admire son frère et lui porte une affection sans borne. Toujours fidèle, elle est la seule des Bonaparte (avec Madame Mère) à rendre visite à son frère à l’île d’Elbe.
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Napoléon est-il vraiment bon mathématicien ?
Concernant sa scolarité, les seules certitudes sont qu’il s’intéresse beaucoup à l’histoire et aux mathématiques, matières dans lesquelles il excelle. Le 17 octobre 1784, à quinze ans, il entre à l’École militaire de Paris où il se fait remarquer pour ses dons en mathématiques. En dix mois, il maîtrise le traité d’Étienne Bezout, alors que d’autres l’étudient en trois ans. Ses capacités dans cette matière l’orienteront naturellement vers l’artillerie.
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A-t-il été franc-maçon ?
Le Premier Empire est une époque où renaît la franc-maçonnerie, aussi bien civile que militaire. Napoléon est entouré de francs-maçons et en premier lieu Cambacérès qui devient à partir de 1804 le grand administrateur du Grand Orient de France, réorganisé et première obédience française. Les frères de l’Empereur, Joseph et Louis, sont grand-maître et grand-maître adjoint de l’ordre. Pourtant, il n’y a aucune trace d’une quelconque initiation de Napoléon. L’Empereur encourage la franc-maçonnerie car les loges doivent surtout être des lieux de réconciliation autour de lui.
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L’hygiène est-elle l’une de ses principales préoccupations ?
D’après Constant son valet de chambre, Napoléon est très méticuleux sur la propreté. Dès son réveil, il prend un bain, même si, comme c’est souvent le cas, il en a déjà pris un au milieu de la nuit. Il se fait ensuite frictionner énergiquement à l’eau de Cologne. Il se rase lui-même et se nettoie les dents avec une brosse, trempée dans un opiat d’une composition spéciale, puis se fait habiller par son valet de chambre.
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Quelle tenue porte-t-il en campagne ?
Comme dans ses habitudes alimentaires, Napoléon aime la simplicité et la sobriété pour se vêtir. Dans ses palais comme en campagne, il reste attaché à la tenue de colonel des chasseurs à cheval de la Garde, comme pour montrer qu’il reste proche de ses soldats. Il porte un éternel bicorne noir orné d’une cocarde tricolore et, bien sûr, la redingote grise.
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Napoléon a-t-il vraiment aimé Marie Walewska ?
Même si Marie Walewska a été jetée dans les bras de Napoléon au début de l’année 1807 par Poniatowski, qui pense influencer ainsi le sort de la Pologne, les deux amants ont entretenu une liaison amoureuse sincère. Après Friedland, Napoléon lui écrit : « Ma joie serait entière si tu étais ici, mais je t’ai dans mon cœur. » Le couple se revoit en 1808, puis après Wagram. Marie accouche d’un fils en 1810. Elle est l’une des rares à avoir rendu visite à l’Empereur à l’île d’Elbe.
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A-t-il considéré Hortense comme sa fille ?
Si Napoléon éprouve beaucoup de tendresse pour Hortense, il n’en est pas moins un beau-père autoritaire. La fille de Joséphine fréquente en effet la haute société consulaire dans les années 1800 et tombe éperdument amoureuse de Duroc. Mais le Premier consul, avec l’appui de son épouse Joséphine, l’oblige à épouser son frère Louis en 1802. Ce mariage forcé se révèle vite un échec. Hortense se montre pourtant fidèle à son beau-père durant les Cent-Jours et sera contrainte, pour cette raison, à gagner la Suisse en 1817.
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Quel père est-il ?
Il a été père trois fois. Son premier fils, Charles Léon, naît le 13 décembre 1806 ; le mère est Éléonore Denuelle de la Plaigne, lectrice de sa sœur Caroline. Le deuxième, Alexandre, naît le 2 mai 1810 de ses amours avec Marie Walewska. Le troisième enfin, le seul légitime, naît le 20 mars 1811. Les images montrant Napoléon avec le Roi de Rome sont nombreuses : il est représenté tendre, jouant avec l’enfant, attendri souvent. Cependant, il n’a jamais délaissé ses deux autres fils et s’en est toujours préoccupé. Si Charles Léon connaît une vie tumultueuse et dilapide ce que son père lui a laissé, Alexandre entreprend une brillante carrière politique.
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Aime-t-il la chasse ?
Jeune homme, Napoléon ne s’intéresse guère à la chasse. Empereur, il confie cependant la charge de grand veneur au maréchal Berthier. C’est à partir de 1809 qu’il commence à pratiquer la chasse très régulièrement, notamment à son retour de la campagne d’Autriche. Par ailleurs, et comme le veut l’usage au xviiie siècle, l’accueil d’un hôte de marque s’accompagne souvent d’une partie de chasse. À cette activité, il faut reconnaître que l’Empereur se montre plutôt maladroit et malchanceux. Il blesse plusieurs de ses compagnons par quelques coups malheureux de carabine.
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Pourquoi le Roi de Rome est-il appelé Napoléon II alors qu’il n’a jamais régné ?
À la fin des Cent-Jours, sur l’acte d’abdication, Napoléon écrit : « Ma vie politique est terminée et je proclame mon fils, sous le titre de Napoléon II, Empereur des Français. » Cette proclamation est approuvée par la Chambre des représentants et la Chambre des pairs. Cependant, Fouché, chargé de présider en principe un conseil de régence, ne se préoccupe pas de cet enfant de quatre ans qui réside déjà en Autriche. Napoléon II n’est donc jamais proclamé officiellement empereur, n’ayant eu ce titre que quelques jours. Mais c’est néanmoins pour cette raison que Louis-Napoléon Bonaparte prendra le nom de Napoléon III.
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Napoléon aurait-il pu s’évader de Sainte-Hélène ?
Effectivement, plusieurs tentatives d’évasion ont été préparées par ses partisans. Octave Aubry évoque le flibustier Laffitte qui monte une expédition mais qui doit renoncer après avoir perdu six navires dans un cyclone. La plus sérieuse tentative est l’œuvre de Nicolas Girod, maire de La Nouvelle-Orléans, fervent partisan de Napoléon. En 1821, il fait aménager une spacieuse maison dans sa ville où il compte accueillir son prestigieux évadé. Il arme ensuite un clipper rapide, la Séraphine. Ce navire s’apprête à appareiller lorsque la nouvelle de la mort de l’Empereur tombe, annihilant le projet. Il faut rappeler également que Pauline a été inquiétée pour avoir essayé de rapatrier son frère de Sainte-Hélène.
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Est-il bon cavalier ?
Comme tous les officiers de l’époque, Napoléon a l’habitude de monter à cheval. Il n’est cependant pas très bon cavalier. Assez brutal et ne connaissant que le galop, cela lui vaut quelques sévères chutes. Mais sa grande force est son endurance : il est capable de fatiguer plusieurs chevaux dans une journée et de faire entre quatre-vingts et cent kilomètres.
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Pourquoi met-il la main dans son gilet ?
Napoléon est évidemment reconnaissable à son bicorne, sa redingote grise et à sa main glissée dans son gilet. On a souvent dit que cette attitude était due à ses maux d’estomac. En réalité, il n’en est rien. À l’époque, d’une part, il est malséant de laisser pendre ses bras le long du corps et, de l’autre, les pantalons et culottes n’ont pas de poche. Il est donc fréquent que les hommes passent une main dans leur gilet. Napoléon – ses portraits le montrent – ne fait pas exception.
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Napoléon était-il petit ?
Il mesure cinq pieds, deux pouces et trois lignes, soit 1,686 m. Ce qui, pour l’époque, n’en fait pas un homme petit. La taille moyenne des Français est en effet d’environ 1,60 m.
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A-t-il transformé Paris ?
Napoléon lance de grands chantiers destinés à améliorer la vie quotidienne des 600 000 Parisiens. Il se préoccupe notamment de la distribution d’eau, faisant creuser le canal de l’Ourcq en 1808 pour faire venir ses eaux dans la capitale. Des fontaines sont créées, dont celles de Sèvres et du Châtelet. Pour gagner de la place, il ordonne de créer des cimetières à l’extérieur de la ville. Sont aménagés ceux du Père Lachaise, de Montparnasse et de Montmartre. De nouvelles rues sont ouvertes, comme celles des Pyramides ou de Mondovi, et beaucoup d’autres pavées. Dès 1801, Napoléon ordonne la construction de trois nouveaux ponts : ceux des Arts, d’Austerlitz et d’Iéna. L’urbanisme parisien lui doit beaucoup.
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Quels sont les monuments de Paris érigés à la gloire de l’Empereur ?
Napoléon ne néglige évidemment pas de faire construire des monuments. Il restaure les Tuileries, dont l’arc de triomphe du Carrousel sert d’entrée. Édifié entre 1806 et 1808, celui-ci célèbre la victoire d’Austerlitz. La construction d’un second arc de triomphe, place de l’Étoile, débute en 1806 mais ne sera achevée que trente ans plus tard. Place Vendôme, une colonne, identique à celle de Trajan, est élevée à la gloire de la Grande Armée. Elle est recouverte du bronze des canons pris à l’ennemi et surmontée d’une statue de Napoléon en empereur romain.
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Croit-il en Dieu ?
Dans la plupart de ses courriers, Napoléon termine par : « Que Dieu vous ait en sa saint garde. » De même, dans son testament, il affirme « mourir dans la religion apostolique et romaine ». Il se positionne donc en chrétien. Mais comme l’écrit Thierry Lentz, « Napoléon privilégie le rôle social et politique de la religion, laissant de côté ses propres convictions. Quelques semaines après Brumaire, il déclare au Conseil d’État : “C’est en me faisant catholique que j’ai fini la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le temple de Salomon.” Dieu est pour lui une affaire intime, et il est probable qu’il a eu la foi. Le rôle de l’Église relève de l’État. »
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Est-ce bien son corps qui repose aux Invalides ?
Les restes de Napoléon sont déposés sous le Dôme le 15 décembre 1840. Depuis une quarantaine d’années, certains avancent que ce ne serait pas lui qui serait dans le tombeau mais son maître d’hôtel Cipriani, mort en 1818. La substitution serait intervenue entre 1821 et 1840, à l’instigation des Britanniques. Le corps de Napoléon aurait en fait été déposé dans un endroit secret de l’abbaye de Westminster. Cette théorie fantaisiste repose sur le fait qu’à Sainte-Hélène, Napoléon a été placé dans quatre cercueils emboités mais Marchand, dans son journal, n’en fait état que de trois. Or, en 1840, à Paris, il y a bien quatre cercueils emboités, ce que confirme cette fois l'ancien valet de chambre.
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Est-ce que certains projets de l’Empereur n’ont pas abouti ?
En 1810, à l’apogée de sa puissance, il envisage de faire bâtir un somptueux palais, pour lui mais aussi et surtout pour sa descendance. Début 1811, il confie le projet aux architectes Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine. L’idée est d’embellir le bois de Boulogne et de construire un gigantesque palais destiné au Roi de Rome sur le sommet de la colline de Chaillot. Durant l’année 1811, des parcelles de terrain et des maisons sont rachetées par l’État. Mais les travaux sont longs et ralentis par manque de moyens, notamment après les défaites de 1813. À la fin de l’Empire, le projet est totalement abandonné.
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Quel est le monument napoléonien le plus visité aujourd’hui ?
Il existe dans le monde plus de quatre mille lieux napoléoniens recensés. Pas un musée d’histoire ou des beaux-arts qui ne propose un tableau en lien avec l’Empire. Cependant, le lieu napoléonien le plus visité est sans conteste le tombeau de l’Empereur aux Invalides qui accueille (en période habituelle) un million et demi de visiteurs.
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Quel a été son projet le plus étrange pour Paris ?
Dans ces projets d’embellissement, Napoléon n’oublie pas la place de la Bastille. Il compte d’abord y édifier un arc de triomphe puis, le 9 février 1810, décide par décret de faire bâtir au centre de la place une vaste fontaine. Celle-ci aurait « la forme d’un éléphant de bronze fondu avec des canons pris sur les Espagnols insurgés. Cet éléphant serait chargé d’une tour et serait tel que s’en servaient les Anciens : l’eau jaillirait de sa trompe. » Seules les fondations, dessinées par Célérier et Alavoine, seront effectivement construites.
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De quoi est mort exactement Napoléon ?
Le docteur Alain Goldcher, dans son livre Au chevet des Bonaparte, conclut son chapitre sur la mort de Napoléon : « […] Un médecin du xxie siècle remplirait ainsi le certificat de décès de Napoléon Bonaparte : […] Cause initiale [de la mort] : gastrorragie (hémorragie provenant de l’estomac) de Cruveilher caractérisée par une multitude de petites ulcérations de la muqueuse gastrique, sorte de gastrite chronique responsable de micro-saignements répétés de 1815 à 1821, à l’origine de la perte sanguine massive mais progressive. »
Le militaire
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D’où lui vient son surnom de « Petit Caporal » ?
C’est au soir de la victoire de Lodi, le 10 mai 1796, que Bonaparte est ainsi baptisé par ses soldats. En effet, ayant été tout long de la bataille très proche d’eux, quelques-uns, parmi les plus anciens de l’armée, se réunissent en conseil et décident de promouvoir leur commandant à ce grade pour bien montrer que, désormais, il fait partie des leurs. Cette marque de respect s’est transmise un peu plus tard à la Légion étrangère et aux troupes de marine qui décernent encore aujourd’hui ce grade de façon exceptionnelle à un officier général, qui ne fait pas partie de leur corps mais a conquis leur estime.
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Bonaparte a-t-il pillé l’Italie (notamment de ses œuvres d’art) au cours des deux campagnes ?
Le général de Pommereul, à la fin de son ouvrage Campagne du général Buonaparte en Italie pendant les années IV et V de la République française (publié pour la première fois en 1797), donne la liste des œuvres d’art rapportées d’Italie.Elle est effectivement impressionnante : plus de soixante sculptures de maîtres et, pour les peintures, neuf Raphaël, dix-huit Perugin, trois Le Guerchin, un Caravage, deux Annibale Carracci, un Titien, un Poussin etc. Par ailleurs, de précieux manuscrits sont enlevés aux grandes bibliothèques de Modène, Rome ou Venise, en particulier l’herbier Ulisse Aldrovandi (seize volumes du xvie siècle, le plus ancien connu). Si ces trésors ont en effet été pillés, il ne faut pas oublier qu’il est alors à l’époque normal de faire « payer » les vaincus. Les Romains eux-mêmes ont pris aux Grecs nombre des statues que les Français leur ont ensuite enlevées. De plus, Bonaparte destine ces œuvres d’art aux musées français et à l’Institut.
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Quel est le bénéfice de la campagne d’Égypte ?
L’expédition de 1798 poursuit deux objectifs : asseoir la domination française en Méditerranée et couper la route des Indes aux Anglais, les privant ainsi de ressources économiques indispensables. La défaite et le retour en France des derniers soldats en 1801 annihilent tous les espoirs d’atteindre ces buts. Toutefois, cette campagne entre dans la légende napoléonienne et de ce revers, Napoléon en fera un succès.
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Le projet d’envahir l’Angleterre est-il réaliste ?
Le camp de Boulogne, entre Utrecht et Montreuil-sur-Mer, rassemble de 1803 à 1805 plus de 150 000 hommes. Des efforts colossaux sont déployés pour construire une flotte de débarquement : près d’un millier de bateaux à fonds plats et 750 péniches sont mises à l’eau. Mais pour que ce projet aboutisse, il faut que la flotte française détrône la Royal Navy. Or celle-ci bloque les principaux navires français dans les ports européens. En Angleterre, la menace est prise au sérieux. Les Britanniques s’empressent de former la troisième coalition qui va détourner la Grande Armée des côtes de la Manche et finalement aboutir à la victoire d’Austerlitz. La défaite navale de Trafalgar, le 21 octobre 1805, met définitivement fin au projet d’invasion de l’île.
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En matière de stratégie militaire, quelles sont ses influences ?
Parmi ses nombreuses lectures, Napoléon s’est évidemment intéressé aux écrits militaires et de stratégie. Il a étudié les principes de l’artillerie, l’art du siège, Machiavel et les récits des campagnes de Frédéric le Grand – qu’il admire. Il se recueille d’ailleurs sur sa tombe après sa victoire sur la Prusse, en octobre 1806. Mais la lecture qui l’a le plus influencé est sans doute L’essai général de tactique de Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert, qui prône déjà les armées offensives et le principe divisionnaire.
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Quelle est la plus grande victoire remportée par Napoléon ?
Sans aucun doute c’est Austerlitz et ce pour plusieurs raisons. D’abord il s’agit de la bataille où les qualités de stratège de l’Empereur s’affirment de façon éclatante. Ensuite, elle se déroule un an jour pour jour après le sacre, ce qui en fait un argument de propagande de premier choix. Enfin, c’est une victoire totale sur deux puissances dominantes en Europe – la Russie et l’Autriche. La campagne de 1806 contre la Prusse est aussi exemplaire en termes de stratégie militaire et est encore étudiée aujourd’hui dans les écoles militaires. En l’espace de quelques semaines, une armée entière, et parmi les plus aguerries, est quasiment détruite.
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La campagne d’Espagne a-t-elle été sa plus grosse erreur militaire ?
Si vouloir entrer en Espagne pour imposer le blocus à l’Angleterre, ou tout du moins gêner son commerce, n’est pas forcément une erreur, s’immiscer dans les affaires de la royauté espagnole, imposer un roi français et vouloir introduire des principes de la Révolution française dans un pays dominé par la noblesse et le clergé en sont une. C’est sans compter sur la réaction du peuple espagnol. Ensuite, tenter de se maintenir dans un pays hostile et soutenu activement par les Anglais s’est effectivement révélé une faute importante.
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En quoi a-t-il révolutionné la stratégie militaire du xviiie siècle ?
Toute sa stratégie repose sur l’articulation entre le mouvement de marche dispersé et le dispositif de bataille concentré, l’objectif étant d’être le plus fort à un point donné et à un moment précis. La concentration ainsi obtenue, au moyen de déplacements très rapides, contraste avec la lenteur des adversaires : c’est pourquoi on a pu dire que l’Empereur gagnait les batailles avec les jambes de ses soldats. On peut résumer sa stratégie en trois règles : offensive à outrance, recherche de l’engagement et exploitation de la victoire. C’est une sorte de « guerre éclair » avant la lettre. En cela, sa stratégie révolutionne complètement celle de l’Ancien Régime.
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Quels livres prend-t-il pendant ses campagnes ?
À partir de 1809, Napoléon songe de plus en plus à emporter avec lui une bibliothèque de campagne. Il fait donc appel à son bibliothécaire Antoine Barbier et lui demande de prévoir un ensemble de 3 000 volumes ! Cette bibliothèque n’est prête que pour la campagne de Russie et elle comprend des ouvrages de topographie, d’histoire de la Russie, de géographie, et des rapports sur les forêts, les marais et les rivières russes. Celle-ci disparaît au cours de la retraite, brulée ou pillée.
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Quel rôle ont joué les Bulletins de la Grande Armée ?
Périodiques relatant l’activité des troupes, on y trouve la description de tous les combats et souvent des commentaires élogieux de soldats ayant réussi une action d’éclat. Les Bulletins sont publiés dans l’organe officiel du régime, leMoniteur universel. Au cours des campagnes, des copies sont affichées sur les murs des bâtiments publics. Napoléon en contrôle l’entière rédaction, le transformant en un redoutable outil de communication et de propagande. Les soldats ne sont pas dupes et emploient souvent l’expression « menteur comme un Bulletin ».
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Quel est son officier préféré ?
Napoléon n’est pas forcément « tendre » dans son jugement, notamment sur ses maréchaux, dans le Mémorial de Sainte-Hélène. Plusieurs, comme Marmont, Mortier et même Murat sont même qualifiés de « traitres ». L’Empereur respecte les qualités de commandement d’un Masséna ou celle de manœuvrier de Davout. Il admire la bravoure de Ney, qu’il surnomme le « plus brave des braves », mais celui qu’il considère comme son ami, le seul qui le tutoie, est Lannes, dont il pleure la disparition en 1809. Il est très affecté, quatre ans plus tard, par la mort de Bessières, puis celle de Duroc.
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Napoléon a-t-il délaissé la marine ?
Dès les débuts du Consulat, il comprend qu’il lui faut défendre l’accès de son littoral et préparer la reconstruction d’une flotte capable de combattre la Royal Navy. De vieux ports sont remis en état comme Toulon (détruit en grande partie en 1793), Boulogne et Rochefort. Les travaux du port de Cherbourg, entrepris sous Louis XVI, reprennent en 1802. L’année suivante, Bonaparte ordonne la construction d’un port de 1re classe et, en 1804, la digue est achevée et une batterie de vingt pièces installée pour la protéger. Un peu plus tard, l’Empereur lance un vaste plan de construction d’arsenaux intégrant Gênes et Savone (côté Méditerranée), Venise et Raguse (côté Adriatique), Ostende, Newport et surtout Anvers (en mer du Nord). Mais même si 77 vaisseaux et 79 frégates sont lancés des ports impériaux entre 1804 et 1814, la marine française ne pourra jamais surpasser les Britanniques.
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Au cours des Cent-Jours, est-il toujours un grand stratège ?
Si, sans aucun doute, Napoléon a gardé ses capacités, c’est son environnement qui a changé. L’armée de 1815 n’est plus celle de 1805 : ses soldats ne sont plus aussi aguerris, ses officiers – trop jeunes – manquent d’expérience. Ses officiers généraux sont las et moins enclins à lui obéir aveuglément. Et puis, ses adversaires ont appris à le combattre : ce sont maintenant eux qui se sont endurcis et l’armée anglaise se révèle maintenant supérieure à l’armée française.
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La défaite de Waterloo aurait-elle pu être évitée ?
Cette question relève de l’uchronie. En s’échappant de l’île d’Elbe, Napoléon se doute qu’il va engendrer une nouvelle coalition. Celle-ci, encore plus puissante, ne lui laisse aucune chance et, même si Waterloo avait été évitée ou même remportée, cela n’aurait pas empêché une guerre longue, forcément meurtrière, et dont l’issue n’aurait pas été différente.
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En campagne, comment voyage-t-il ?
Quand l’Empereur part en campagne, l’équipage qui le suit esy composé de deux voitures. L’une contient ses papiers, ses cartes et ses livres ; l’autre est réservée au service de bouche. Près du champ de bataille, on dresse les trois tentes de l’Empereur : la sienne, celle des officiers de la Maison impériale et celle du major-général Berthier. Le logement de l’Empereur occupe deux pièces : le cabinet et la chambre à coucher. Dans la première, les cartes sont disposées sur une grande table. Et dans la chambre, on installe le lit de l’Empereur.
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Bivouaque-t-il vraiment au milieu de ses soldats ?
Napoléon est effectivement proche de ses soldats. Il est capable de parcourir les bivouacs, de partager une pomme de terre ou de se laver puis de se raser au milieu d’eux. Les nombreuses gravures et peintures ont largement diffusé cette image. Néanmoins, la plupart du temps, Napoléon dispose toujours d’un grand confort, dont s’occupe l’administration de la Maison de l’Empereur. Pierre Branda a montré qu’au début de la campagne de Russie, la Maison de l’Empereur transporte 3 464 bouteilles de vin et liqueurs, 155 kg de gruyère, 9 sacs de café, 230 litres de vinaigre, 36 kg de chocolat, etc.
Le politique
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Napoléon concentre-t-il vraiment tous les pouvoirs ?
Même si les extraordinaires capacités de travail de l’Empereur peuvent donner l’image d’un homme d’État qui « peut tout faire », Napoléon a toujours su s’entourer d’hommes compétents. Des collaborateurs comme Cambacérès, Mollien, Fouché, Berthier (et bien d’autres) ont su mener les réformes exigées. Parmi ceux-ci, on peut citer Jean-Étienne-Marie Portalis, un des principaux rédacteurs du Code Civil.
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Réunit-il un véritable conseil des ministres ?
Contrairement aux idées reçues, il ne gouverne en effet pas seul. Même si les décisions finales lui reviennent, il a su, et c’est aussi une de ses forces, s’entourer de ministres compétents et efficaces. Sans parler véritablement de conseil des ministres, parmi ceux que Napoléon interroge régulièrement se retrouvent Cambacérès archichancelier de l’Empire, Gaudin ministre des Finances (de 1800 à 1814), Talleyrand ministre des Relations Extérieures (et très influent, du moins jusqu’en 1807), Fouché ministre de la Police, Berthier ministre de la Guerre, Decrès ministre de la Marine (en poste pendant quatorze ans) et Régnier ministre de la Justice (pendant treize ans).
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Le Premier consul a-t-il mis fin à la Révolution ?
La proclamation de la constitution de l’an viii, qui instaure le Consulat, se termine par ces mots : « La Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée. Elle est finie. » Selon Thierry Lentz, « dans le langage de l’époque, fini voulait dire autant terminé que parfait. Par conséquent, il ne s’agissait pas de renier la Révolution, mais de reconnaître ses bornes “dans les principes qui l’avaient commencée”, ceux de 1789. […] Si l’on s’écarte de la périodisation habituelle, après la Constituante, la Législative, la Convention et le Directoire, le Consulat et au moins une partie de l’Empire devraient donc constituer une cinquième période de la Révolution, poursuivant et défendant les principes [de 1789]. »
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Comment Napoléon juge-t-il ses ministres ?
Travailler auprès de l’Empereur n’est certainement pas chose aisée. Tous, quels qu’ils soient, ont droit, un jour ou l’autre, aux réprimandes impériales, soit par écrit, soit au cours d’un entretien où il est plus prudent de ne pas répondre. Pourtant, la longévité de certains d’entre eux prouve que Napoléon reconnaît leurs compétences. Decrès, souvent qualifié d’incapable par l’Empereur, tient le portefeuille de la Marine pendant quatorze ans, Clarke, souvent réprimandé, reste à la Guerre neuf ans, Hugues-Bernard Maret, souvent malmené également, figure au gouvernement à différents postes de 1804 à la fin de l’Empire.
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Qui a été son principal conseiller ?
Celui qui a sans doute été le plus proche collaborateur de Napoléon est Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, deuxième consul puis archichancelier de l’Empire jusqu’en 1814. Ses compétences juridiques et son grand sens politique en font rapidement le numéro deux de l’Empire. Travailleur infatigable, d’une loyauté indéfectible, Napoléon entretient avec lui une confiance absolue, au point qu’il lui confie le pouvoir lorsqu’il est en campagne.
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La victoire de Marengo constitue-t-elle un acte fondateur du régime ?
La victoire du 14 juin 1800, mais aussi celle de Moreau à Hohenlinden le 3 décembre, mettent la France en position de force pour la paix qui sera signée à Lunéville le 9 février 1801. Cela renforce bien entendu les pouvoirs du Premier consul. Par cette victoire, Bonaparte s’impose aux yeux de toute l’Europe comme chef d’État et comme chef de guerre.
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Sans cette victoire de Marengo, aurait-il été débarqué du pouvoir ?
Plusieurs tentatives ont été envisagées par Fouché et Talleyrand. L'éventualité de la possible défaite des troupes de Bonaparte en Italie donne lieu à différents scénarios, dont celui de remplacer le Premier consul par un autre militaire (Bernadotte ou Murat). Mais la victoire étant finalement au rendez-vous, les conjurés ne vont pas plus loin.
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La création de la noblesse d’Empire a-t-elle été une erreur ?
Créée définitivement par décret du 1er mars 1808, elle est destinée, comme la Légion d’honneur, à récompenser tout citoyen qui, par ses services militaires ou civils, a contribué à la grandeur de la Nation. Il ne s’agit donc d’une « noblesse » au sens où l’entend l’Ancien Régime. Mais si Napoléon a pensé qu’elle pouvait constituer un précieux rempart pour le régime impérial, les faits lui ont donné tort.
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A-t-il été le précurseur d’une Europe unie ?
Napoléon ne parle d’une « Europe unie » que dans ses dictées à Las Cases à Sainte-Hélène, où il lui dit : « J’eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et même corps de la nation […]. Il n’y a en Europe d’autre grand équilibre possible que l’agglomération et la confédération des grands peuples. » Pourtant, rien dans ses actes ne confirme cette volonté. En cela, c'est un homme de son temps.
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Pourquoi a-t-il rétabli l’esclavage ?
L’esclavage a été aboli par la Convention en 1794 et Napoléon n’a pas l’intention de le rétablir tout au moins jusqu’à la paix d’Amiens qui signe la paix avec l’Angleterre. L’espoir d’une reprise du commerce colonial et la pression des hommes d’affaire coloniaux le font changer d’avis. Le 20 mai 1802, une loi maintient l’esclavage là où il n’a jamais pu être aboli, dans les colonies antillaises occupées par les Anglais et dans celles situées à l’est du cap de Bonne-Espérance où la loi n’a pas été appliquée. Cette loi est évidemment considérée aujourd’hui comme une des principales fautes de l’Empereur. Néanmoins, il faut souligner que Napoléon interdit la traite par décret du 28 mars 1815.
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A-t-il souhaité diffuser le Code Civil ?
Pour Napoléon, l’expansion territoriale de l’Empire est motivée par deux principes fondamentaux : réduire la zone d’influence de l’Angleterre en créant une base offensive contre ce pays, et ensuite propager « le modèle français » tant au niveau social que politique. L’Empereur pense que la France se doit d’exporter son idéal issu de la Révolution dans une Europe encore dominée par de vieilles règles féodales. Symbole et instrument de cette modernité, le Code Civil est appliqué dans tout l’Empire et diffusé dans de nombreux États : Naples, Confédération du Rhin, Westphalie, grand-duché de Varsovie…
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Quelle place occupe la femme sous l’Empire ?
Le Code Civil de 1804 inscrit l’infériorité de la femme dans la loi. Elle est privée de droits juridiques et reste soumise à l’autorité du père ou du mari. On peut toutefois noter que de nombreux articles concernant les droits ou plutôt les « non-droits » des femmes sont restés valables jusqu’à une époque récente, prouvant que Napoléon n’a pas été le seul prétendu « misogyne » à la tête de l’État…
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Quelle est la réalisation dont il est le plus fier ?
Napoléon a lui-même écrit : « Par sa simplicité, le Code Civil a fait plus de bien en France que la masse des lois qui l’ont précédé. » Aux lendemains du coup d’État de brumaire, Cambacérès est chargé de la rédaction d’un « code ». Ce dernier réunit une commission composée de Portalis, Tronchet, Malleville et Bigot de Préameneu. Le 21 mars 1804, les trente-six lois, regroupant les 2 280 articles, sont promulgués.
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A-t-il voulu unifier l’Italie ?
Le 17 mars 1805, Napoléon s’autoproclame roi d’Italie. Eugène de Beauharnais est nommé vice-roi le 7 juillet suivant. Ainsi, la République italienne disparaît au profit d’un royaume. Peu à peu, celui-ci s’agrandit de la province vénitienne, de l’Istrie et du Frioul. Le territoire est aussi divisé en vingt-quatre départements administrés sur le modèle français et le pays fournit des contingents pour la Grande Armée qui forment en 1812 le 4e corps commandé par Eugène. Par ailleurs, Napoléon nomme Murat roi de Naples le 1er août 1808. Il compte ainsi contrôler toute l’Italie, qui doit servir ses volontés. Il n’a aucune intention d’unifier l’Italie, contrairement sans doute à Murat avec qui la rupture sera inévitable.
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Pourquoi a-t-il voulu être sacré empereur ?
Se trouvant au croisement de deux époques, Napoléon veut asseoir son pouvoir avec un titre accepté par son temps et où les références antiques sont nombreuses. Par la constitution de l’an xii, il devient « Empereur de la République », rappelant ainsi les deux époques romaines – la République et l’Empire. Le terme « République » disparaît cependant à partir de 1807 au profit de l’« Empereur des Français ». La présence du pape est aussi souhaitée pour apporter le concours de la religion.
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A-t-il favorisé l’instruction ?
Par un décret signé le 11 floréal an x (1er mai 1802), Bonaparte a créé les lycées. « Ils sont un des rouages essentiels par lesquels l’État veut former ses élites, écrit Jacques-Olivier Boudon. Ils permettent de former de façon sérieuse et complète les futurs fonctionnaires et les officiers. Bien sûr, ils sont payants. Mais, dès l’origine, les plus méritants des enfants d’officiers démunis peuvent bénéficier d’une bourse. » L’une de nos plus solides institutions permet de conduire les jeunes au baccalauréat. Cet examen, institué en 1808, permet d’accéder aux écoles spéciales, qui forment aux carrières du droit, de la médecine et de l’armée.
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A-t-il développé les universités ?
Pour l’Empereur, la position de la France dans l’Europe dépend d’une éducation pointue et adaptée. En ciblant particulièrement l’enseignement supérieur, il permet au monde étudiant, quasiment inexistant, de prendre son essor. Sous l’Empire, on recense trois facultés de médecine et neuf facultés de droit, réparties sur le territoire français. Les deux tiers des étudiants sont installés à Paris et en particulier au Quartier Latin.
Le diplomate
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La paix conclue par le traité d’Amiens pouvait-elle être durable ?
Après les victoires de Marengo et Hohenlinden, les Autrichiens signent le traité de Lunéville le 9 février 1801. Le royaume de Naples suit quelques semaines plus tard ainsi que la Russie le 10 octobre. L’Angleterre se retrouve isolée et William Pitt est remplacé par Henry Addington. Ce dernier souhaite la paix et le congrès d’Amiens débute le 5 décembre 1801, rassemblant la France, l’Espagne, la République batave et le Royaume-Uni. Le traité est signé le 25 mars 1802. Mais la montée en puissance de la France et l’établissement de Bonaparte comme consul à vie inquiètent l’Angleterre qui cherche à former une nouvelle coalition. Cette paix, trop fragile, ne dure que treize mois. La Grande-Bretagne déclare la guerre à la France le 18 mai 1802.
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Quels objectifs poursuit Napoléon en créant la Confédération du Rhin ?
En créant la Confédération du Rhin le 12 juillet 1806, dont il est « le protecteur », Napoléon souhaite installer la prépondérance française dans cette partie de l’Europe où de nombreux États sont favorables à la France comme la Bavière, le grand-duché de Bade ou la Saxe. Finalement, cette création a sans doute davantage maintenu la division de l’Allemagne qu’elle n’a favorisé son unité.
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Pourquoi n’a-t-il pas davantage favorisé la Pologne qui lui était acquise ?
En 1807, les Polonais accueillent les Français en libérateurs et plus de 70 000 d’entre eux servent dans la Grande Armée. Pourtant, Napoléon veut ménager les trois puissances concernées par cette partie de l’Europe, territoire qu’elles se sont partagées à la fin du xviiie siècle : la Prusse, l’Autriche et surtout la Russie. Ainsi, l’Empereur ne crée-t-il que le grand-duché de Varsovie, qui frustre bien des partisans d’un royaume de Pologne. Il se prive ainsi d’un allié majeur, mais aurait-il pu en obtenir davantage ?
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Napoléon a-t-il vraiment cherché des alliances de paix en Europe ?
Au cours de son règne, l’Empereur cherche effectivement à s’allier aux principales puissances européennes. Il le fait à Tilsit en 1807 avec le tsar Alexandre, puis par son mariage avec Marie-Louise d’Autriche trois ans plus tard. Néanmoins, si le premier objectif est d’obtenir la paix en Europe continentale, le second – et sans doute le principal – est de pouvoir combattre sur tous les points (à la fois économique, politique et militaire) le véritable ennemi de l’Empire : l’Angleterre.
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Quelles furent les relations entre Napoléon et le tsar Alexandre ?
Malgré les démonstrations d’amitié et l’alliance entre les deux pays à Tilsit en juillet 1807, le tsar n’a jamais aimé son homologue français et s’en est toujours méfié. En 1811, Alexandre s’écarte de plus en plus de son allié et, notamment sous la pression des négociants russes, ouvre les ports de la Baltique aux navires anglais, ce qui scelle la rupture avec la France. L’Empereur est furieux et sa colère s’exprime le 15 août 1811 contre l’ambassadeur Kourakine : « Vous vous armez contre moi qui suis votre allié et tout cela pour qui ? Pour quelques contrebandiers… ! »
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Pourquoi l’empereur d’Autriche a-t-il marié sa fille à son ancien adversaire ?
Lorsque Napoléon s’unit à l’archiduchesse le 1er avril 1810, il peut déclarer : « J’épouse un ventre. » Outre qu’elle doit en effet donner un héritier à l’Empire, cette union permet à la France de s’allier à une monarchie puissante et prestigieuse. De leur côté, l’empereur François Ier et son chancelier Metternich se montrent favorables à cette union. Il faut préciser en effet que ce mariage est accompagné de négociations qui aboutissent à la remise des indemnités de guerre dues par l’Autriche et à des accords commerciaux. De toute façon, l’Autriche n’est à cette époque pas en position de force et il sera bien temps à François Ier de retourner son alliance.
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Accepter la trêve de Pleiswitz a-t-il été une erreur ?
La campagne d’Allemagne de 1813 est interrompue le 4 juin par l’armistice de Pleiswitz, à la demande de la Russie et de la Prusse après les victoires françaises de Lützen et Bautzen. Napoléon accepte et l’Autriche se propose de servir de médiatrice. Pour faire la paix, la France doit abandonner les territoires à l’est du Rhin, la Hollande, l’Espagne et une grande partie de l’Italie. Napoléon hésite et les Alliés font traîner les négociations jusqu’au 10 août, alors que la trêve doit s’arrêter… le 20 juillet. Le temps nécessaire pour que les armées russes et prussiennes se renforcent et pour que l’Autriche prépare son entrée en guerre contre la France. Napoléon, finalement, refuse et la guerre reprend. Certes, l’armée française a remporté deux victoires importantes mais elle est également épuisée et refuser la trêve n’aurait fait que retarder l’échéance.
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Le congrès de Vienne a-t-il anéanti l’œuvre napoléonienne ?
Ouvert en novembre 1814, il dure huit mois et s’achève par la signature d’un acte final, le 9 juin 1815, quelques jours avant Waterloo. La France est représentée par Talleyrand. L’objectif est de redessiner l’Europe et de légitimer tous les souverains d’Europe. Mais le résultat va au-delà, les participants incitant en effet tous les États à se doter d’une constitution et créant un embryon de droit international. Ainsi, les apports de la Révolution et de l’Empire ne sont pas totalement rejetés.
L’économiste
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Quel est le bilan de Napoléon dans le domaine de l’économie ?
Sans parler véritablement de politique économique, son attention se porte essentiellement sur trois domaines : les activités stratégiques, la satisfaction des besoins de la population et le commerce extérieur. L’Empereur considère ce dernier secteur comme un élément de la puissance de l’État. Il se montre protectionniste, notamment en instaurant le blocus continental, déclarant alors : « Mon principe est : la France avant tout. »
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L’Empire a-t-il connu des crises économiques ?
Le protectionnisme napoléonien a d’abord permis un développement économique national important pendant les premières années du règne. Mais à partir de 1810, le blocus provoque une baisse dramatique des exportations et entraîne des difficultés d’approvisionnement en matières premières. Pour certains économistes, il s’agirait de la première crise moderne de surproduction.
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Quel est le secteur le plus touché par le blocus ?
La crise de 1810-1811 a surtout affecté l’industrie textile, alors en plein essor. Les fabriques Dollfuss à Mulhouse, Ternaux et Richard-Lenoir à Paris, ainsi qu’Oberkampf à Jouy-en-Josas sont touchées de plein fouet. Cette dernière, par exemple, produit en 1805 pour ses cotons imprimés, les fameuses toiles de Jouy, plus de 1,7 aunes – 1 aune équivaut à 130 cm. La manufacture se trouve ainsi en 1810 avec un stock considérable qu’elle ne peut écouler et connaît des difficultés de production en raison du manque de matières premières.
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Comment Napoléon intervient-il en cas de crise économique ?
Dès que des événements surviennent, mettant en difficultés la population française, Napoléon reprend les choses en main. Ainsi en 1810, lorsque la crise touche l’industrie du textile, les 12 000 ouvriers employés par Richard-Lenoir sont menacés de chômage. L’Empereur envisage d’abord, pour l’ensemble de la filière, de développer la culture du coton dans les départements méridionaux puis il fait verser, avec l’accord de Mollien, ministre du Trésor public, près de 2 millions de francs d’aide à l’industriel, alors principal négociant en coton français.
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Le blocus continental pouvait-il réussir ?
Globalement, il a été plutôt bien observé et a gêné le commerce britannique. Ce que l’Empereur a peut-être moins envisagé, ce sont les conséquences sur la France. Les économistes sont encore peu nombreux à l’aube du xixe siècle et les principes de l’économie moderne encore peu connus.
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Napoléon a-t-il eu une politique sociale en faveur de l’emploi ?
Lorsque, en 1810, la triple crise industrielle, financière et frumentaire menace de mettre au chômage des dizaines de milliers de travailleurs, Napoléon ordonne encore une fois à l’État d’intervenir. Selon Thierry Lentz, « l’Empereur donne l’ordre de double puis de tripler les sommes mises à la disposition des comités de bienfaisance, de distribuer gratuitement des vivres et de lancer un programme de travaux publics – 160 millions de francs d’argent public sont investis, rien qu’en 1811. Ses aides de camp parcourent le territoire pour vérifier la mise en œuvre de ses directives et la bonne utilisation des fonds. »
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Quelles ont les conséquences du blocus maritime anglais ?
Dès le Consulat, la Grande-Bretagne interdit toute relation entre la France et ses colonies, qu’elle occupe d’ailleurs les unes après les autres. Le ravitaillement de la France en denrées coloniales devient quasi nul. Parmi ces denrées, le sucre est la plus importante et devient hors de prix. Bonaparte décide alors de prendre des mesures pour trouver un produit de remplacement. Après plusieurs années de recherches, au début de l’année 1812, le chimiste Chaptal et l’industriel Delessert parviennent à produire des pains de sucre issus de la betterave. À partir de cette date, les distilleries fleurissent en France : on en compte plus de deux cents à la chute de l’Empire et la France n’aura désormais plus besoin d’importer du sucre de canne.
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Napoléon a-t-il développé le commerce intérieur ?
Parmi les moyens de communication renforçant l’unité de l’Empire, le souverain privilégie évidemment les routes. Celles-ci permettent l’exportation des produits français et le déplacement rapide des troupes. Par décret du 16 décembre 1811, ces voies « impériales » sont classées en trois catégories : quatorze de première classe, 13 de seconde et plus de deux cents de troisième classe. Cette volonté d’améliorer la qualité du réseau routier se traduit par la création du corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées en 1804.
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En dehors des routes, quels autres moyens de communication ont été développés ?
Pour favoriser le commerce, l’Empereur ordonne la reprise des travaux de percement de canaux particulièrement utiles pour le transport des matières pondéreuses. Les travaux du canal de Saint-Quentin reprennent en 1802 et s’achèvent en 1810. Celui-ci permet de relier la Somme, l’Escaut et l’Oise, le charbon du nord alimentant désormais la capitale. D’autres canaux sont mis en chantier : celui du Rhône au Rhin dès 1808, celui de Nantes à Brest à partir de 1811, tandis que Bruges est relié à Breskens l’année précédente.
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A-t-il mené une politique de grands travaux ?
Dans le Grand Empire, Napoléon cherche à faciliter les échanges : routes, canaux, ports sont construits, modernisés, agrandis. L’aménagement de ce vaste territoire répond à deux impératifs. Le premier d’ordre militaire : pouvoir défendre les possessions françaises à tout moment contre une attaque ennemie venant d’Angleterre ou de Russie car il faut que les troupes puissent se déplacer rapidement sur de bonnes routes bien entretenues. Le second est d’ordre économique : depuis le blocus continental de novembre 1806, il faut faire circuler de plus en plus de marchandises dans tous les territoires contrôlés par la France et empêcher ainsi la contrebande britannique.
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A-t-il fait preuve d’innovation en matière d’urbanisme ?
La principale création reste Napoléon-Vendée (aujourd’hui La Roche-sur-Yon). Napoléon a choisi cet endroit en plein cœur de la Vendée parce que le département sort de dix ans de guerre civile et qu’il veut y installer une nouvelle préfecture. Le 25 mai 1804, il décide de fonder une ville nouvelle, qui accueillera 15 000 habitants et s’appuiera sur l’ancien bourg de La Roche-sur-Yon. Symbole de la réconciliation et du renouveau économique, la ville se développe alors doucement pour atteindre les 2 000 habitants à la fin de l’Empire.
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Quel a été l’intérêt de créer la banque de France ?
L’institution est créée le 18 janvier 1800 à la demande de plusieurs banquiers appuyés par le conseiller d’État Cretet. C’est alors d’une banque d’émission comme les autres et ses principaux actionnaires sont le Premier consul, la famille Murat et la plupart des proches de Bonaparte. La loi du 14 avril 1803 donne à la banque de France le monopole d’émission des billets payables au porteur et des billets de banque. Ainsi, le chef de l’État peut-il poursuivre sa politique centralisatrice, contrôler totalement les finances, empêcher l’inflation et financer comme il le souhaite son armée.
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L’Empereur a-t-il ruiné la France ?
Si, durant les premières années de l’Empire, le budget de l’État connaît un équilibre plus ou moins stable, le déficit se creuse et devient élevé à la fin du règne. Les dépenses militaires grèvent en effet de plus en plus le budget et les dépenses non payées au 1er avril 1814 se montent à 503 millions de francs. Les dettes s’élèvent quant à elles à plus de 700 millions de francs. Le traité de Paris de novembre 1815 impose de plus à la France de payer cette même somme 700 millions de francs. Mais s’appuyant sur des structures saines, la Restauration parviendra à résorber le déficit en quelques années à peine.
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Comment Napoléon considère-t-il les paysans ?
Au début du xixe siècle, la France reste un pays essentiellement rural. Près des deux tiers de la population appartiennent au monde paysan. Napoléon a toujours aimé l’agriculture, qu’il place « au premier rang parmi les arts utiles ». Il a aussi remarqué, lors des combats, l’endurance et la bravoure des paysans, habitués aux durs travaux des champs. De Beugnot en Normandie à Thibaudeau dans les Bouches-du-Rhône, les préfets encouragent l’exploitation des terres, en freinant l’exode rural vers les industries.
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Quelles industries a-t-il favorisé en dehors de l’industrie de guerre ?
Autour de Lille, Rouen ou Mulhouse se développe une industrie cotonnière de pointe qui approvisionne l’immense marché du Grand Empire. En Normandie et à Paris, les ateliers de filage et de tissage du coton de Richard-Lenoir sont particulièrement dynamiques. Les manufactures de Christophe Oberkampf, qui produisent les toiles de Jouy, réalisent un bénéfice d’un million et demi de francs. Le ministre Chaptal est lui-même propriétaire d’une fabrique d’acide sulfurique et chlorhydrique près de Montpellier. Il encourage la modernisation de l’industrie chimique à Paris et à Marseille. Il concentre ses efforts notamment sur la production de soude artificielle et de savon.
Le communicant
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Comment Napoléon commande-t-il les tableaux qui le représentent ?
Ayant toujours mené une politique très active dans le domaine des arts, l’Empereur sait très précisément comment il souhaite être représenté. Les artistes doivent participer à la glorification et à la légitimation de l’Empereur tout autant que de l’Empire. Ils contribuent ainsi à la mise en œuvre d’une propagande voulue par Napoléon.
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Pourquoi avoir choisi l’aigle comme symbole impérial ?
Napoléon hésite entre plusieurs animaux. Il écarte d’emblée le coq, trop lié la gaule antique et animal de basse-cour qu’il juge ridicule. Quel emblème choisir ? L’éléphant, l’aigle ou le lion ? Il penche nettement pour ce dernier et, aussitôt, les conseillers d’État adoptent le « lion au repos sur un champ d’azur ». Mais l’Empereur se ravise et ordonne de remplacer le lion par une aigle aux ailes déployées, à la fois symbole de la Rome impériale et de l’Empire carolingien.
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Quel rôle Vivant Denon joue-t-il auprès de Napoléon ?
Après avoir participé à l’expédition d’Égypte, Dominique-Vivant Denon est nommé par le Premier consul directeur du Muséum central des arts, futur musée Napoléon (notre Louvre actuel). La plupart des musées et des manufactures artistiques sont placés sous son autorité. Ainsi, il conseille Napoléon dans le choix des artistes pour le représenter et magnifier son règne. Les peintres sauront notamment, par l’image, nourrir la légende napoléonienne.
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L’Empereur contrôle-t-il la presse ?
Napoléon estime que « le droit d’imprimer n’est pas du nombre des droits naturels » et affirme : « Si je lâche la bride à la presse, je ne reste pas trois mois au pouvoir. » Partant de ce principe, nul autre que le gouvernement n’a le droit de s’adresser au pays, le Moniteur universel et la Gazette de France étant entièrement contrôlés par l’État. Un décret du 5 février 1810, véritable loi de censure, règlemente l’imprimerie et la librairie.
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Quel est le portrait le plus ressemblant de Napoléon ?
Il existe des centaines de représentations de l’Empereur. Pourtant il n’a quasiment jamais posé pour les artistes, hormis pour Gros et David au moment de la Première campagne d’Italie. La plus célèbre reste celle où il est représenté, en 1812, à son bureau des Tuileries. Et les contemporains ont aussi été marqués par les statues ressemblantes de Chinard, Houdon et, plus tard, celle de Rude, intitulée Napoléon s’éveillant à l’immortalité.
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Comment Napoléon a-t-il exploité la victoire d’Austerlitz ?
Le 2 décembre 1805, un an après son sacre, il met en déroute une armée austro-russe à la suite d’une manœuvre qui va devenir un cas d’école. Il prétend que sa stratégie était établie plusieurs jours auparavant et que tout s’est déroulé comme prévu, apparaissant comme un stratège de génie. Or, plusieurs historiens militaires comme Jacques Garnier l’ont démontré : Napoléon n’a rien prévu et, si son aile droite est dégarnie, c’est simplement parce que le corps de Davout met du temps pour arriver. Mais Napoléon sait s’adapter aux circonstances et parvient à voir le profit qu’il peut tirer de l’attaque de son point faible par les troupes adverses.
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A-t-il souvent été représenté, en dehors des peintures ou des sculptures ?
Napoléon est peut-être le personnage historique le plus peint à travers le monde. En France, depuis deux siècles, son image et son nom sont repris à peu près partout : alcools, cigares, vêtements, bonbons, manuels scolaires et même camembert ! Pas un pays ne possède de timbre à l’effigie de l’Empereur, de Cuba aux Émirats Arabes Unis en passant par le Tchad ou la Moldavie.
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Les documents de l’époque napoléonienne ont-ils été conservés ?
Les archives de cette époque sont parmi les plus importantes, tant aux Archives nationales qu’au sein des Archives militaires. Les documents de la Secrétairerie d’État impériale et du cabinet de Napoléon (sous-série AF IV), par exemple, occupent 348 m linéaires dans les rayons. Au Service historique de la Défense, la plus grande partie de la correspondance des maréchaux, généraux et même souvent des chefs d’unités sont conservés. Une quantité impressionnante de dossiers personnels d’officiers ou de pension sont également consultables. Seuls certains documents de la campagne de Russie ont disparu (la plupart détruits), mais ceux capturés par les Russes ont été rendus à la France très récemment.
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Quel est le meilleur film consacré Napoléon ?
Jean Tulard a recensé plus de cinq cents réalisations où l’Empereur est directement évoqué, dont la moitié où il apparaît en vedette. Et si l’on prend l’époque tout entière, plus de mille films sont à comptabiliser ! Dès 1895, Louis Lumière met en scène la rencontre de Napoléon avec le pape à Fontainebleau. Ensuite, de nombreux acteurs l’ont incarné, d’Albert Dieudonné à Philippe Torreton, en passant par Barrault, Brando, Mondy, Pellegrin et Steiger. Le chef-d’œuvre reste incontestablement le Napoléon d’Abel Gance, datant de 1927. La version intégrale muette dure sept heures et vingt-sept minutes ; puis, à l’arrivée du parlant, l’œuvre est remaniée et réduite à cinq heures en 1934. L’autre film d’envergure est le Waterloo réalisé en 1970 par Sergueï Bondartchouk, qui a bénéficié des 120 000 soldats de l’Armée rouge pour ses scènes de reconstitution.
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