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L'île de la Réunion et Napoléon

Le 30 floréal de l’an x (20 mai 1802), Bonaparte prend une décision lourde de conséquences. En rétablissant l’esclavage des Antilles aux Mascareignes, le futur Empereur entend réaffirmer l’autorité de la France dans ses colonies d’outre-mer marquées par ses soulèvements indépendantistes comme à Saint-Domingue et qui sont convoitées âprement par les Anglais. Il aurait préféré le statut quo mais le Premier consul, qui caresse l’espoir de reconstituer un empire colonial aux Amériques, s’est avant tout voulu pragmatique. Dans l’île de la Réunion, la nouvelle du retour des anciennes pratiques abrogées par la Révolution française est accueillie avec enthousiasme et permet même son ralliement au nouveau régime qu’elle avait pourtant accueilli assez froidement au départ.



Entre la Réunion et le royaume de France, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre timide qui va rapidement se transformer en une aventure passionnante et qui se poursuit encore aujourd’hui. Prénommée Bourbon en hommage à la dynastie qui règne alors, l’île prend véritablement son essor avec l’arrivée du comte Bertrand-François Mahé de la Bourdonnais qui occupe son poste de gouverneur général des Mascareignes dès 1735. Sous son administration, installée à Port-Louis (île de France, actuellement île Maurice), la production agricole du territoire est largement développée et s’efforce de militariser les deux iles dont il a la charge. La société bourbonnaise de cette époque s’appuie sur un seul postulat, « l’homme blanc est supérieur à l’indigène noir », et excessivement hiérarchisée. Grand propriétaires, petits propriétaires, affranchis, travailleurs libres, pauvres blancs et esclaves vivent ensemble au sein d’une société très codifiée qui vit sur le mépris et la jalousie de l’autre.


Mahé de la Bourdonnais n’ignore pas que tout le socle de son pouvoir repose sur le maintien de la pratique de l’esclavage qui conditionne la vie de l’île. Tout en favorisant son commerce, il créé des milices noires et créoles pour chasser les Anglais qui lorgnent sur les possessions de France, des milices blanches qui vont pourchasser férocement les « marrons », ces esclaves en fuite qui se réfugient dans les montagnes. La ville de Saint-Denis devient bientôt le centre culturel et affairiste d’une île turbulente dirigée par une aristocratie très fière de ses prérogatives et qui n’entend rien céder. Quitte à se compromettre.


Bouleversements à l'île Bourbon

Lorsque la Révolution éclate en 1789, l’île Bourbon compte alors 61 300 habitants pour 10000 blancs, un millier d’affranchis et quelques 50 000 esclaves. Les événements vécus à Paris ne seront pas les mêmes à Bourbon où souffle pourtant un vent de liberté. C’est l’occasion pour l’île de se rebeller contre le « joug parisien ». On crée des municipalités sans véritablement attendre le feu vert de qui que ce soit, on élit des députés de part et d’autres des Mascareignes et on tente même des coups de force contre le pouvoir central qui a bien du mal à juguler ces révoltes.


La création de l’Assemblée coloniale se veut comme un « bon père de famille ». Mais derrière l’abolition des titres de noblesse, l’adoption du drapeau tricolore (1791) et du nouveau nom de l’île, désormais Réunion, les nouveaux administrateurs restent résolument conservateurs et rejettent toute notion d’égalitarisme. La Déclaration des droits de l’homme se résume surtout à la liberté des blancs, voire des Libres (où on trouve de nombreux sans-culottes), que des noirs toujours contraints à rester dans les champs. L’abolition de l’esclavage par la Convention en juillet 1793 va cristalliser toutes les passions sur cette île d’autant que le décret ne prévoyait aucune indemnisation des propriétaires encore moins ne décidait de ce qu’il devait advenir des populations libérées.


Les tensions entre bourgeois, nobles et prolétaires s’accentuent peu à peu laissant place à la propagation du racisme qui se répand partout dans l’île. Ainsi, en février 1792, les femmes de couleur mariées à des blancs ont été simplement priées d’aller s’assoir ailleurs. Tollé : l’Assemblée coloniale n’entend pas céder aux injonctions de la Société des amis des noirs et on s’empresse d’embastiller les meneurs que l’on déclare « suspects » et que l’on expulse rapidement. À Bourbon, le vote reste blanc, les mariages mixtes sont interdits afin d’éradiquer le métissage à sa source et les compagnies militaires des « Libres » doivent tous avoir des officiers blancs à leurs têtes. D’ailleurs à regarder de près, les associations égalitaristes luttent plus pour les métis que les esclaves dont ils font peu de cas. Et justement, l’Assemblée coloniale obtient de la métropole un sursis pour ne pas appliquer le décret d’abolition (qui ne sera réellement officiel et mis en place qu’un an plus tard) et accueille un nombre important d’émigrés qui fuient les exactions des révolutionnaires et de leur guillotine.


Il est vrai que La Réunion est dirigée par le comte Jean-Baptiste Vigoureux Duplessis (1736-1825), un royaliste falot qui n’a de cesse de composer avec l’une ou l’autre des factions afin de mieux acheter la paix sociale. Cependant, il ne peut empêcher les clubs révolutionnaires de pousser comme des champignons, ni endiguer leur influence croissante dans l’île. Le sans-culottisme, « les chaumières », va faire des ravages et une victime, Duplessis, qui est destitué en avril 1794 pour avoir donné asile au vice-amiral de Saint- Félix, coupable d’être trop aristocrate. L’homme avait été aidé dans sa fuite par Joseph de Villèle qui connaît aussi les joies de la prison. Ce Toulousain va marquer plus tard l’histoire de l’île et de France au côté de Charles X. Les royalistes sont pourchassés, une vague d’égalitarisme parcourt toute l’île avant qu’une nouvelle venue de France ne vienne mettre fin à ce régime, le renversement et la mort de Robespierre, inspirateur de cette « Terreur » qui ensanglante la république. Les sociétés de sans-culottes qui ont fleuri dans toute l’île périclitent alors et disparaissent de la Réunion à partir de janvier 1796.


Loin des tumultes de Paris, l’île agit en totale autonomie de la métropole. Elle adopte du bout des doigts le calendrier floral révolutionnaire et confisque partiellement les biens de l’Église. Le nouveau gouverneur Philippe-Antoine Jacob de Cordemoy est étroitement lié à la période consulaire de l’île de la Réunion. Suite à l’augmentation du prix du grain et des impôts, l’inflation qui provoque une crise économique, de nombreuses insurrections éclatent (mars-avril 1798) et menacent le calme précaire qui prévaut sur l’île. L’arrivée en juin 1796 de deux commissaires (Baco de la Chapelle et Pierre Burnel), mandatés par le Directoire afin d’émanciper les esclaves, provoquent des émeutes et le rembarquement immédiat des deux fonctionnaires, poussés dans leur embarcation après avoir été reçus quelques heures à l’Hôtel de ville.


Philippe-Antoine Jacob de Cordemoy est un homme d’expérience, un officier militaire qui a brillé lors de la guerre de Sept ans alors qu’il avait tout juste dix-neuf ans. Il expulse les jacobins, les anti-esclavagistes de l’île mais a du mal à stopper le mécontentement général. Fin mars 1798, un groupe armé chasse le percepteur de Saint-Pierre. Capitale du sud aristocratique, la ville entre en sédition, accusée de vouloir pactiser avec les Anglais. Le 13 février 1799, la Garde nationale de Saint-Denis se soulève et, lors d’une représentation théâtrale, la salle entière n’hésite pas à crier : « Vive le roi, vive le prétendant ! » Les royalistes s’organisent, créent un parti et décident qu’il est temps que la Réunion prenne son indépendance… le temps que la France retrouve son monarque légitime. La répression, d’une ampleur rarement égalée dans l’île, se traduira par des exécutions à la volée des canons. C’est par mansuétude que l’on autorise les « noirs de chaînes » à donner une sépulture aux lambeaux de chair qui s’étalent sur le sol. Il faudra un accord commercial avec l’île de France et les Américains (officiellement en guerre avec Paris) pour que les esprits se calment.


Les décisions de Bonaparte

Le coup d’État de Brumaire n’est connu des réunionnais que des semaines plus tard. Étrange atmosphère qui règne sur une île aux mains des planteurs et des royalistes, lesquels hésitent sur l’attitude à avoir face au général Bonaparte qui a renversé le Directoire. Pour beaucoup, le héros de la campagne d’Égypte est considéré comme « l’ami des noirs » et soupçonné à raison de vouloir abroger une pratique dont l’Assemblée coloniale tient à garder la main. Les partisans du roi, qui tiennent les rênes de l’administration, sont eux-mêmes divisés entre deux factions : celle qui souhaite toujours l’indépendance et l’autre qui préconise de se mettre sous le protectorat britannique. Bien qu’assiégé par les soldats de Sa Gracieuse Majesté, le gouverneur militaire de Port-Louis, le général Anne de Maurès de Malartic, avertit le Premier consul des projets de traités commerciaux avec les États-Unis, lesquels poussent les partisans de l’indépendance à se séparer de la France. Son décès en juillet 1800 et son remplacement par le général François-Louis Magallon de la Morlière n’arrangent pas la situation. Décision est prise d’assouplir les règles de l’esclavage au nom des intérêts économiques. L’île de la Réunion frémit et craint que la situation ne dégénère comme à Saint-Domingue. L’Assemblée envoie un ultimatum à Bonaparte et lui somme de choisir l’abrogation d’un décret qui stipule que les esclaves de magasin doivent être payés et la conservation des colonies. Une rébellion éclate et ses leaders sont déportés.


La paix d’Amiens finit par éteindre l’incendie et le Premier consul fait parvenir aux Réunionnais un courrier qui confirme que l’esclavage ne sera pas aboli. Fort du document, l’île se rallie alors au futur Napoléon Ier et développe son commerce de girofle et bientôt de canne à sucre. « Soyez heureuses et tranquilles, colonies fidèles et bien méritantes de la Patrie. Quels qu’aient été les décrets inconsidérés qui ont causé vos alarmes, leur inconsidération seule a suffi pour déterminer leur nullité […]. Le régime essentiellement conservateur qui vous a fait prospérer depuis votre origine sera maintenu et sans modification » déclare Denis Decrès, ministre de la Marine et des colonies.


Le général Charles Decaen, fils de la Révolution française, héros de la bataille de Hohenlinden, a brillé aux côtés d’autres officiers comme Kléber ou Moreau, participé aux campagnes de Vendée et s’est attiré la sympathie du Premier consul qui l’a probablement nommé dans les Indes françaises avant de le faire venir dans les Mascareignes où il sera aidé dans sa tâche par le préfet Louis Leger. Il remplace en 1803 Magallon qui a été muté à la Réunion pour l’assister dans cette tâche où il sera en charge de faire appliquer la loi consulaire sur les deux îles-sœurs. C’est d’ailleurs lui qui a fait évacuer les deux agents du Directoire venus apporter le décret d’abolition de l’esclavage. Les colons se méfient de lui et de Decaen, avec un second qui a clairement l’ascendant sur le premier. Pourtant, jamais autant le commerce triangulaire ne sera aussi florissant que sous sa gestion : en 1808, on dénombre 65 000 esclaves sur toute l’île. Et comme l’écrit un ministre de Bonaparte, « il faut maintenir avec soin la distance des couleurs sous laquelle repose l’existence coloniale ». Un code est établi afin de légiférer sur l’esclavage local mais à quel prix pour les riches planteurs qui perdent en autonomie et les « petits créoles trop proches des noirs, mis sous surveillance et fichés » !


Les affranchissements deviennent réglementés et plus difficiles à obtenir, les compagnies de chasseurs de marrons sont reconstitués, les Libres ne peuvent plus hériter d’un blanc ni le faire hériter et tout enfant abandonné sera considéré automatiquement comme un esclave. La « dictature Decaen » agace (y compris les corsaires commandés par le breton Robert Surcouf, qui finiront pas l’abandonner plus tard) mais, comme l’esclavage est maintenu, nul ne songe à broncher.


Une nouvelle organisation

Les assemblées dont dissoutes en 1803, les municipalités abrogées et remplacés par des Conseils de commune « ayant pour simple attribution d’indiquer les améliorations utiles à leurs localités », tandis que l’arsenal militaire de l’île est rapidement renforcé. Les rivalités franco-britanniques n’ont pas disparu dans cette partie de l’océan Indien. Decaen doit faire face à un problème d’approvisionnement d’armement de la métropole qui met trop de temps à lui acheminer des munitions indispensables à la sécurité de l’île. Les impôts augmentent et les planteurs reprochent au gouvernorat de privilégier l’île de France. « Les sirops ne pouvaient pas être distillés qu’à Port-Louis, sous prétexte que la fabrication des rhums et aracks de Bourbon nuisait à l’industrie guildivière de l’île voisine. Bourbon était devenue la ferme de l’île de France » résumera un manuel d’histoire en 1883.


C’est dans ce contexte que débarque, le 1er janvier 1806, Nicolas Ernault de Rignac, Baron des Bruslys. Ce Corrézien appartient à un milieu aisé bien introduit dans les milieux aristocratiques de l’Ancien Régime et pétri d’ambitions. Son mariage avec une riche héritière de la Réunion lui a apporté une fortune considérable et cinq enfants. Lors de la fête de l’Empereur, le 15 août, les Réunionnais apprennent que le nouveau gouverneur a décidé de rebaptiser l’ancienne Bourbon du nom d’île Bonaparte. Pourtant, les festivités ne vont pas tarder à être gâchées après que les Anglais ont décidé de se mêler aux cérémonies en abordant un navire rempli de marchandises diverses en rade de Saint-Denis.


Premier accroc à des années de paix civile juste bousculées par les intempéries climatiques tel que l’ouragan de mars qui a détruit, en quelques heures, une majeure partie des caféiers de l’île. Des calamités atmosphériques qui se multiplient, accompagnées d’une sécheresse qui fait périr de faim des milliers d’esclaves. Et pour ne rien arranger, les Britanniques décident de planter leur drapeau au Cap, en Afrique du Sud (1805). Une proximité qui fait craindre le pire à Ernault de Rignac.


Les navires anglais tentent de débarquer sur les côtes à diverses reprises en 1809, à Saint-Gilles, Sainte-Rose (bombardée par la frégate la Néréide, commandée par le capitaine Corbett qui sera tué au combat en septembre 1810), Saint-Benoît… mais restent chaque fois repoussés. La guerre n’est pas loin. Au Cap, on a compris que l’île Bonaparte est peu défendue et que c’est ici que l’on peut porter un important coup dans le ventre du Premier Empire. La guerre devient inévitable avec l’objectif pour les Anglais de s’emparer de l’île de France à court terme.


En septembre 1809, les tensions montent d’un cran avec la prise et la brève occupation de Saint-Paul par les Britanniques qui pillent et incendient la ville. C’est la confusion la plus totale qui règne dans l’île et, de Port-Louis, Decaen peine à sauver ce qui semble inéluctable de jours en jours. Ernault de Rignac des Bruslys est incapable de prendre une décision. Il rejette toute idée de capitulation. Le 25 septembre, alors que le conseil de guerre délibère, il s’enferme dans ses appartements. Une tragédie se joue dans la torpeur des tropiques. Ernault de Rignac tente de se suicider une première fois avec de la poudre qui le brûle atrocement. La seconde fois sera la bonne : il se tranche la carotide. Lorsque les officiers arrivent enfin à défoncer la porte, ils trouvent le gouverneur sur sa chaise, une flaque de sang à ses pieds et un billet : « Je ne veux pas être traître à mon pays ; je ne veux pas sacrifier des habitants à la défense inutile de cette île ouverte. D’après les effets que j’entrevois de la haine ou de l’ambition de quelques individus tenant à une secte révolutionnaire, la mort m’attend sur l’échafaud… Je préfère me la donner. »


Le gouverneur-général Decaen fait avertir Paris, qui reçoit l’acte de décès de son gouverneur. Napoléon est effaré. Les rapports se multiplient sur son bureau. L’île est en mauvaise posture et victime d’un blocus infernal. Et lui-même est occupé à se battre contre les Autrichiens et ne peut intervenir. L’île Bonaparte est un rocher abandonné. Le colonel Jean-Chrysostôme Bruneteau de Sainte-Suzanne est nommé pour succéder à de Rignac avec la mission « de débarquer là où il pourra ». Il atteint Saint-Denis le 8 octobre suivant et trouve les autorités de l’île en plein désarroi. Il limoge, mute des officiers et recrute de jeunes créoles qu’il rassemble en bataillons armés chargés de renforcés les lignes de défense. Les désertions sont nombreuses, les paies n’arrivant pas ou parfois avec beaucoup de retards. Les esclaves sont libérés par les Anglais et s’en donnent à cœur-joie dans les maisons de maîtres. L’île Bonaparte est en proie à l’anarchie.


Le 6 juillet 1810, la bataille de Saint-Denis commence. Le dernier chapitre de la fin de la présence impériale dans les Mascareignes. Pour les Britanniques, il s’agit de prendre la ville en tenaille. Vingt navires battant pavillon de l’Union Jack se présentent tout autour de l’île avec 5 000 hommes à leur bord. Commandées par le lieutenant-colonel Keating, ils débarquent à la Grande-Chaloupe, à la Rivière des pluies et se dirigent vers Saint-Denis. Parallèlement, ils atteignent Sainte-Marie en dépit du ressac et s’en emparent très rapidement. L’île de Rodrigues est tombée, il y a quelques mois déjà. L’affrontement ultime aura lieu sur le plateau de la Redoute. Les Anglais reçoivent de nombreux renforts et, face à eux, à peine deux cents soldats français dont les deux tiers proviennent de la Garde nationale. La résistance est héroïque, le massacre de ces grognards tropicaux restera dans les annales de l’histoire de l’île Bonaparte.


Le colonel de Sainte-Suzanne doit signer un accord de capitulation à Saint-Joseph. Les officiers saluent sa bravoure et laissent rentrer Jean-Chrysostôme Bruneteau en France où il achèvera sa carrière militaire avant de s’ôter la vie en 1830. Reste la seule grande victoire navale de la France à Grand Port qui sera inscrite sur l’Arc de Triomphe, « une bataille qui commence quatre à quatre et […] qui finit en pagaille victorieuse grâce aux manœuvres de Pierre Bouvet de la Maisonneuve. »


Le retour des fleurs de lys

Le 3 décembre, c’est au tour de l’île de France de tomber. Decaen a épuisé toutes les ressources militaires à sa disposition. Robert-Townsend Farquhar prend la tête de la nouvelle administration. Il déteste Napoléon, « l’ogre corse », et s’empresse de débaptiser l’île qui retrouve son nom originel de Bourbon. Le 28 décembre, il appelle tous les colons des deux îles-sœurs « à prêter serment de fidélité, obéissance et soumission au roi d’Angleterre et au gouvernement britannique ». Les gardes nationaux ont déserté, le parti anglophile s’empresse de rallier les nouveaux occupants qui vont tenir durant cinq ans dans les Mascareignes avec un gouverneur qui partage le pouvoir avec un lieutenant-gouverneur. Les premières mesures prises par le gouverneur Robert Townsend Farquhar vont conforter les Bourbonnais dans leur décision. Rien ne change. L’esclavage est maintenu tout comme la liberté religieuse, les meilleurs noirs raflés pour aller fournir les compagnies d’indigènes en Jamaïque et les révoltes solidement matées, les fêtes succèdent aux bals.


Mais derrière l’opération de séduction, une autre réalité. Les Britanniques se conduisent en « locataires » et se contentent d’expédier les affaires courantes jusqu’au traité de Paris le 30 mai 1814. La France récupère l’île de la Réunion. Le drapeau fleurdelysé est hissé avant que n’arrive la nouvelle du retour de Napoléon de l’île d’Elbe. Athanase-Hyacinthe Bouvet de Lozier (dont le père a occupé ce même poste entre 1752 et 1753), nommé à la tête de l’île, reste fidèle au régime des Bourbons, refusant de reconnaître « l'usurpateur » qui a encore ses fidèles dans les Mascareignes. Quelques déportations auront tôt fait de mettre un terme à toute nouvelle révolte, avant même la bataille de Waterloo. Une défaite qui sonnera le glas de la puissance française dans l’Océan indien et la perte l’île de France au profit des Britanniques.

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