On a recensé près de mille films ayant pour cadre le Premier Empire (1), record absolu dans le monde, avec trois cents acteurs interprétant Napoléon. Mais parmi ceux-ci, un film et un acteur se dégagent nettement.
En 1927 sortait sur les écrans mondiaux une œuvre majeure de l’histoire du cinéma, le Napoléon d’Abel Gance. Dans le rôle de Napoléon, un jeune homme allait vivre son heure de gloire, en incarnant de façon éblouissante le général Bonaparte. Son nom ? Albert Dieudonné. On peut à ce sujet parler d’un « mystère Dieudonné », car cet acteur, au-delà de sa prestation flamboyante dans ce film, ne se remit jamais complètement de ce rôle qui allait lui coller à la peau jusqu’à la fin de sa vie.
Premiers tournages
Né à Paris en 1889, Albert Sorré (il prend le nom de sa mère « Dieudonné » pour faire carrière) est sans doute prédestiné à être acteur : son grand père et sa tante sont tous deux acteurs, de théâtre à cette époque. Le cinématographe – comme on dit à l’époque – fait son apparition en 1895 avec les frères Lumière, et d’emblée le jeune Albert devine qu’il sera acteur de cinéma : il joue son premier film dès 1908 (L’assassinat du duc de Guise). Il n’a alors que dix-neuf ans.
La guerre de 1914 n’interrompt pas sa carrière car, « réformé pour faiblesse de constitution » en 1909, il est versé dans la réserve, ce qui lui permet de jouer dans plusieurs films pendant la guerre, où il a la chance de se faire remarquer par Abel Gance : La Folie du Dr tube (1915) ; Le Périscope (1916) ; Le Fou de la falaise (1916). Il sera cependant rappelé en 1917 et finira la guerre dans un régiment du Train. Puis il s’essaie au rôle de réalisateur en 1924, en cosignant avec Jean Renoir une œuvre, Catherine ou une vie sans joie. Acteur, réalisateur et scénariste, il s’affirme déjà comme l’homme-orchestre des débuts du cinéma français. Mais Albert Dieudonné attend son heure de gloire. Elle viendra bientôt, grâce à son talent, et à Abel Gance.
Le film d'une vie
Abel Gance, né la même année que lui, s’est fait remarquer dès 1911 en signant un pamphlet « qu’est-ce que le cinématographe ? un 6e art » (à l’instar du théâtre, mais le 7e selon la classification d’aujourd’hui). Déjà connu avant-guerre, il entrera dans la légende en 1927 avec son chef d’œuvre, Napoléon vu par Abel Gance. C’est l’histoire de cette œuvre qui va bouleverser notre héros Albert Dieudonné. Le film lui est inspirée par la Naissance d’une nation de David W. Griffith en 1920, lequel raconte la saga d’une famille américaine autour de la guerre de Sécession. Il est en outre fort probable que les commémorations du centenaire de la naissance de Napoléon, en 1921, aient également inspiré le réalisateur.
Abel Gance imagine alors un projet pharaonique : il s’agit de découper la vie de Napoléon en six séquences (de Brienne à Sainte-Hélène), de 4 à 5 h chacune. Il l’annonce lui-même ainsi à ses collaborateurs : « Ce film va nous permettre d’entrer dans le temple des arts par la gigantesque porte de l’Histoire. » Pour réaliser une telle superproduction, il lui faut impérativement trouver le financement adéquat, qui ne peut être qu’européen : il pense le trouver en 1923 auprès d’un russe blanc émigré et d’un producteur allemand ; le décès prématuré du financier allemand suspend pour un temps le tournage, avant qu’une société française ne rejoigne le conglomérat, l’incitant à revenir à un projet plus modeste si l’on peut dire : un seul épisode pour débuter cette fresque historique, de Brienne à la Première campagne d’Italie, d’une version toutefois très longue (de 3h15 à 6 h selon les versions). Le tournage va s’étaler sur presque deux ans (1925 et 1926), et mobiliser plus de quarante acteurs, deux cents techniciens et mille figurants. Si la plupart des scènes sont tournées en studio (à Billancourt), des tournages à Briançon, à Toulon et en Corse – où la population lui réservera un accueil triomphal (2) – sont prévus.
Le génie d’Abel Gance peut alors s’exercer à plein : comme il s’agit à l’époque d’un film muet, c’est le lyrisme des images, le rythme haletant, la musique d’ambiance, une mise en scène grandiose, un héros romantique, à la mesure du personnage central, plus que la rigueur historique, qui doit assurer le succès du film. Les affiches annoncent sans mentir « une formidable leçon d’enthousiasme, de fidélité, de patriotisme et de foi » !
Les raisons du succès ce cette œuvre quasi hagiographique sont nombreuses : la projection sur trois écrans (tryptique) ; la musique lyrique d’Honegger ; l’usage de métaphore (le drapeau français qui sert de voile au jeune Bonaparte s’embarquant pour la France, ou l’aigle se posant sur un canon à l’école de Brienne…). Mais c’est aussi et surtout l’interprétation magistrale d’un jeune acteur charismatique qui imprime son sceau au film.
Nous avons pu consulter l’annonce publiée pour recruter le personnage central de Napoléon : « [...] yeux bleus, petite taille, mince, sûr de lui, beaucoup d’amour propre, caractère ombrageux » (sic). Quel portrait fort ! On voit à ce propos que la légende de la petite taille de l’Empereur a la vie dure : Napoléon avait une taille tout à fait respectable pour l’époque (1,68 m), et c’est seulement en compagnie des hommes de sa Garde, recrutés pour leur grande taille, qu’il semblait petit… En revanche, la minceur exigée pour jouer le jeune Bonaparte est parfaitement légitime, même si c‘est surtout par dérision que les Anglais le
surnommaient « l’osseux » (Boney).
Albert Dieudonné est sélectionné à l’issue de cette annonce, car il a, avec le jeune Bonaparte, une ressemblance physique troublante, même s’il a au moment des faits une dizaine d’années de plus que son personnage. Son regard ascendant notamment, si bien retranscrit dans le film, a fait la différence. Abel Gance pour sa part incarne lui-même le rôle – illuminé – de Saint Just !
Même si le film sera en définitive un échec sur le plan financier (les salles exiguës de l’époque ne rendant pas toujours l’effet escompté par la technique), c’est surtout le passage au cinéma parlant qui porte un coup au cinéma d’ Abel Gance : en effet, hasard fâcheux, dès la fin de l’année 1927 Le chanteur de jazz (États-Unis) devient le premier film sonorisé de l’histoire. Mais pour Albert Dieudonné, le film Napoléon va sceller son destin pour les cinquante années suivantes…
Après le film d'Abel Gance
Suite au succès du film, Albert Dieudonné entreprend l’écriture d’un livre étrange, dérivé de son expérience personnelle lors du tournage, qu’il intitule Le Tsar Napoléon (publié en 1928) : ce roman, que l’on pourrait qualifier de nos jours de « politique fiction », raconte le tournage imaginaire dans les années 20 d’un film français sur Napoléon, en Russie soviétique, avec trente mille figurants issus des rangs de l’armée rouge. Or Albert Dieudonné imagine que l’acteur, recruté à Paris pour jouer le rôle de Napoléon, n’est autre que le Tsarévitch, miraculeusement réchappé du massacre perpétré en 1918 par les Soviets à Ekaterinbourg ; l’acteur-prétendant, qui avait pourtant renoncé à tout projet de restauration de la monarchie, se laisse porter par l’enthousiasme des figurants cosaques et entreprend alors une reconquête politique du pouvoir. On peut à proprement parler dire qu’il s’agit d’un « 18 Brumaire » à Kiev : l’auteur fait dire à l’acteur putschiste devant les membres apeurés du Politburo d’Ukraine : « Qu’avez-vous fait de cette Russie qui faisait l’admiration du monde ? » ce qui reprend presque mot pour mot l’adresse du général Bonaparte de retour d’Égypte au Directoire : « Qu’avez-vous fait de cette France que je vous avait laissée si brillante? »
On pourrait épiloguer sur le fait que cette approche, via le prisme d’un Napoléon russe, n’est pas tant éloignée de la réalité : si Napoléon avait pu épouser, comme il l’avait envisagé un temps, une princesse russe… On peut y voir aussi un pamphlet anticommuniste : Albert Dieudonné ne va-t-il pas jusqu’ à nommer la Russie « Union des Républiques Sanglantes Soviétiques » ? Bref, comme le premier Tintin sorti un an plus tôt, une sorte de « Napoléon au pays des Soviets »…
Nous pouvons aussi y déceler le désir, voire le besoin, de prolonger l’ambiance du film qui l’avait porté sur les nues pendant presque deux ans, au milieu de figurants en majorité russes de l’émigration, conséquence sans doute du principal bailleur de fond russe blanc. Une profonde mélancolie post-film étreint en effet l’acteur qui a été l’objet de scènes de liesse populaire pendant le tournage (notamment à Ajaccio !) et à la sortie du film. Ce livre lui permet de s’approprier un peu de la puissance dégagée lors du film et de la prolonger. Peut-être rêve-t-il alors d’en faire un film ?
Albert Dieudonné va continuer de surfer sur la vague de son Napoléon, puisque Abel Gance fait en 1935 une version parlante du film de 1927, renommé « Napoléon Bonaparte ». Il a en effet pris soin de faire réciter par les acteurs le texte exact prévu, ce qui a grandement facilité le travail de synchronisation.
Après s’être essayé à quelques scenarios de film (notamment La douceur d’aimer avec la première apparition d’Arletty en 1930), la Seconde Guerre mondiale, qu’il passe à Paris, lui donne l’occasion de rechausser les bottes de général de l’armée d’Italie pourrait-on dire : il incarne encore une fois le personnage de Napoléon, dans le film Madame Sans-Gêne, interprétée magistralement par Arletty en 1941.
Une autre époque
Après-guerre, quasiment tombé dans l’oubli, il donne des conférences sur Napoléon, avant de se lancer dans l’écriture d’une comédie dramatique en un acte, et dont le titre en dit long sur l’homme, puisqu’elle s’intitule Moi, Napoléon(1957), qu’il interprète évidemment lui-même au théâtre. Texte émouvant empreint de nostalgie puisqu’il s’agit ici d’un vieil acteur, interprète ancien du rôle de Napoléon, et qui pour surmonter l’oubli se prend pour Napoléon… Morceaux choisis : à l’occasion du tournage d’un film américain à la Malmaison, où il en est réduit à être gardien de musée, celui-ci soupire : « Tu ne vois donc pas ce qui m’arrive ? ils vont le faire revivre, lui l’Empereur … sans moi »… « De temps à autre, j’évoque une phase du destin de l’Empereur, je me crée une vie réelle en invoquant des ombres ; par instant, je crois avoir les mêmes pensées que Lui ; je crois être Lui ». Texte à caractère autobiographique, pourrait-on dire !
Il faut dire que les années 1950 à 1970 voient une profusion de films sur Napoléon. En 1955 Sacha Guitry sort son grandiose Napoléon, avec dans le rôle-titre Daniel Gélin puis Raymond Pellegrin (Sacha Guitry interprétant lui-même Talleyrand). 1960 voit le grand retour d’Abel Gance, avec le film Austerlitz ; si cette fois-ci c’est Pierre Mondy qui a le rôle de Napoléon, il constitue néanmoins une nouvelle sequence du film de 1927. Enfin, en 1971, c’est Claude Lelouch qui reprend une proposition d’Abel Gance à André Malraux en vue du bicentenaire de la naissance de Napoléon en 1969, en produisant une version retravaillée du film original de 1927 intitulée Bonaparte et la Révolution, laquelle remet encore une fois à l’honneur la prestation époustouflante d’Albert Dieudonné à l’époque.
Il est à noter que le magistral Waterloo, sorti en 1970 et tourné en partie en URSS et dans les pays de l'Est (où Rod Steiger joue le rôle de Napoléon), avec la participation de plus de vingt mille soldats soviétiques, a dû donner des sueurs froides au Kremlin pour ceux qui avaient lu le roman russe d’Albert Dieudonné !
Identification au personnage
Dans la préface de la réédition de 2005 du roman Le Tsar Napoléon, Éric Leguèbe raconte une anecdote qui en dit long sur l’état d’esprit d’Albert Dieudonné dans les années d’après-guerre : alors que celui-ci passe devant le théâtre où se joue une pièce avec Émile Drain dans le rôle de Napoléon (il s’agit du Diable boiteux, de Sacha Guitry), Albert Dieudonné dit à l’actrice Arletty qui l’accompagnait : « Allons voir comment il me joue ! » Boutade ? pas sûr… Jean Tulard a confirmé qu’il avait fini par se prendre pour le général Bonaparte (3).
Des psychologues ont affirmé que le sentiment de puissance, attaché à jouer un personnage historique magistral, renforcé par des acclamations enivrantes des figurants ou du public, pouvait mener à une métamorphose de l’acteur. Peut-on alors parler d’un processus d’incarnation de Dieudonné en Napoléon ?
Il nous faut à ce titre incriminer la « Méthode Stanislavski » dite aussi de « l’Actor Studio » : celle-ci, inventée par le Russe Stanislavski dans les années vingt, repose sur la perte de l’identité propre de l’acteur au point de vivre le rôle 24 h sur 24 ; cette méthode, gage de succès sans doute, a toujours cours aujourd’hui, malgré ses excès : par exemple, Kirk Douglas dans Van Gogh, Collin Firth dans Le Discours d’un roi, Al Pacino dans Scarface ont tous reconnu avoir eu des difficultés à revenir à leur identité propre : le premier en continuant à se coiffer, raser et se vêtir comme Van Gogh, le second en bégayant comme le roi Georges VI, le troisième en gardant un fort accent cubain, tous trois longtemps après leur film…
Un acteur, pour bien jouer Napoléon, doit en fait se persuader qu’il « est » Napoléon ; tel fut le cas des grands comédiens qui « furent » l’Empereur. La question qui demeure est de savoir si, après avoir joué Napoléon, tous les acteurs finissent par devenir un peu épris du pmersonnage, grisés par un rôle qui font d’eux, le temps d’un film, celui qui disait « je ne suis pas un homme, je suis un personnage historique » et que la dépression post-film les plongerait ainsi dans un état second, en estompant les frontières entre le rôle et le réel.
À l’appui de cette réflexion, rappelons qu’il existe un précèdent fameux : l’acteur Edmond Duquesne, mort en 1918, qui a fini ses jours aliéné, à la suite sans doute de son rôle de Napoléon dans Madame Sans-Gêne, film de 1911 : d’après Albert Dieudonné lui-même (qui l’avait rencontré), il était persuadé d’être la réincarnation de Napoléon… D’autres cas d’école existent : le retour des Cendres de l’Empereur en 1840 avait eu un tel retentissement à l’époque, que quatorze « Napoléon », victimes sans doute d’un choc émotionnel sans précédent, avaient été internés par la suite à l’asile de Bicêtre.
Alors, Albert Dieudonné a-t-il subi une altération de sa personnalité, à la suite d’un choc émotionnel produit par ce rôle enivrant de chef tout puissant, et des désillusions qui ont suivi ? Ou bien n’est-ce pas plutôt Abel Gance qui a favorisé cet état par sa mégalomanie (rappelons que le titre de la version de 1927 est Napoléon vu par Abel Gance) et son goût pour des œuvres excessives, flirtant souvent avec la folie des hommes (voir ses œuvres précoces La Folie du Dr tube ou Le Fou de la falaise) ?
Nous trouverons peut-être la clé du « mystère Dieudonné » dans sa vie privée ; dans les années 1950, il achète le château d’un petit bourg d’Indre-et-Loire, Courçay, en Touraine. Cette demeure sera bien entendu richement décorée de portraits de l’Empire. Mais passion n’est pas folie. Allons plus loin : deux fois marié, la première fois avec Yvette Dessertenne (l’actrice qui jouait tout de même Elisa, la sœur de Napoléon, dans le Napoléon de 1927), puis avec Jacqueline Lamaze ; d’elle, il eut un fils, Claude, né à Paris en 1944 : lequel sera polytechnicien et gérant de société (décédé en 2017). Il ne surprendra personne que tout le village – y compris son père – le surnommait affectueusement « l’Aiglon ». L’entourage d’Albert Dieudonné ne le maintenait-il pas dans cette fiction napoléonienne ?
Mais c’est la fin de sa vie qui réserve la plus grande surprise : avant de s’éteindre en 1976, à l’âge de quatre-vingt sept ans, Albert Dieudonné a exigé d’être enterré dans son costume de Napoléon ! On peut voir sa tombe pourtant sobrement bâtie dans le cimetière du village, avec la simple mention « famille Dieudonné-Lamaze ». Il avait en effet choisi de garder son nom d’acteur, officialisé en 1965. La mairie de Courçay lui a rendu un bel hommage en 2017, en le nommant citoyen d’honneur et en rebaptisant une rue « Napoléon ». C’est bien entendu celle qui mène à son château (4)…
Une incroyable énigme
Grâce à lui et à Abel Gance, le Napoléon de 1927 est le seul film muet français connu aux États-Unis (avec The Artist, depuis 2011). Notons qu’une nouvelle version du film de 1927 est en préparation sous la direction de Francis Ford Coppola (l’auteur de Apocalypse now, actuel propriétaire des droits monde – hors France – du film de 1927, et fervent admirateur d’Abel Gance (son propre père co-réalisa la musique du film original !). Et qu'une version restaurée est en cours depuis plusieurs années avec la Cinémathèque.
Sans atteindre la folie – ce qui serait excessif –, nous pouvons affirmer qu’Albert Dieudonné n’est pas sorti indemne de ce film. C’est sans doute le propre de tous les acteurs amenés à se fondre dans un personnage vertigineux, dont la toute-puissance rejaillit quelque peu sur eux. Le temps d’un film – et le tournage fut excessivement long : deux ans ! –, Albert Dieudonné était devenu le chef charismatique à qui l’on obéit aveuglément. Bonaparte avait incarné la Révolution, il pouvait bien incarner Bonaparte. En épousant si intensément les habits de l’Empereur, qui aurait déclaré à Sainte-Hélène « Quel roman que ma vie ! », il aura fait lui aussi de sa vie une légende. Telle aura été sa destinée. Dans sa pièce Moi, Napoléon, il fait dire à son personnage tombé dans l’oubli : « J’ai voulu redevenir celui que je fus jadis ». N’est-ce pas là la clé de l’énigme ?
(1) Hervé Dumont, Napoléon, l’épopée en 1000 films, 2015.
(2) Une exposition à Ajaccio en 2016 a bien retracé la fascination de la population corse lors du tournage.
(3) Dictionnaire amoureux de Napoléon, rubrique « Abel Gance ».
(4) Voir à ce sujet le film Bernard, Albert et l'Empereur, production Les Films de l’œil sauvage.
Le cas Norton Ier
Le cas de Joshua Norton, mort à San Francisco en 1880, mérite d’être signalé : à la suite d’une faillite, cet homme d’affaire tombe dans un dédoublement de personnalité, si bien qu’il se prétend, vingt ans durant, « Norton Ier, empereur des États-Unis d’Amérique ». La population de la ville joue le jeu en lui montrant les signes de respect dus à son rang, il signe des décrets et prétend correspondre avec les plus grands souverains étrangers. Pour l’anecdote, cette histoire authentique a inspiré la bande dessinée de Lucky Lucke L'empereur Smith (1976).