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Le général Cervoni: l'autre officier corse vainqueur du siège de Toulon

« Ma mort sera la honte de ma vie, si je ne meurs pas de la mort des braves. » Jean-Baptiste Cervoni (1765-1809), général baron d’Empire, a son nom gravé sur l’Arc de Triomphe. Rien à première vue ne le prédestinait à faire la carrière qu’il fit.



Son grand-père Felice (vers 1700-Rome 1740) et son grand-oncle Gio Batta auquel il devait son prénom dans la tradition corse qui impose de donner aux nouveaux-nés les prénoms des derniers défunts de la famille, avaient résisté aux troupes de Louis XV dans les années 1740, lorsqu’elles avaient débarqué sur le sol insulaire aux ordres du marquis, futur maréchal de Maillebois, arrière-petit-neveu de Colbert. Gio Batta était du reste bizarrement mort, victime d’un étrange coup de feu cortenais, tiré depuis la Casa de Gio Pietro Gaffori qui n’était peut-être pas un chef aussi « national » qu’on veut bien le croire puisqu’il était en train de construire dans la campagne de Corte son magnifique Casone… grâce aux 6 000 livres de pension accordées par le roi. Mais Gaffori ne pouvait être incriminé, puisque jouant du violon, au même moment, à la fenêtre d’une maison située presqu’en face. Il fut néanmoins inquiété.


Il est vrai que la situation politique en Corse est alors difficile. Gio Pietro Gaffori va lui-même périr assassiné peu après et le père de Jean-Baptiste, Tomaso Cervoni (Soveria 1726-Soveria 1810), dit « Thomé », voisin de Corte puisqu’il réside à Soveria, face à Tralonca, à moins de 20 mn à cheval de la future capitale paoline, fait partie, en 1754, d’un gouvernement provisoire cortenais, « rebelle » à Gênes. Sur ce, Pascal Paoli, élevé à Naples aux côtés de son père depuis 1739, débarque en Corse et devient le général de la Nation, face à la république de Gênes ; mais face aussi à ses rivaux insulaires, dont les Matra, vieux gentilshommes corses.


En 1757, la situation se durcit. Un combat à mort s’engage. Pour permettre à Paoli de le gagner, l’épouse de Felice conjure son fils d’aller l’assister au couvent de Bozio, malgré son ressentiment à l’égard de Paoli, nommé seul général de la nation corse (1755) alors qu’il espérait sans doute et légitimement, un pouvoir collégial, ayant été au nombre des cinq membres assurant la transition entre Gaffori et Paoli (1754-1755). Née Morelli, native de Lama, la légende a voulu populariser sa mémoire : la légende lui attribue des mots particulièrement forts : « Je maudis le lait que tu as sucé de mon sein ! Je renonce au nom de mère si tu hésites »… Ce serait donc elle qui aurait armé le bras de son fils Tomaso, avec efficacité, puisqu’il réussit à tuer Matra juste en dessous dudit couvent au moment où les matristes auraient été en train de mettre le feu aux portes du couvent à l’intérieur duquel se trouvait Paoli (1).


Années de formation

Marié à Maria Catarina (vers 1739-après 1794), et bientôt père du petit Jean-Baptiste, baptisé le 29 mai 1765, né dans la maison paternelle de Soveria (2), Tomaso s’exile rapidement dans la péninsule Italienne (3) – comme l’avait fait feu son père en 1740 – et c’est donc à Rome que le futur général d’Empire fait ses études dans l’ancien collège des Jésuites que Louis XV est en train d’expulser du royaume (4). Il excelle en sciences, lettres et adore la poésie italienne (5), les vers et les citations latines. Il en fera usage toute sa vie.


Le barreau devait être son destin. Carlo Bonaparte est docteur en droit de l’Université de Pise. Son fils aîné, Joseph, né à Corte en 1768, aussi. Mais l’admission de Jean-Baptiste au régiment Royal-Corse comme simple soldat, le 10 juillet 1783, scelle son avenir. Congédié le 10 octobre 1786, à la demande de son père, il part faire son droit, à Pise, comme le futur ambassadeur du tsar à Paris, Pozzo di Borgo, né à Ajaccio en 1764. Reçu docteur en droit en 1787 (comme Pozzo), le voilà avocat à La Porta auprès du Conseil supérieur de la Corse, à dater du 7 janvier 1788.


Il a vingt-quatre ans lorsque la Révolution éclate en France. Corse jusqu’au plus profond de son âme, il regarde Paoli comme le héros de son île. Le futur Empereur des Français, vingt ans en 1789, n’écrit-il pas : « Je naquis lorsque la patrie [la Corse] périssait. Vingt mille Français vomis sur nos côtes… » D’une génération née au moment de l’arrivée des troupes royales de M. de Marbeuf dans l’île, et de la défaite corse de Paoli à Pontenovo (le 8 mai 1769), un peu plus bas que Soveria son village, Jean-Baptiste ressemble à ses contemporains, Joseph et Napoléon Bonaparte, ou Charles-André Pozzo di Borgo. Mais cette génération, née souvent avant le traité franco-génois de 1768 (c’est son cas comme celui de Pozzo) se trouve devant un choix cruel : Versailles où la Révolution semble vouloir emporter tout l’édifice politico-social millénaire (la monarchie), ou Londres où les savants (Jenner) inventent de merveilleux vaccins (contre la variole), alors qu’en France l’échafaud bientôt guillotinera les savants (Lavoisier).


Toutefois, le choix du jeune Cervoni est le même que celui du jeune Bonaparte. Bastia et Ajaccio ont demandé aux quatre députés corses présents à l’Assemblée nationale à Paris d’« unir l’île de Corse à la monarchie française ». Le 30 novembre, le député corse Antoine-Christophe Saliceti fait voter ce rattachement de « l’île de Corse à l’imperium[territoire] français », grâce à Mirabeau (arrière-petit-fils de Giovanna Lenche, cap corsine). Cervoni se rallie au décret. Marié depuis le 18 février 1789 à Marie-Élisabeth Sicurani, âgée de seize ans, le voilà chef de l’une des divisions du Directoire de la Corse en 1790. Puis il réintègre l’armée et commande la garde nationale du département du Golo (l’autre étant le Liamone). En avril 1792, il devient le secrétaire des commissaires du département (Arrighi et Cesari).


Avec la République proclamée en septembre 1792, malgré la naissance de sa fille Irène (1792), il repart sur le continent car « il mettait l’épée au-dessus de la toge » (6). Il est promu sous-lieutenant au 22e régiment de cavalerie, ci-devant  Royal-Navarre-cavalerie le 22 décembre 1792. Aide de camp de son compatriote – le général Joseph-Marie de Casabianca (de Vescovato) –, il est blessé dans l’armée des Alpes (la jambe droite : 1er juin 1793, à la campagne de Nice, à l’assaut de Sospel). En septembre 1793, il est « agent militaire à l’Armée du Var » auprès de Saliceti (alors adjudant-général au port de Toulon) et de Gasparin, hobereau avignonnais dont les descendants prirent le nom de Gaspari en 1840 pour « s’ensoucher » à une vieille maison de Morsiglia au cap Corse (7)…


La reprise de Toulon

Adjudant-général à son tour, chef de bataillon (26 octobre 1793) à la demande de Saliceti, il s’illustre lors du siège de Toulon qu’il faut reprendre aux Anglais, avec Bonaparte (Corse d’Ajaccio), capitaine d’artillerie de vingt-quatre ans, Saliceti (Corse de Saliceto), représentant en mission, Arena (Corse d’île-Rousse) et Gasparin (Avignonnais qui voudrait être Corse) ! Il y est blessé à nouveau à la cuisse et au bras droit mais il réussit à reprendre aux Anglais la redoute (petite fortification) dite de « Maubousquet » (30 novembre 1793), l’un des endroits stratégiques du port-arsenal de Toulon, ancienne seigneurie des Pontevès, officiers provençaux d’illustre lignage passés au service des galères du Roi (8). Le 10 frimaire, le général en chef Dugommier, depuis le Quartier Général d’Ollioules, informe le citoyen-ministre de la bravoure des Corses et le cite avec Bonaparte et Arena. Il écrit : « Je ne saurais louer la bonne conduite de ceux de nos frères d’armes qui ont voulu se battre ; parmi ceux qui se sont le plus distingués et qui m’ont le plus aidé à rallier et à pousser en avant, ce sont les citoyens Bonaparte, commandant l’artillerie ; Arena et Cervoni, adjudants-généraux. »


Le 18 décembre, grâce au plan établi par Bonaparte le 12, et proposé ce jour-là au conseil de guerre, Toulon est repris aux Anglais après deux jours de combat. Le 19, commandant l’avant-garde, malgré ses trois blessures très récentes, Cervoni entre le premier dans Toulon aux aurores (4 h du matin), par la porte de France (à l’est de la ville), après un terrible assaut. Tous les civils sont autorisés à rentrer chez eux dans le calme. Le lendemain, 20 décembre, il est promu adjudant-général chef de brigade sous Masséna. L’honneur d’aller annoncer à la Convention la reprise de Toulon aux Anglais lui revient sur ordre de Dugommier, ce qui est un excellent moyen de se faire connaître en haut lieu (comme du temps de la monarchie) ! En quatre jours, à cheval, Cervoni arrive à Paris. Le 24 décembre, il se présente à la barre de l’Assemblée : « L’émotion était à son comble. »


La Première campagne d'Italie

De retour dans le Midi dès le 14 janvier, il est promu général de brigade à 29 ans (14 janvier 1794), alors qu’il était sous-lieutenant un an plus tôt ! Cet ancien avocat sorti d’aucune école militaire, participe à l’expédition d’Oneglia sous Mouret (5-25 avril), prend part avec distinction à la victoire de Cairo en Piémont (24 septembre), dans la division Masséna, et le général en chef Dumerbion écrit à la Convention qu’il fait partie de ceux « qui se sont le plus distingués » avec Masséna. Il appartient ensuite à la division Freytag (1er juillet 1795). Apostillé « jeune officier, intelligent et brave », il passe à la division de Laharpe, décide de la victoire de Loano (24 novembre 1795) où il mérite les éloges du général en chef Masséna car il s’est emparé à la tête de 1 300 hommes des hauteurs de Burdonetta et de Melegno, réputées inaccessibles, à la tête de ses 1 300 hommes. Le Directoire lui adresse ses félicitations.


Le 6 décembre 1795, il prend le commandement de la 1re brigade (division Meynier) et, le 24, il est confirmé par le Directoire dans sa dignité de général de brigade. En mars 1796, il remplace Saint-Hilaire au commandement de la 3e brigade de la division Laharpe. Passé à la 1re brigade de la même division, il résiste avec une vigueur incroyable, une journée entière, à la tête de ses 3 000 hommes, à Voltri, aux 19 000 Autrichiens du général autrichien Beaulieu, mais il doit se replier, à la nuit, sur ordre de ses chefs qui craignent de le voir débordé par des forces aussi supérieures en nombre. Il se replie alors en bon ordre sur la division Laharpe et la rejoint à Madona-di-Savone. Le 14 avril, il se distingue à Dego, assure la victoire de Cossaria, d’où nouvelles félicitations du Directoire (notamment sur son courage), sur rapport de Bonaparte ; le Directoire lui écrit : « Les travaux de la dernière campagne avaient trop fait connaître votre courage au Directoire, pour qu'il ne sût pas d'avance qu'en vous faisant éprouver, le premier choc, les Autrichiens vous ménageaient le premier avantage. » En effet, la division du général Provera a été contrainte de mettre bas les armes !


Commandant la place de Savone (17 avril 1796), il est attaché ensuite au quartier général de l’armée d’Italie (29 avril). Avec Dupas, Lannes et Augereau, il prend une part décisive dans l’enlèvement du pont de Lodi (10 mai). En effet, trente pièces d’artillerie portant la mort dans les rangs français, les 4 000 grenadiers s’arrêtent un instant. Cervoni se précipite avec Berthier, Masséna, Dallemagne, Lannes et le chef de bataillon Dupas et ils se mettent à la tête des troupes. Le 14 mai, il négocie à Parme, comme envoyé de Bonaparte. Le 20, il fait partie de l’avant-garde de Kilmaine. Le 1er juin (sous Masséna), le 29 (sous Despinoy), Cervoni poursuit la campagne et participe à la victoire de Castiglione le 5 août sur les Autrichiens. À partir du 24 octobre, il commande la légion lombarde qu’il organise, combat à Arcole (15 novembre), à Rivoli (16 janvier 1797) et participe à la reddition de Mantoue assiégée où s’étaient enfermés les Autrichiens.


Commandant en chef à Rome

Cervoni semble partout à la fois : appelé au quartier général le 8 mars 1797, envoyé en Corse le 13, rappelé à l’armée d’Italie (30 000 hommes), il y commande la 1ère brigade d’Infanterie légère à la place de Motte. Il fait partie de la division Masséna (5 août 1797) et de la 4e division Serrurier (15 septembre). Début 1798, après le traité de Campo-Formio, il sert à l’armée d’Angleterre.


Rappelé à l’armée d’Italie, nommé gouverneur de Rome où entrent les troupes françaises (10 février 1798), il harangue la foule du haut de la Loggia de Montecitorio et surveille l‘organisation du gouvernement provisoire de la République romaine (15 février 1798). Promu général de division (15 février 1798) par Berthier, commandant en chef à Rome, il signifie à Pie VI – avec beaucoup de déférence – la dissolution du gouvernement papal : « Saint-Père. J’éprouve un grand déplaisir d’être obligé de contrister votre Sainteté. » Il le fait « avec tous les égards et ménagements qu’on doit au malheur » d’après Baldassari (mais c’est un abbé qui parle). Ce grand respect pour le pape est sans doute lié comme chez Pascal Paoli au fait que le souverain pontife était alors l’un des rares souverains « élu »… C’est Cervoni qui publie en tout cas l'acte d'installation du gouvernement provisoire. Peut-être avec plaisir si l’on en croit Thibaudeau car « il affichait l’irréligion ; la vue d’une soutane excitait sa bile. Lorsqu’il était obligé d’aller à l’Église pour une cérémonie, il scandalisait par son maintien. Il entretenait cet esprit parmi ses subordonnés »….Le 20, le vieux pape, élu depuis vingt-trois ans, part pour la Toscane, puis gagne Turin, via Sienne.


En mars 1798, Cervoni commande l’avant-garde de l’armée de Rome puis la 2e division militaire (15 juin), puis la 24e (2 janvier 1799) et devient commandant en chef des neuf Départements réunis à Bruxelles (13 février 1799) « à raison de sa mauvaise vue » (Thibaudeau).


Sous le Consulat

Après le 18 brumaire (novembre 1799), il est envoyé avec Saliceti à Bastia comme commandant de la 23e division militaire (26 janvier 1800), poste occupé naguère par Pascal Paoli ! Comme à Toulon en 1793, Cervoni ménage les populations, y compris dans le Fiumorbo où les Russes ont nombre d’agents favorables à une occupation de l’île par les troupes de Paul Ier.


Commandant de la 8e division militaire 12 novembre 1800), en poste à Marseille (Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse, Alpes-maritimes, Basses-Alpes), toujours en raison de sa vue (« Le Premier Consul le jugea plus propre à servir dans l’intérieur qu’aux armées » écrit Thibaudeau), il sait s’y concilier – durant huit ans – l'estime et l'affection de tous les habitants par la modération de sa conduite, tout en faisant face au blocus anglais, aux menaces royalistes et aux jalousies du préfet Thibaudeau : « Général commandant la division, il avait la préséance sur les préfets », mais pas sur Thibaudeau une fois nommé conseiller d’État. Globalement « il était aimé » (Thibaudeau) car il maniait l’humour et affectait une vraie gaieté au dire de ses contemporains.


Commandeur de la Légion d’honneur en 1804, Cervoni, régulièrement regardé comme général et baron d’Empire, a néanmoins déjà fait l’essentiel de sa carrière de 1786 à 1804, pendant près de vingt ans, alors qu’il ne lui reste plus que cinq ans à vivre.


La dernière campagne

Protégé de Madame Mère qui regrette qu’il soit l’aîné des maréchaux de France et qu’il n’ait point reçu le bâton – peut-être parce qu’amant de Pauline Bonaparte (9) au dire de son descendant direct, notre parent et vieil ami Jean-Baptiste Ajaccio-Cervoni, de Rogliano –, Napoléon (qui ne lui pardonnera jamais cette « aventure »), le nomme néanmoins, à sa demande et à celle de Lannes surtout, chef d’état-major au 2e corps de la Grande Armée le 12 avril 1809 aux ordres de son ami Lannes après des huit années en poste à Marseille (1800-1809).


L’armée lui manque. Dès 1805, il écrit : « Tandis que vous me croyez tous absorbé dans les merveilles et les grandeurs du nouvel Empire, je passe mon temps à butiner comme une abeille égarée et solitaire dans les bosquets et les prairies des Muses. » Il suit Lannes dans de terribles batailles : combats de Tann, puis d’Abensberg et d’Anshat ; trois fois blessé dans sa jeunesse, jamais guéri de sa jambe, de plus en plus myope, « toujours armé d’un binocle » (Thibaudeau).


Titulaire d’un poste sédentaire depuis 1800, il trouve la mort sur le champ de bataille à Eckmühl, aux portes de Ratisbonne, le jour de la victoire (22 avril 1809), la poitrine traversée par un boulet de canon ! Son vieux père de quatre-vingt-quatre ans succombe peu après à Soveria, le 23 septembre 1810. A-t-il le temps d’apprendre les ordres de l’Empereur ? Le 10 février 1810, Napoléon ordonne en effet qu’on élève une statue à la mémoire de Cervoni, sur le pont de la Concorde. Le sculpteur Chinard de Lyon en réalise l’ébauche, présentée au Salon de 1811. Elle est aujourd’hui au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France mais les événements qui emportent l’Empire ne permettent pas la réalisation de ce projet.


En janvier 1815, sa veuve, née Marie-Élisabeh Securani (10) (1772-1827), titulaire de 6 000 francs de pension viagère, est barricadée dans sa maison de Cioti-de-Moriani, avec quelques partisans : elle est la première à hisser le drapeau bleu-blanc-rouge en Corse, avant le retour de l’Empereur de l’île d’Elbe. Reçue par Napoléon pendant les Cent-Jours, elle meurt le 5 octobre 1827 et son tombeau subsiste dans l’église de son village natal de San Giovanni-di-Moriani où Cervoni était venu l’épouser le 18 février 1789. Il avait presque 25 ans. Elle, seize ans et demi.


De leurs quatre enfants, Faustina (1790-1793) et Thomas (Corte 31 décembre 1797-1811) meurent jeunes, ce dernier juste après avoir été fait baron d’Empire avec dotation à la mort de son père. Leur autre fils Louis-César (Bastia 21 décembre 1800-1833) (11), aussi baron d’Empire en 1809 avec dotation de 8 000 francs annuels, élève au lycée de Marseille avec son frère, épouse en 1818, à Vescovato (Haute-Corse), Caroline (1802-1866), fille du général François de Casabianca, pair de France. Leur fille, Irène (Corte 1792-Marseille 1849), élevée par Mme Delacroix à Bordeaux, puis par l’Empereur à Saint-Denis, épouse le général baron de Maupoint de Vandeuil (1766-1849), aussi baron d’Empire (12).


(1) Une peinture, offerte aussi en 1926 par le médecin-colonel Santelli à la mairie de Soveria, illustre cette scène.


(2) Une plaque a été apposée sur cette maison natale du général : « Ici est né le 29 août 1765, Jean-Baptiste Cervoni, général de division. » Apposée en 1926 par le médecin-colonel Santelli, ancien directeur de l’hôpital de Saint-Mandrier (à côté de Toulon), aussi commandeur de la légion d’honneur, décédé en 1929 ; et sa nièce Caroline Morazzani, filleule de son oncle paternel Mgr Morazzani, nonce apostolique. La date de naissance paraît fausse, Cervoni ayant été baptisé à la paroisse par le vice-curé Tomaso Leschi (vice-parrochus).


(3) Suite à l’impossible accord avec M. de Vaux et plusieurs notables corses locaux, dont Nicolo Paravicini (famille de la gand-mère de Napoléon), Lorenzo Giubega (parrain de Napoléon), Domenico Giubega, Gio Tomaso Arrighi (future famille Arrighi de Casanova) Domenico Arrighi et Boerio (de Corte).


(4) Felice Simonpietri d’Ortinola (hameau de Centuri), né en 1764, fait en même temps ses études dans le même collège d’où l’amitié ultérieure entre leurs descendants respectifs à Centuri jusqu’à aujourd’hui.


(5) Les « poètes italiens lui étaient très familiers » écrit Thibaudeau.


(6) Lettre de Thibaudeau.


(7) Ils ont même racheté à Morsiglia (hameau de Camorsiglia) l’ancienne tour de l’ambassadeur de Philippe II (Andrea Gaspari de Morsiglia) auprès du sultan du Maroc pour permettre à Agénor Gasparin de devenir en 1840 sénateur de Corse, d’où sa nomination au ministère de l’Intérieur sous Louis-Philippe : c’est ce Gasparin qui a fait donner le nom d’Arcole à Paris à l’actuelle rue d’Arcole entre le pont du même nom et le parvis de la cathédrale Notre-Dame. La Tour fut rachetée plus tard par Louise de Vilmorin.


(8) Michel Vergé-Franceschi, Les officiers généraux de la Marine royale, thèse de doctorat d’État ès-Lettres, Librairie de l’Inde, 7 vol., 1990, 3 547 p.


(9) « Il avait des mœurs très libres » écrit Thibaudeau qui ajoute : « Il aimait les femmes, avait des succès, n’était ni fidèle, ni constant, et restait ami quand il cessait d’être amant […]. Il ne vivait point avec sa femme qui restait en Corse. Elle avait avec lui trois enfants en bas âge. »


(10) Née le 4 août 1772 à San Giovanni di Casatu, piève de Moriani, fille de Carlo Luiggi Sicurani (né à Poggio d’Orezza) et de la Signora Anna Catalina Battisti.


(11) Inhumé à Soveria avec son grand-père. Il est le père d’Antoine Cervoni (1823-1910),

époux de Mlle Franceschi (1835-) fille de Dominique Franceschi (Centuri (Merlacce) 1794-Centuri (Merlacce) 1886), maire de Centuri.


(12) À l’époque, comme en 14-18, notamment dans les familles corses, on répugnait à parler des circonstances exactes de la mort des pères et frères sur le front. Irène, seize ans et demi en 1809, crut que son père avait été tué dans sa tente, par un boulet perdu qui en avait traversé la toile alors qu’il se rasait. Sorte de mort douce annoncée à une adolescente. Elle transmit cette légende au baron de Vandeuil son propre fils, qui la prit pour argent comptant. Voir Michel Vergé-Franceschi, Jean Baldacci, Une famille corse en deuil en 1914, éd. Colonna, 2013, prix du Livre corse 2014.

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