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Le petit chapeau contre la République: campagne électorale et propagande visuelle en 1848

« C’est son chapeau, sa redingote, ses bottes et son lorgnon, mais ce n’est pas lui ! C’est le fils du frère de l’autre. » Ainsi s’exprime la légende du portrait de profil à gauche qui représente un homme mystérieux marchant silencieusement. Le bicorne énorme enfoncé sur le nez, la botte de la jambe avancée, la redingote – tous les éléments vestimentaires mentionnés sont trop grands pour sa stature médiocre. Il semble que le manteau cache un homme double corps à deux bras droits ; pendant que la main de devant se glisse dans le gilet couvert d’une écharpe, la main de derrière tient une longue vue. En dépit du déguisement la moustache et la barbiche permettent d’identifier Louis-Napoléon. Figure à la fois ridicule et menaçante qui révèle son caractère d’épigone en comparaison avec son modèle évident, le petit caporalpopulaire statufié par Seurre sur la Colonne et chanté par Béranger : « Il avait petit chapeau/Avec redingote grise. »

Rolf Reichardt / historien

Publiée en octobre 1850 par L’Argus, journal belge de caricatures, le portrait anonyme de Louis-Napoléon propose rétrospectivement une formule suggestive visualisant le prudent comportement tactique du prince de février à décembre 1848 : d’une part, il se tient d’abord à distance à Londres, il démissionne comme représentant après le 4 juin, il se fait élire député le 17 septembre sans voter dans l’Assemblée, il évite toute prise de position politique prononcée en attendant l’élection présidentielle du 10 décembre ; de l’autre, il fait constamment allusion au culte napoléonien en évoquant le « grand nom » de l’oncle dont il prétend être en quelque sorte le successeur désigné.


Or, dans le contexte politique de 1848, le symbole principal et le plus en vue de cette « légitimité napoléonienne » est le petit chapeau. Si le prince Louis ne se fait pas représenter avec lui, le bicorne célèbre sert alors néanmoins de signe puissant non seulement dans les placards bonapartistes, mais aussi dans les caricatures de leurs adversaires démocrates. Le portrait satirique de Louis-Napoléon, qu’on vient d’évoquer, renvoie en effet à un remarquable déploiement d’images imprimées qui a accompagné les campagnes des élections législatives et présidentielles de 1848. Simplement mentionnées par l’historiographie, servant d’illustrations éparses sans commentaire dans une excellente analyse de la presse correspondante, seulement effleurées par quelques articles iconographiques, ces nombreuses feuilles volantes et leur imaginaire symbolique méritent, nous semble-t-il, une étude à part entière.


Une campagne électorale médiatisée

À plus forte raison que sous le régime des notables, les campagnes électorales de 1848, surtout celle pour la première élection du président de la République au suffrage direct universel, sont des campagnes médiatisées. Les caricaturistes en tiennent compte. Selon Charles Vernier les affiches électorales envahissent l’espace public de Paris au point de gêner la vie quotidienne. Ainsi, rentrant avec sa femme et son fils de la promenade, un gros bourgeois ébahi s’arrête devant l’entrée de sa maison bouchée de placards de différents candidats : « Qu’ils entrent tous à la Chambre… je le veux bien », s’exclame-t-il, « mais qu’ils me laissent donc aussi entrer chez moi ! » De même, Louis-Marie Bosredon met en scène deux électeurs discutant dans un coin de rue devant un mur tout couvert d’affiches. On y reconnaît le titre de la feuille volante célébrant la nomination de Louis-Bonaparte dans l’élection partielle du 17 septembre et la partie supérieure de la Biographie de Cavaignac . Significativement, ce placard du concurrent principal du prince est largement recouvert par l’annonce de la Candidature de Napoléon Louis Bonaparte à la Présidence de la République, acte n’effectué que le 3 novembre. Dans le titre de l’imprimé le prénom « Louis » se cache d’ailleurs comme s’il s’agissait de voter pour un nouveau Napoléon. Y correspond le dialogue entre le bourgeois et l’ouvrier au premier-plan. « Ah ça, est-ce que l’on vote pour Louis-Napoléon ? » demande le premier ; « pourquoi pas » répond l’homme en blouse. Et lorsque le bourgeois réagit indigné (« comment un fou, un imbécile, un incapable enfin… »), l’ouvrier insiste : « C’est précisément pour cela. Depuis trente ans nous sommes volés et trompés par des gens d’esprit et des intrigants, nous ne voulons plus pour nous gouverner que des imbéciles et de ce nom là… » Voilà précisément l’attitude répandue regrettée, en des mots plus réfléchis, par le journal du socialiste Ledru-Rollin : « Sa candidature [celle du prince] n’est, au fond, dans l’esprit du peuple et de l’armée qu’une espérance de résurrection nationale, une énergique protestation contre la lâcheté successive des gouvernements qui, depuis trente-quatre ans, ont laissé la France mutilée sous le linceul de Waterloo […] »

La scène d’affichage de Bosredon est symptomatique tant de la méthode ingénieuse de la campagne bonapartiste que de l’issue de l’élection présidentielle. En fait, tout en publiant quelques journaux plus ou moins éphémères dont le mensuel Le Petit Caporal atteint par instants un tirage de 30 000 exemplaires, la propagande en faveur du prince préfère des médias plus populaires : boîtes d’allumettes avec son portrait colportées sur la voie publique, petits drapeaux agrémentés de l’inscription « Vive le prince Louis ! », médailles frappées à son effigie et chansons, mais surtout affiches de grand format et feuilles volantes avec sa biographie et son portrait en buste dont, le jour de la foire de Vitteaux en Bourgogne (27 octobre), un agent bonapartiste aurait vendu et distribué gratuitement quelque 2000 exemplaires. S’appuyant sur le Comité napoléonien à Paris, organisée à l’échelle nationale par les partisans bonapartistes Fialin de Persigny et Aristide Ferrère, cette propagande dispose d’une petite équipe militante, dont le tapissier Clapier qui dirige l’affichage.


Sa troupe de colleurs d’affiches est persiflée par une caricature du lithographe Frédéric Bouchot. Armés de pots de colle et d’échelles mises sur l’épaule comme des fusils, affublés d’une sorte d’uniforme, défilant en formation devant Louis-Napoléon coiffé du petit chapeau, ces activistes font presque un effet militaire. Leurs placards d’élection arborés en masse ne propagent qu’un seul nom : « Napoléon ». Dans le même registre un Croquis électoral de Cham imagine un groupe d’hommes et de femmes admiratifs devant un énorme placard affiché : ils n’y voient que des images faisant allusion au culte de l’Empereur : la redingote grise, un pair de bottes et le petit chapeau.


Une coiffure inconvenable

Aux temps de révolutions, les couvre-chefs spécifiques sont particulièrement à la mode. La vieille marchande d’une Chapellerie politique dessinée par Charles Vernier sait profiter de la conjoncture en offrant, au gré des opinions des clients, des « chapeaux Réacs », des « chapeaux Redemisoc », des chapeaux « Réforme », etc., classés dans les rayons de sa boutique étroite. À l’instant, elle se met à brosser un chapeau ressemblant au bicorne napoléonien et qui rappelle les activités policières du prince Louis pendant l’exil à Londres : « J’ai bien fait, dit-elle, de n’pas vendre aux chiffonniers mes vieux chapeaux d’sergent d’ville… ça va resservir ! »


Toutefois, signes de profession de foi politique, les chapeaux peuvent aussi servir de déguisement. C’est en effet, aux yeux des caricatures démocrates de 1848, le rôle du petit chapeau accaparé par un candidat auquel il ne convient point. Prétention attribuée à Louis-Napoléon que plusieurs gravures visualisent sous forme de scènes ridicules d’essayage raté. Ainsi une satire de la Revue comique dessinée par Charles-Albert d’Arnoux alias Bertall ouvre au spectateur curieux l’appartement personnel du prince. Sur une planche au fond de la chambre sont rangés des vases réservant de l’« Absynthe suisse », du « souvenir de Strasbourg » et d’« eau de Boulogne », autant de souvenirs marquant la biographie aventureuse du prétendant dont les projets actuels sont symbolisés par l’aigle écharpé et coiffé du petit chapeau. Louis-Napoléon y fait venir justement le chansonnier des Souvenirs du peuple pour connaitre son opinion en matière de couvre-chef. Assis devant une coiffeuse assortie d’un flacon d’ « Eau de Patrie », le prince essaye le chapeau de l’oncle qui s’avère si énorme qu’il risque de s’enfoncer sur ses épaules. Alors, face à la mine irritée de Louis, Béranger lui tend un bonnet à point en disant : « Tiens, mon petit, en voilà un qui t’ira mieux, il est moins lourd. » Comme le dit la lettre dans l’image c’est le « petit chapeau du roi d’Yvetot », sujet du premier grand succès du chansonnier : « Il était un roi d’Yvetot/Peu connu dans l’histoire./Se levant tard, se couchant tôt,/Dormant fort bien sans gloire./Et couronné par Jeanneton/D’un simple bonnet de coton,/Dit-on/Oh ! oh ! oh ! oh !  ! ah! ah! ah! ah!/Quel bon petit roi là!/La, la. »


D’autres caricatures propagent un humour plus mordant. C’est le cas d’une trentaine de feuilles volantes (env. 350 x 245 mm) publiées par l’imprimerie Lacrampe fils et comp., demeurant rue Damiette à Paris, et « en vente chez tous les libraires » . Série plurimédiale vouée à persifler la campagne de Louis-Napoléon au moyen de chansons, de dialogues et biographies satiriques et de vignettes du graveur Henri Pottin qui raillent l’abus du petit chapeau : soit que l’habit de l’oncle ne va point avec la stature chétive du neveu ; soit que le prince figure comme épouvantail ou comme âne affublé du couvre-chef célèbre ; soit qu’un arlequin dirigeant une manifestation électorale s’exclame « Nommons son chapeau, nommons sa capotte grise »


Une planche exemplaire de la série, intitulée Les trois chapeaux comporte trois composants typiques. Elle commence par les couplets du chansonnier socialiste Charles Gille, à chanter sur l’air Dis-moi, Péters par amitié. Gille y met en scène un dialogue entre le prince Louis et Poupard, le chapelier ressuscité de Napoléon : « Je suis le fameux chapelier/Qui coiffait, voilà bien des lustres,/L’homme qu’on ne peut oublier,/Célèbre entre les plus illustres !/Quel dessein chez mois vous arrête ? (bis.) »


Et Louis de répondre : « Je viens savoir si son chapeau/Pourrait convenir à ma tête. » Alors Poupard lui fait essayer tour à tour le chapeau de la campagne d’Italie, le « chapeau du premier consul » et « le chapeau du grand empereur » ; pourtant, chaque fois son refrain est le même : « Mais, mon prince, ce chapeau-là/Est un peu grand pour votre tête. » La conclusion du chapelier est donc inéluctable : « Je ne puis combler votre vœu,/Soit par le fond, soit par la forme,/Tellement de l’oncle au neveu/La différence semble énorme […]. »

Deuxième composant, les images. Chaque refrain est visualisé par un bois de fil d’Henri Pottin ; le prince y fait une figure de plus en plus amoindrie et ridicule sous le bicorne du « grand homme ». Au final, il cherche en vain d’attraper le chapeau désiré qui s’envole dans les cieux.

Troisième composant, le texte d’une interrogation fictive adressée Aux électeurs qui ont voté pour le prince Louis lors de l’élection législative partielle du 17 septembre. L’alternance des questions posées par interrogateur républicain et des réponses des électeurs est très proche de l’actualité politique et des arguments de la presse démocrate: Q. « C’est vous, n’est-ce-pas, qui avez envoyé le prince Louis à la Chambre ? […] Serait-il indiscret de vous demander pourquoi vous l’y avez envoyé ? » R. « Pourquoi ! Rendez-lui son petit chapeau, sa redingote crise et sa noble devise. Voilà. » Q. « Je vous demande quelle mission vous avez donnée au prince Louis en le nommant représentant ? » R. « La mission de nous couvrir de gloire. » Q. « Il s’abstient prudemment de voter. […] C’est afin de ne se compromettre avec aucun parti et les ménager tous. […] C’est dans l’intérêt de sa candidature à la présidence de la République. Il ne veut s’aliéner ni les montagnards, ni les modérés, ni la droite, ni le centre […] ni les tribunes publiques […]. Vous avez voté pour le prince, sans trop savoir pourquoi. Le petit chapeau vous était monté à la tête. Vous vous êtes dits : Bah ! nommons le petit caporal. Un petit caporal ne fait pas mal dans les temps de révolutions […]. Nommons le prince Louis pour réjouir les mânes de son empereur. » R. « C’est vrai, c’était une manière de lui rendre son petit chapeau. »


« Mon nom vaut bien le meilleur passeport »

Loin d’être tout à fait fantaisistes, les satires graphiques qu’on vient de présenter dévoilent, sous forme de mascarades alors facilement perceptibles, l’intention sous-entendue des bonapartistes de réclamer le bicorne de Napoléon pour leur candidat. Leur feuille volante diffusée à l’occasion de l’Election de Louis-Napoléon le 21 septembre 1848 le dit d’ailleurs sans ambages. L’auteur anonyme de la gravure fait intervenir « l’ombre de l’Empereur » sous la figure du petit caporal pour présenter le prince Louis en habit civil à la France, geste de recommandation verbalisé par une chanson de Léon de Chaumont composée sur l'air des Trois couleurs En cinq couplets l’Empereur s’adresse à l’allégorie en faisant d’abord allusion aux rumeurs persistantes sur son prochain retour : « France, merci ! nos souvenirs de gloire/De ton grand cœur ne sont point effacés !/France, tu viens d’honorer ma mémoire :/Brillez encor, mes beaux jours éclipsés !/Lorsque mon âme au ciel s’est envolée,/De revenir vers toi j’étais certain :/De tant d’amour ô toi que j’ai comblée,/Aime l’enfant dont je fus le parrain ! »


S’ayant ensuite targué de ses exploits militaires et du retour de ses cendres, l’Empereur en vient à l’actualité et à la présentation de son neveu : « Longtemps proscrit, à toi sje le confie ;/Qu’il trouve enfin un asile en ton port./Pour voyager au ciel de sa patrie/Mon nom vaut bien le meilleur passeport./Il peut entrer dans la grande Assemblée ;/Il est l’élu du peuple souverain !/De tant de gloire ô toi que j’ai comblée,/Aime celui dont je fus le parrain ! »

De façon ingénieuse, ces vers font appel au mythe populaire de Napoléon qui explique le succès électoral du prince au 17 septembre. L’Événement, journal conservateur parisien souvent cité dans la presse provinciale, en a une conscience aiguë : « À l’heure qu’il est, le peuple croit vaguement que c’est l’Empereur lui-même qui revient et non le prince, l’oncle et non le neveu. Depuis 1815 le peuple attend Napoléon. Plongé dans l’ignorance et dans la souffrance, il a besoin d’un idéal, d’une vision, d’un amour : cet idéal, cette vision, cet amour, c’est l’Empereur. »


Ce qui n’exclut pas les suggestions de la campagne bonapartiste que le petit caporal préparait son retour sous la figure du neveu, espérance encore renforcée par le Manifeste de Louis-Napoléon Bonaparte aux électeurs, publié le 27 novembre, à deux semaines du scrutin des présidentielles. Tout en reproduisant en format réduit la gravure et la chanson de l’affiche précédente, le placard est dominé par un portrait en buste du candidat en uniforme. Dans le Manifeste imprimé de part et d’autre, loin de préciser un programme politique, celui-ci invoque sa parenté avec Napoléon en guise de ses capacités personnelles : « Pour me rappeler de l’exil, vous [les électeurs] m’avez nommé représentant du peuple. À la veille d’élire le premier magistrat de la République, mon nom se présente à vous comme le symbole d’ordre et de sécurité. Ces témoignages d’une confiance si honorable s’adressent, je le sais, bien plus à ce nom qu’à moi-même ; mais plus la mémoire de l’empereur me protège et inspire vos suffrages, plus je me sens obligé de vous faire connaitre mes sentiments et mes principes. »


Formules stéréotypes redoublant la déclaration de sa candidature quinze jours auparavant : « Eh bien ! oui, je l’accepte, cette candidature […], parce que trois élections successives […] m’autorisent à croire que la France regarde le nom que je porte comme pouvant servir […] à l’affermissement et à la prospérité de la République. » En effet l’Opinion Publique, journal légitimiste, ne se trompait pas en écrivant qu’élire Louis-Napoléon « ce n’est pas un homme, c’est un nom ».


La tendance des feuilles volantes de la campagne bonapartiste d’estomper l’écart entre les figures du petit caporal et du prince Louis culmine dans un placard offert, suite au 10 décembre, en guise d’étrennes au prix de trois centimes. L’illustration centrale gravée par Alphonse Farcy est signifiante à plus d’un titre. De nouveau Louis-Napoléon s’y place sous le patronage de l’Empereur, mais il pose maintenant avec l’assurance du président de la République, alors que la silhouette de Napoléon commence à s’égrener dans la sphère nuageuse de la mémoire. De plus, faisant apparition dans une auréole, les deux Napoléon se transmuent en êtres surhumains, saints politiques adorés par la foule des électeurs bonapartistes, composée d’hommes mûrs, dont beaucoup de vétérans et de militaires.

Les textes encadrant l’image font valoir les vertus de « l’homme de lumière ». À droite, des extraits de l’Extinction du paupérisme, pièce de propagande du conspirateur de de Boulogne, rédigé dans la prison de Ham. À gauche, la notice d’un Nouveau trait de bonté de L.-Napoléon Bonaparte, qui se pose en persécuté du régime orléaniste : « Comme on demandait au jeune Président de la République de nommer à l’Élysée-National un gouverneur militaire, Louis-Napoléon Bonaparte a répondu : “Je nomme gouverneur le capitaine de gendarmerie qui m’a arrêté à Strasbourg.” »


En bas, une vignette représentant l’aigle napoléonien avec une branche d’olivier, en outre une fois de plus une chanson de Léon de Chaumont composée sur l’air des Trois couleurs. Les vers prêtés à un partisan du prince-président s’adressent à « la belle étoile », signe de providence placée sur la poitrine de l’Empereur et éclairant directement « l’élu du peuple »  qui plane ainsi au-dessus des accusations de ses adversaires : « Nous le savons ; ta tâche est difficile ;/Beaucoup voudraient te barrer le chemin,/Mais que pourrait une haine stérile/Contre l’élu du peuple souverain ?/Le peuple ordonne ; au peuple obéissance !/Qui donc voudrait réformer ses arrêts !/Toi qui surgis au ciel de notre France,/Ma belle étoile, ah ! dis nous tes secrets. »


« Un âne chargé de reliques »

Cette exaltation extrême de Louis-Napoléon ne reste pas sans réponse de la part des républicains démocrates. Une lithographie anonyme intitulée Et voilà le peuple qui se dit le plus spirituel de la terre tient lieu d’une véritable réplique en employant le même schéma figuré de l’adoration du « saint » par les « croyants ». L’apparition du « sauveur » s’invertit en tentateur méchant sous les traits d’une tête d’âne coiffée du petit chapeau. Du même coup ses électeurs, parmi lesquels on distingue d’ailleurs Adolphe Thiers, se muent en une foule d’hommes superstitieux.

La feuille volante est caractéristique de tout un groupe de caricatures de la campagne électorale, engagées à persifler Louis-Napoléon sous la figure grotesque d’un baudet affublé du bicorne de l’Empereur : visualisation extrême correspondant aux efforts de la presse démocratique et socialiste de représenter le candidat des bonapartistes comme « contre-façon » ridicule de Napoléon afin de « sauver la foule ignorante et crédule des entraînements d’un fol enthousiasme » . Pour les caricaturistes l’âne fonctionne en quelque sorte comme l’incarnation du conspirateur malheureux de Strasbourg et de Boulogne ainsi que de l’orateur maladroit parlant médiocrement avec un accent germanique. Et l’opposition du neveu à l’oncle est encore renforcée par le biais du petit chapeau qui, signe d’héritage dans les affiches bonapartistes, parait manifestement absurde sur la tête ou le dos du baudet.


C’est le lithographe Rigobert qui excelle dans ce registre. Son Mirliton gravé, au demeurant cité le 11 novembre par Bertall, propose un choix de ses inventions multiples, clin d’œil humoristique accompagné d’une esquisse enfantine du prince Louis en Polichinelle. À côté de l’image supérieure figurant sur la bande enroulée autour du mirliton l’artiste a cryonné un petit couplet à chanter sur l’air populaire du Bocal aux Cornichons : « Tournons/autour du mirliton/nous verrons/des ânons/qui portent des reliques. »


Ces vers et la miniature correspondante renvoient à une satire violente visant l’électorat largement bonapartiste de la paysannerie. Dans la rue principale d’un village, les habitants se sont assemblés pour assister au passage de leur candidat. Tandis que les femmes et les enfants, assemblés au bord gauche de la rue, manifestent leur joie, les hommes, rangés à l’autre côté, se tombent humblement aux genoux. Mais qu’est-ce qu’ils voient au juste ? Rien qu’un âne portant le petit chapeau, l’épée, la redingote grise et les bottes de l’Empereur.

Illustration prégnante de l’affirmation des républicains démocrates que Louis-Napoléon, loin d’être un personnage à part entière, ne représentait qu’un nom emprunté, l’« âne chargé de reliques » fait carrière dans les caricatures : soit que, affublé de l’uniforme de l’Empereur et du petit chapeau, il pose sa candidature à l’aide du journaliste Émile Girardin ; soit que Thiers le tire par les oreilles pour le faire monter sur le trône de la présidence, alors que Marrast et Cavaignac font effort en sens inverse. soit qu’il accomplit des parades autrement ridicules devant ses adhérents. De plus, la formule graphique est projetée sur les activistes de la campagne bonapartiste, s’apprêtant à parcourir la province « pour éclairer les populations » sur la biographie du neveu qui, le petit chapeau enfoncé jusqu’au cou, les passe en revue personnellement. Le gourdin d’« importation anglaise » qu’il tient en réserve derrière le dos, allusion à ses activités de sergent de ville à Londres, est un signe de mauvais augure. À plusieurs égards la Grande revue de Rigobert constitue le pendant grotesque de la revue des colleurs d’affiches de Bouchot.


Révéler, chez Louis-Napoléon, l’absence d’une substance politique propre en construisant un personnage qui ne consiste que des attributs vestimentaires de l’oncle – ce procédé satirique des caricaturistes pouvait d’ailleurs se passer du baudet. Ainsi, évidemment inspiré par les lithographies de Rigobert, un artiste anonyme dresse au gagnant des présidentielles une colonne Vendôme réduite supportant une statue bizarre construite d’une paire de bottes et de la tête du prince Louis coiffée du petit chapeau, la bouche fermée par un cadenas. Au lieu des bas-reliefs célébrant les victoires de l’Empereur la spirale du fût dénonce les aventures d’un comploteur échoué : « Boulogne, Suisse, Strasbourg, sergent de ville à Londres. » La colonne de la gloire dégénère en colonne de la honte. Ce qui n’empêche pas que le héros ainsi statufié est objet de vénération du côté d’un paysan, d’une bonne naïve gardant un petit garçon bourgeois et du côté d’un invalide qui se prosterne devant l’idole avec un grand coup de son bicorne. Les sentiments de ces bonapartistes se manifestent dans la légende citant un vieux propos des demi-soldes et des vétérans napoléoniens des années 1820 : « Qu’on est fier d’être Français quand on regarde la colonne ! » Seul un gamin de Paris a le toupet de faire un pied-de-nez à cette préfiguration de Napoléon le Petit statufié sur la colonne-épigone.


Le petit chapeau contre la République

Inspirée par le succès de Louis-Napoléon aux élections partielles du 17 et 18 septembre et du retour du prince de l’exil de Londres sept jours plus tard, une lithographie de Charles Devrits se dépêche à célébrer ces événements sous forme d’une scène allégorisante. C’est avec une large enjambée et des gestes pathétiques que le nouveau député foule le sol de la « France », marqué par une borne. Manifestant son patriotisme par la main gauche posée sur le cœur, il fait du bras droit un mouvement triomphal en agitant son chapeau haut-de-forme. Or. il n’arrive pas seul, mais amené par une jeune femme gracieuse qui porte une lance inscrite des initiales « R. F. »,  signe d’identité confirmé par le distique de Dupuys d’Alençon imprimé sous l’image : « N’en déplaise aux Royaux, la République appèle [sic]/Ce qui peut la servir, et lui rester fidèle. » Cependant. demie porte-étendard de la Grande Armée, demie archange tuant le serpent de l’anarchie, cette “République” hybride coiffée du bonnet rouge diffère beaucoup de l’allégorie musclée et majestueuse chère aux graveurs de la révolution de Février. Et il semble que, dans la perspective bonapartiste, sa présentation du prince Louis ne suffit pas, puisqu’elle est complétée par la bénédiction de l’Empereur qui, tel un saint, apparait à l’arrière-plan, porté par sa “redingote grise” élargie et flottante.


Par sa révérence ambiguë à la République l’image de Charles Devrits, dont le format s’approche des tableaux de dévotion, va de pair avec les proclamations publiques des affiches bonapartistes. Illustrées de vignettes républicaines, elles répètent l’assurance du prince, donnée à l’Assemblée nationale le 26 octobre, de « servir […] à l’affermissement et à la prospérité de la République » ainsi que sa réponse aux appréhensions que sa nomination signalait « la mort de la République » : « Ces frayeurs républicaines étaient-elles de bonne foi ? Les alarmistes étaient-ils de francs patriotes soupçonneux à l’approche de l’héritier du grand nom des temps modernes, ou tout bonnement des représentants de certaines coteries […] ? »


De même, le Manifeste du candidat signé le 27 novembre affirme : « Je ne suis pas un ambitieux qui rêve tantôt l’Empire et la guerre, tantôt l’application de théories subversives. […] Si j’étais nommé président, […] je me dévouerais tout entier, sans arrière-pensée, à l’affermissement d’une république sage par ses lois, honnête par ses institutions, grande et forte par ses actes. » Concept d’une république étatiste et conservatrice qui aboutit à un programme paternaliste de l’ordre : « Protéger la religion et la famille... Protéger la propriété… Admettre toutes les économies qui […] permettent la diminution des impôts les plus onéreux... donner du travail aux bras inoccupées… Enfin, préserver la liberté de la presse des deux excès qui la compromettent toujours : l’arbitraire et sa propre licence. »


À ce verbalisme “républicain”répond une suite de caricatures en opposant au petit chapeau, signe du candidat bonapartiste, la figure d’une forte femme, incarnation de la Seconde République. Par exemple, habillée en héroïne romaine et coiffée du bonnet phrygien, elle surveille la représentation publique du Nouveau jeu de bagues mis en scène par Charles Vernier. Selon le sous-titre de la lithographie « Le gagnant aura droit à un superbe fauteuil. » Dans l’attente des présidentielles les électeurs observent le manège des candidats, actionné par un ouvrier faisant tournoyer Louis-Napoléon, Cavaignac, Ledru-Rollin et Lamartine, montés respectivement sur un aigle, sur un cheval de bois, sur un sphinx et sur Pégase. Il semble en effet que les efforts du chevalier au grand bicorne d’enfiler les anneaux fixés à la potence et de gagner la partie de la Présidence pourraient réussir.


Forcément, la République en est profondément embarrassée, comme le suggère une lithographie de l’éditeur prolifique Lordereau. La tenue tordue de la jeune femme et sa mine immobile expriment un mélange de perplexité et de tristesse sombre face aux candidats principaux représentés par leurs attributs : « Un Grand Sabre, une Vieille paire de Bottes, ou du Camphre. » En effet, les candidats socialistes n’ont point de chance d’être élus, comme l’indiquent les œuvres de leurs maîtres à penser (Raspail, Pierre Leroux, Proudhon) qui, marinées de camphre fétide, sont enfermées dans un bocal. Mauvaises perspectives aussi pour Cavaignac, car sa botte qui s’éloigne et le sabre orné de sa tête rappellent le commandant de la répression sanglante de l’insurrection ouvrière de « Juin ». Restent la paire de bottes et le petit chapeau de Louis-Napoléon, solidement debout au centre de la composition. Décevante pour les républicains démocrates, cette perspective est prometteuse pour les bonapartistes et leur consigne de vote par la chanson : « Voulez-vous du mic-mac/Choisissez Cavaignac./Voulez-vous d’la canaill’/Choisissez Monsieur Raspail./Voulez-vous un coquin/Choisissez Ledru-Rollin,/Mais voulez-vous du bon/Choisissez Napoléon. »


Annoncé dans l’image précédente, le rapport de force inégal entre les candidats concurrents et leurs électorats respectifs est visualisé de façon extrême par une vision aussi perspicace que suggestive du Punch publiée à Londres et reproduite dans plusieurs journaux illustrés du continent (39). L’allégorie de la République française, réduite à une petite figure fragile, balance au bord d’un gouffre qui s’ouvre dans le petit chapeau, bicorne retourné aux dimensions énormes. L’arrière-plan redouble la tension dichotomique de la composition. À gauche, la femme au bonnet phrygien est associée à l’arbre de la liberté qui se dresse derrière elle, alors que, à droite, l’Empereur, debout sur la Colonne, préfigure de loin son neveu sous le signe du petit chapeau annexé.


S’y ajoutent des slogans électoraux bonapartistes gribouillés sur le mur d’une maison : « Vive Élection President Vive Napoleon. » Alors, quel sera le sort de cette République qui, suivant la souscription, « considère le suicide » ? Si elle va se précipiter dans le gouffre, l’inscription de la bordure intérieure du bicorne, bien que abrégée de façon lapidaire, anticipe sur les conséquences de l’élection pour le régime politique : « Nap ۰ Emp ۰ Fran.s »


Dans la mesure où, d’un point de vue complémentaire, la femme représente à la fois l’électorat (républicain), l’image du Punch pourrait aussi faire allusion au dilemme créé par le célèbre discours de Lamartine largement diffusé dans la presse. Bien que redoutant un succès des bonapartistes, l’orateur avait, le 6 octobre, emporté la décision de la Constituante en faveur de l’élection du président de la République au suffrage universel direct en sacralisant la volonté du peuple : « Si les masses se laissent facilement entraîner par le reflet d’une grande gloire, par le mirage d’un glorieux souvenir, il y a aussi, dans un peuple travaillé par cinquante-deux ans de révolutions, de grandes espérances. Ce sont ces espérances qu’il faut encourager. – Nous devons dire comme les anciens : alea jacta est, le sort est jeté. L’homme ne peut pas tout faire, tout voir ; il faut laisser quelque chose à la Providence, qui voit plus loin et mieux que nous. […] Mais s’il arrive que le peuple se trompe, si le peuple s’égare, […] ce sera sa faute. »


À la prévision du Punch, publiée huit jours avant le 10 décembre, suit la Prédiction symbolique, beaucoup plus directe, de l’éditeur Lacrampe au numéro 28 de la série évoquée ci-dessus (41). La feuille volante prétend d’avoir été produite à la veille même des élections. Dans l’image, le bonnet phrygien de la jeune femme portant la ceinture de la « République » et le petit chapeau du prince Louis, déguisé en Napoléon, se touchent immédiatement. Pendant que l’allégorie, confiante dans les promesses républicaines du candidat, l’embrasse d’un mouvement résolu, Louis-Napoléon s’apprête à la poignarder par derrière tout en disant « Je jure fidélité à la République. » Son poignard porte l’inscription « Empire ».


Sous l’image, l’Extrait du catéchisme républicain du père André imite les dialogues didactiques d’un tract populaire pour alerter les électeurs une fois de plus contre le candidat bonapartiste, jugé dangereux : « L’ignorance de Français les tient courbés sous ce très-ridicule préjugé qui leur fait accorder confiance à un homme qui n’y a d’autre titre que de“porter, par hasard, le nom de quelque illustre parent”. Cette confiance, les Français l’accordent alors même que l’incapacité de cet homme s’est sans cesse révélée par des sottises. N’est-ce pas bien absurde, fort ridicule ? […] Quand on a besoin d’avoir confiance dans un homme, est-ce qu’il suffit de savoir ce qu’a été son parent ? Non ! Eh bien ! ce qui n’est pas sage pour de faciles affaires particulières, devient folie alors qu’il s’agit des affaires de la Nation. La Nation, par intérêt pour elle-même, ne doit donner son suffrage qu’à celui à qui réellement les mérites appartiennent, – afin de n’être pas dupe du geai qui se pare des plumes du paon. »


Des campagnes médiatisées

Bien que réduit à une sélection restreinte parmi la masse des documents disponibles, choix focalisé sur les images, l’échantillon présenté ci-dessus indique que les campagnes des élections législatives et présidentielles de 1848 étaient de véritables campagnes médiatisées, dominées par les affiches et les feuilles volantes. Les contemporains en étaient bien conscients. Surtout de septembre à décembre on assiste à la production accélérée de placards adressés aux électeurs et de satires graphiques, comme l’atteste par exemple la série de trente planches illustrées publiées par Lacrampe. De toute évidence, dirigée par le Comité napoléonien et un groupe d’enthousiastes autour de Persigny, la campagne en faveur de Louis-Napoléon était beaucoup mieux organisée que la contre-propagande des républicains démocrates aux initiatives éparses et individuelles.


Y correspond l’écart des camps opposés en ce qui concerne la technique et le genre des estampes. De la part des bonapartistes, une suite assez homogène de bois de fil, illustrés de portraits encadrés de textes biographiques, de proclamations et de chansons ; feuilles volantes aux images conventionnelles, parfois proches des tableaux de dévotion. Du côté des adversaires démocrates, on relève soit des caricatures dans la tradition du Charivari, soit des lithographies grotesques à la manière de Rigobert, soit des affiches typographiques agrémentées de vignettes satiriques sous forme de gravures sur bois.


La propagande visuelle des estampes concurrentes et de leur symbole-clé commun, le petit chapeau, observe respectivement des argumentations caractéristiques. Les affiches bonapartistes présentent Louis-Napoléon en honnête homme sérieux entrant en scène sous l’ombre de l’Empereur. Sans porter lui-même le petit chapeau il est bénit par celui de l’oncle qui le désigne du même coup comme son héritier légitime. De même, les textes accompagnants, sans faire état d’éventuels mérites ou qualifications du prince, insistent sur le « grand nom » du candidat et sur la gloire du Premier Empire. Çà et là givrée d’un aveu formel à la République, l’évocation du Napoléon populaire est omniprésente et systématique.

Alors que les affiches bonapartistes s’efforcent de rapprocher le neveu de l’oncle, les caricaturistes démocrates opposent l’un à l’autre par le biais du petit chapeau. Généralement, un bicorne démesuré masquant la figure véritable de Louis-Napoléon leur sert de « preuve » évidente que le prince, loin d’atteindre la stature de l’Empereur, n’en est que l’épigone prétentieux et ridicule. Plus exactement, la tactique du prétendant d’accaparer le culte de Napoléon au profit de sa campagne électorale est persiflée par la mise en scène du petit chapeau sous forme de trois schémas figurés : l’essayage échoué du chapeau de Napoléon qui s’avère beaucoup trop grand pour le prince Louis ; la valorisation du petit chapeau en relique d’un culte superstitieux ; l’affrontement en apparence bénin, mais en réalité hostile de Louis-Napoléon affublé du chapeau et de l’allégorie de la Seconde République coiffée du bonnet phrygien.


Les discours figurés des affiches bonapartistes d’une part et des caricatures démocrates de l’autre évoluent côte à côte sans déboucher sur un débat mutuel ; ce n’est qu’exceptionnellement qu’une caricature répond directement à un portrait de dévotion du prince-président.


Bien sûr, l’originalité graphique, la perspicacité politique et la puissance expressive se trouvent plutôt du côté des caricatures, mais leur ambition d’attacher Louis-Napoléon au pilori de la dérision publique n’a pas vraiment abouti au succès espéré : de toute évidence, le ridicule n’était pas une arme efficace auprès des électeurs. La propagande plus efficace des affiches bonapartistes, menée sous le signe du petit chapeau, est résumée par une lithographie d’Honoré Daumier, publiée huit jours avant les présidentielles. Reconfiguré en Paquebot napoléonien flottant sur l’eau, le bicorne renversé sert de moyen de transport tiré par l’aigle impériale. Le prince Louis y prend pied. La forme de sa tête et les traits de son visage, significativement exagérés par l’artiste, révèlent la santé précaire de l’ancien prisonnier de Ham, la prétention du neveu de l’Empereur et la résolution du candidat de conquérir la présidence. En claquant le fouet il pousse l’aigle mouillé à l’amener au rivage droit de la Seine. Or, il semble que la symbolique de la composition vise encore plus loin, car dans la mesure où elle fait à la fois allusion au spectacle du bateau de deuil qui, en décembre 1840, avait monté la Seine avec le restes de Napoléon, elle suscite l’impression d’un « Retour des cendres » renouvelé – retour du « grand homme » sous la figure du neveu ressuscité des cendres de l’oncle.


Après avoir porté le candidat bonapartiste à la présidence le petit chapeau a fait son temps. Significativement, le lithographe Xavier imagine alors une scène d’essayage modifiée. « L’homme considérable » s’est substitué au « grand homme » dont il a mis de côté le bicorne. Les souvenirs refoulés de « Strasbourg » et de « Boulogne » qui se dessinent au fond sont en train de s’estomper. Plein d’assurance le prince-président s’abstient d’un chapelier pour essayer tout seul le couvre-chef impérial dorénavant à l’ordre-du-jour. Une fois de plus il doit concéder que « décidément mon oncle avait la tête plus forte que moi ». Ce qui ne l’empêche point de persister dans ses projets.


La prévision de Xavier n’est pas très loin de la réalité historique. En fait, après 1848, les références au petit caporal et au petit chapeau disparaissent des estampes officielles du gouvernement pour être remplacés ensuite par l’aigle impérial et par le portrait de l’Empereur en costume de sacre. Enfin, en 1863, la figure du Napoléon populaire sur la Colonne Vendôme devra céder la place à une copie de l’ancienne statue impériale de Chaudet.


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