La 21e demi-brigade est formée pour la première fois le 31 mars 1794, par l’amalgame du 21e bataillon de chasseurs (ex-bataillon franc, dit de Muller) et des 10e et 17e bataillons de Fédérés nationaux, ses chefs de brigade successifs étant Le Debesque puis Denoyer. En 1796, elle sert à l’armée de Rhin-et-Moselle, en Italie en 1797-1798, et enfin à l’armée d’Orient.
Fort de trois bataillons, l’unité sert à la 2e division d’avant-garde sous les ordres du général Desaix et comprend 2 100 hommes. Elle est placée sous le commandement du chef de brigade Georges Henri Eppler (1760-1806) qui a été nommé à ce poste le 29 octobre 1798. La 21e va servir à la prise de Malte, à celle d’Alexandrie, à la prise du Caire.
Chargé de conquérir la Haute-Égypte, Desaix s’embarque avec elle à Boulaq le 25 août. Une semaine auparavant, l’effectif de la 21e est de 1 923 hommes, officiers compris ; le 3e bataillon est détaché au Caire. La petite colonne expéditionnaire, placée sous les ordres de Desaix, comprend six bataillons d’infanterie, dont deux de la 21e légère. L’ordre du jour de la division Desaix du 6 fructidor (23 août) prescrit que les troupes s’embarqueront le 7, à la pointe du jour : « [...] La 21e s’embarquera au Vieux-Caire [...]. » Les gros bagages et les chevaux doivent être laissés aux dépôts des corps, les chameaux remis à l’administration des transports. Les troupes doivent emporter les marmites, bidons, pelles, haches et autres effets de campement.
L’embarquement
La 21e demi-brigade est stationnée à Civita-Vacchia avant d’embarquer : « Le 25 août, Desaix avec cinq mille hommes, dont six cents de cavalerie, trois cents d’artillerie ou de sapeurs, et quatre mille trois cents d’infanterie, une escadrille de huit bâtiments, demi-galères, avisos ou demi-chebecs, montés par des marins français, partit du Caire. C’était à la fois une opération militaire importante, et un voyage scientifique d’un grand intérêt. Pour la première fois depuis la chute de l’empire romain, une nation civilisée et cultivant les sciences et les arts allait visiter, mesurer, fouiller ces superbes ruines qui occupent depuis tant de siècles la curiosité du monde savant. Personne n'était plus propre à diriger une pareille opération que Desaix ; personne ne le désirait avec plus d'ardeur. Jeune, la guerre était sa passion ; insatiable de gloire, il connaissait toute celle qui était attachée à la conquête de ce berceau des arts et des sciences. Au seul nom de Thèbes, de Coptos, de Philæ, son cœur palpitait d’impatience. Les généraux Friant et Belliard, l’adjudant-commandant Donzelot, le colonel d’artillerie la Tournerie, étaient sous ses ordres. Le 21e léger, les 61e et 88e de ligne, excellents régiments qui s’étaient embarqués à Civita-Vecchia, étaient les plus nombreux de l’armée. Ils occupaient le même camp, au sud de Gizéh, depuis deux mois, et Desaix les avait employés à se préparer à cette campagne. La cavalerie était montée sur des chevaux arabes, aussi bons que ceux des Mameloucks, provenant des remontes et des prises, mais elle n’était pas nombreuse. Les remontes se faisaient avec difficulté, le pays était encore mal soumis. Des savants et des artistes désiraient suivre Desaix, ce qui aurait eu le double inconvénient d’exposer aux périls de la guerre des hommes précieux, et de porter du retard dans les opérations militaires. Denon seul eut la permission de suivre, comme volontaire, le quartier général de la division ».
Les tenues pour la 21e
Le 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire), Bonaparte prescrit que le magasin central d’habillement distribuera aux troupes, en sus des quantités allouées le 2 août, les matières nécessaires pour confectionner 10100 habits, 21300 capotes, 8900 pantalons pour l’infanterie, l’artillerie et le génie ; 2 400 gilets et 2 400 pantalons d’écurie pour les troupes à cheval. Ces quantités sont ainsi réparties: « [...] 21e demi-brigade légère 800 habits, 1700 capotes, 800 pantalons [...] ».
Desaix remonte le Nil et est vainqueur des Mamelucks à Behnechec le 3 septembre, puis à la bataille de Sédiman le 7 octobre. La 21e arrive à Denderah le 24 janvier 1799 et à Thèbes le lendemain. Le village de Denderah est atteint par la division Desaix le 24 janvier 1799. Sur la terrasse du temple d’Hathor, dominant la vallée, endroit de choix pour monter la garde, on remarque des graffiti laissés par les occupants. Les inscriptions sont gravées sur le rebord de la terrasse du temple, côté façade (autorisation spéciale pour accès). Au centre vers les crochets de métal, celle évoquant le carabinier Louis Guibourg : « Louis / Guibourg (3) / 1799 / F. S... SOT / 1799 / John Gordon / 1804. » Légèrement plus à gauche : « Rochet C. Mostyn / Mazellier / natif de St Hipolite. » À l’angle droit : « 1799 / Ladouceur 1799 / G. Gelot/ Cher. » La 21e pousse jusqu’à la première cataracte du Nil ; le 29 janvier, elle est à Edfou et va laisser de nombreuses inscriptions. Ce sera ensuite Assouan le 1er février, avant le retour au Caire le 16 octobre. La « Commission » de savants dirigée par Girard accompagne et est protégée par cette troupe.
Un témoignage sur la bataille de Sédiman
Le 16 vendémiaire, à la pointe du jour, la division du général Desaix se mit en marche et se trouva bientôt en présence de l’armée de Mourâd bey, forte de cinq à six mille chevaux, la plupart arabes, et un corps d’infanterie qui gardait les retranchements de Sédymân, où il avait quatre pièces de canon. Le général Desaix forma sa division, toute composée d’infanterie, en bataillon carré qu’il fit éclairer par deux petits carrés de deux cents hommes chacun. Les Mamlouks, après avoir longtemps hésité, se décidèrent et chargèrent, avec d’horribles cris et une grande valeur, le petit peloton de droite commandé par le capitaine de la 21e, Vallet. Dans le même temps, ils chargèrent la queue du carré de la division, où était la 88e, bonne et intrépide demi-brigade. Les ennemis furent reçus partout avec le même sang-froid. Les chasseurs de la 21e ne tirèrent qu’à dix pas et croisèrent leurs baïonnettes. Les braves de cette intrépide cavalerie vinrent mourir dans le rang, après avoir jeté masses et haches d’armes, fusils, pistolets, à la tête de nos gens. Quelques-uns, ayant eu leurs chevaux tués, se glissèrent le ventre contre terre pour passer sous les baïonnettes et couper les jambes de nos soldats ; tout fut inutile. Ils durent fuir ; nos troupes s’avancèrent sur Sédymân, malgré quatre pièces de canon, dont le feu était d’autant plus dangereux que notre ordre était profond ; mais le pas de charge fut comme l’éclair, et les retranchements, les canons et les bagages nous restèrent. Mourâd bey a eu trois beys tués, deux blessés et quatre cents hommes d’élite sur le champ de bataille ; notre perte se monte à trente-six hommes tués et quatre-vingt-dix blessés. Ici, comme à la bataille des Pyramides, les soldats ont fait un butin considérable. Pas un Mamlouk sur lequel on n’ait trouvé quatre ou cinq cents louis.
La 21e légère avec les savants
Le but de cette commission scientifique est de recueillir des renseignements sur le commerce, l’agriculture, les arts, l’histoire naturelle, les antiquités, le régime d’eau du Nil, les irrigations, etc. Le 30 juin, le groupe de savants arrive à Esneh et trouve une petite garnison française composée de deux bataillons de la 21e légère : le 1er bataillon, 595 hommes, et le 2e bataillon, 587 hommes ; à cette époque le temple est presque enseveli par les sables. Entre le 13 et le 26 juillet 1799, les savants, qui continuent le remonter le Nil, sont accompagnés par la 21e et découvrent l’île de Philae avec son temple. Castex ne peut s’empêcher d’y graver le souvenir de leur passage et mentionne : « Eppler chef de la 21e légère. » C’est ensuite le retour au Caire en octobre 1799. En 1801, la 21e est employée à la défense d’Alexandrie. En 1803, la 21e demi-brigade d’infanterie légère deviendra, jusqu’au 12 mai 1814, le 21e régiment d’infanterie légère ; elle servira à la Grande Armée de 1805 à 1807, en Espagne de 1808 à 1813 et à l’armée des Pyrénées en 1813-1814.
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