En 1807, la petite ville de Tilsit est le rendez-vous des têtes couronnées. Napoléon y rencontre la reine Louise de Prusse, l’une des plus belles femmes de son temps, venue implorer la clémence du vainqueur à l’égard de son pays. Un beau sujet pour les peintres
Après sa victoire à Friedland sur l’armée du tsar, Napoléon dicte les conditions de paix à Tilsit. Ses nombreuses entrevues avec Alexandre Ier se déroulent dans une ambiance festive et chaleureuse. L’autocrate russe en profite pour intercéder en faveur de ses amis, Frédéric-Guillaume III et Louise de Prusse.
La reine arrive à la rescousse
Membre de la noble maison de Mecklembourg-Strelitz, habituée depuis son enfance à haïr les Français qui avaient obligé sa famille à fuir pendant les guerres de la Révolution, Louise épousé le prince héritier en 1793, à l’âge de dix-sept ans. Devenue reine en 1797, elle a poussé son mari à faire partie de la coalition antifrançaise. En 1806, Napoléon l’a tournée en ridicule dans un bulletin de la Grande Armée : « La reine de Prusse est à l’armée, habillée en amazone, portant l’uniforme de son régiment de dragons, écrivant vingt lettres par jour pour allumer de toutes parts l’incendie. »
Après les défaites d’Iéna et d’Auerstedt, la famille royale a mené une vie de bâton de chaise, se réfugiant à Königsberg puis à Memel. La défaite des Russes à Friedland sonne le glas des espoirs de Louise. Son époux se rend à Tilsit pour rencontrer le vainqueur et plaider la cause de son pays, mais Napoléon le traite avec mépris et lui tient des propos durs, voire insultants. Il s’écrie devant témoins : « Ignoble roi, ignoble nation, ignoble armée, puissance qui a trompé tout le monde et ne mérite pas d’exister ! » Dès le premier jour, Frédéric-Guillaume III se mure dans le silence, par peur de perdre sa dignité. C’est alors que la belle reine arrive à sa rescousse (1), plus que jamais déterminée à éviter le démembrement de la Prusse en espérant obtenir quelques concessions.
Son arrivée à Tilsit, le 6 juillet 1807, produit une sensation. Le célèbre mémorialiste Jean-Roch Coignet en est vivement impressionné : « Quelle démarche majestueuse ! J’avais alors trente ans, et j’aurais donné une de mes deux oreilles pour rester avec elle aussi longtemps que l’Empereur. » La reine porte une robe de crêpe blanche brodée d’argent et un diadème de perles. Sa première entrevue avec Napoléon se déroule sans témoins. Louise fait assaut de coquetterie, cachant à peine sa répugnance. Alors qu’elle tente de plaider pour la conservation de l’intégrité territoriale de la Prusse, son interlocuteur évite de faire des promesses et n’aborde que des sujets futiles. Le roi, fatigué de patienter derrière la porte, entre subitement dans la pièce et interrompt leur tête-à-tête, au grand mécontentement de la reine. Napoléon, auquel rien n’échappe, s’amuse de cette scène conjugale, tout en reconnaissant au fond de lui-même que cette femme est « cent fois au-dessus de son mari ». Louise sort le visage tout mouillé de larmes et les yeux gonflés. S’adressant à son chef d’état-major, l’Empereur remarque : « Eh bien, Berthier, la belle reine de Prusse pleure joliment ; elle croit que je suis venu jusqu’ici pour ses beaux yeux ! »
Comble de l’humiliation, les souverains prussiens sont logés dans un moulin « avec les ânes du meunier ». Dérangés par le bruit que font les soldats venus moudre les grains, ils dînent tous les jours chez Napoléon. La reine veut paraître gaie et détendue, tout en tentant d’amener la conversation sur des sujets sérieux. L’Empereur ne se laisse pas faire et la questionne sur ses robes. Un jour, alors qu’elle arrive avec un turban de mousseline sur la tête, il demande si c’est pour faire plaisir au tsar qui est en guerre contre les Turcs. Elle répond : « Non, c’est plutôt pour faire la cour à Roustam ! »Le mameluck de Napoléon, présent, apprécie sans doute cette répartie...
Amusé par ce manège et le ton pathétique qu’elle emploie, Napoléon la compare à la célèbre actrice Duchesnois en Chimène. Afin de lui faire quitter ce rôle tragique, il la fait asseoir ! Il en fait part dans une lettre à l’impératrice Joséphine : « La reine de Prusse est réellement charmante ; elle est pleine de coquetterie pour moi. Mais n’en sois point jalouse : je suis une toile cirée sur laquelle tout cela ne fait que glisser. Il m’en coûterait trop cher pour faire le galant. » La beauté de son interlocutrice ne l’impressionne pas outre mesure, puisqu’elle « commençait à perdre de sa première jeunesse ». Les artifices déployés par Louise ne servent donc à rien. Elle en prend la pleine mesure lors d’un dîner mémorable. Alors que Napoléon la complimente à propos d’une rose épinglée sur sa veste, la reine lui demande : « Votre Majesté veut-elle cette rose en échange de la place de Magdebourg ? » Le refus de l’Empereur la plonge dans le désespoir, car il s’agit d’une forteresse très importante pour la Prusse. Mais la décision de Napoléon est irrévocable, comme il l’explique à Talleyrand, chargé des négociations : « Il est dans mon système d’affaiblir la Prusse, je veux qu’elle ne soit plus une puissance dans la balance politique de l’Europe. » Plus tard, détournant à son compte la célèbre réplique de Marie Tudor à propos de Calais, Louise dira : « Si l’on ouvrait mon cœur, on y lirait le nom de Magdebourg. »
Une souveraine très aimée
Le traité de Tilsit, désastreux pour la Prusse qui perd tous ses territoires de la rive gauche de l’Elbe et ses acquisitions lors des partages de la Pologne à la fin du xviiie siècle, sans compter une grosse contribution de guerre, porte un coup terrible au moral de la reine. Au moment des adieux, elle fait la dernière tentative désespérée d’émouvoir Napoléon : « Est-il possible qu’ayant eu le bonheur de voir de si près l’homme du siècle et de l’Histoire, il ne me laisse pas la liberté et la satisfaction de pouvoir l’assurer qu’il m’a attachée pour la vie ? » L’Empereur lui répond avec un sourire énigmatique : « Madame, je suis à plaindre, parce que tout cela est un effet de ma mauvaise étoile. » Profondément déçue et frustrée par le rôle qu’elle a été amenée à jouer, elle déclare à Talleyrand regretter sa venue et répond à Murat qui lui conseille de lire l’histoire du présent plutôt que celle du passé : « C’est déjà trop pour moi que d’y vivre ! »
Dans les années suivantes, la souveraine œuvre sans relâche à appuyer les réformes conduites par les ministres prussiens. En 1809, le couple royal visite Saint-Pétersbourg. C’est la dernière joie de celle qui aime tant les fêtes et les distractions de la cour. Atteinte d’une infection pulmonaire, Louise décède le 19 juillet 1810 pendant un séjour chez son père, au château de Hohenzieritz en Brandebourg. Tout le pays plonge dans le deuil. Mère de plusieurs enfants, dont le roi Frédéric-Guillaume IV, l’empereur Guillaume Ier d’Allemagne et l’épouse du tsar Nicolas Ier, frère d’Alexandre Ier, elle est élevée en Prusse au rang d’une femme exemplaire, héroïne nationale et symbole de la renaissance du pays à partir de 1813. L’ordre de Louise, institué en 1814, récompense les femmes qui ont prodigué les soins aux blessés et malades pendant la guerre de la Libération. Son mausolée est toujours visible au parc du château de Charlottenbourg à Berlin. Tilsit (aujourd’hui Sovetsk en Russie) n’a pas oublié la belle solliciteuse : une magnifique statue de Louise trône dans un jardin, non loin du grand pont sur le Niémen qui porte son nom.
La scène représentée par Gosse est l’arrivée des souverains à Tilsit peu après huit heures du soir le 6 juillet 1807, pour dîner au logement de Napoléon (2). L’Empereur a réservé à la reine un accueil solennel et les honneurs militaires. Une haie de grenadiers de la Garde 1, parmi lesquels se trouve probablement Coignet, est visible à l’arrière-plan. La reine 2, qui porte une somptueuse robe Empire, est entourée de son époux, Frédéric-Guillaume III, et du tsar Alexandre. Le monarque russe 3 arbore le grand cordon de la Légion d’honneur, tandis que Napoléon 4 affiche celui de l’ordre russe de Saint-André. Alexandre Ier, bel homme malgré sa calvitie naissante, affiche d’autres décorations : la croix de Saint-Georges, décoration militaire par excellence, celle de Saint-Alexandre-Nevski, la plaque de Saint-André.
Le roi de Prusse 5 arbore la décoration et le cordon orange de l’ordre de l’Aigle noir. Son rôle piteux à Tilsit a provoqué des moqueries de la part des Français. Aussi Coignet parle-t-il de lui en ces termes : « Il était bien sot près du grand homme ! Heureusement que le grand Alexandre était là pour prendre sa défense : il avait l’air d’une victime qui mérite la correction. Dieu qu’il était maigre, le vilain souverain ! Il représentait la misère, avec une figure bête. Mais aussi il avait une bien belle reine ! » Le lieutenant Charles François se montre encore plus impitoyable : « Le roi de Prusse, comme les autres souverains, était souvent à pied, et ce grand flandrin à longue queue était toujours derrière les empereurs et semblait honteux d’être parmi eux. Notre Empereur était obligé de lui dire : “Votre Majesté est priée d’avancer.” Je n’ai jamais vu prince si godiche que ce roi. » Les soldats se gaussent en voyant passer les trois monarques : « Voilà Napoléon, Alexandre et leur valet. » Au bout de quelques journées passées ensemble, l’Empereur forme une opinion très défavorable sur Frédéric-Guillaume III : « C’est un homme extrêmement borné, sans caractère, sans moyens, un vrai benêt, un balourd, un ennuyeux, aussi bête qu’un sergent instructeur ! » Il s’en souviendra à Sainte-Hélène : « Le roi de Prusse était un vrai benêt, chaque fois qu’il venait chez moi pour me parler affaires, il ne parvenait jamais à exprimer sa pensée, je l’entretenais de shakos, de boutons, de sacs en peau et de mille bêtises. »
La silhouette de Napoléon est très classique. Sur son habit de colonel des grenadiers à pied de la Garde, il affiche les croix de la Légion d’honneur et de la Couronne de fer. La couleur de ses yeux est précisément celle décrite par Denis Davydov, officier russe qui l’a approché de près à Tilsit : « Je vis un homme se tenant droit, sans la moindre tension, ce qui caractérise d’ailleurs presque toutes les personnes de petite taille. Mais ce qui le distinguait entre tous, c’était une sorte de prestance noble et militaire qu’il avait certainement acquise par son habitude de dominer les hommes et par un sentiment de sa supériorité morale sur eux. Il était tout aussi remarquable par son aisance et ses manières libres, par son agilité naturelle dans les mouvements les plus fougueux et les plus rapides, qu’il marche ou qu’il reste sur place. Je vis un homme au visage pur, au teint un peu basané, aux traits très réguliers. Son nez était petit et droit, avec une très légère bosse à peine visible à la racine. Ses cheveux n’étaient pas noirs mais blond foncé, ses sourcils et ses cils plus proches du noir que de la couleur de ses cheveux, ses yeux bleus, ce qui, combiné aux cils presque noirs, rendait son regard très agréable. Enfin, à aucune de mes rencontres avec lui je ne vis ces sourcils froncés dont le gratifiaient les portraitistes-pamphlétistes de l’époque. »
À droite, le cordon rouge de la Légion d’honneur est porté par le grand-duc Constantin Pavlovitch 6, frère du tsar, et le prince Alexandre Borissovitch Kourakine 7. Entre eux, se tient le septuagénaire feld-maréchal prussien Friedrich Adolf von Kalckreuth 8, qui a commandé la garnison de Dantzig pendant un long et mémorable siège par les troupes napoléoniennes en 1807. Il arbore la plaque de l’ordre russe de Saint-André et le cordon orange de celui de l’Aigle noir, ainsi que la croix de Saint-Alexandre-Nevski autour du cou. C’est lui qui a signé l’armistice avec le maréchal Berthier. Si Alexandre Ier – « un des beaux hommes d’Europe » d’après Coignet –, suscite l’enthousiasme, son frère est loin de remporter les suffrages. Louis-François Lejeune l’a observé avec l’œil exercé du peintre : « Le grand-duc Constantin avait des traits écrasés comme ceux des Kalmouks, et il ressemblait à son père Paul Ier ; mais sa taille élevée était admirablement prise, et sa hardiesse à monter des chevaux fougueux n’était comparable qu’à son adresse extraordinaire à les dompter. Il se plaisait à nous en donner le spectacle sur le pavé large et glissant des rues de Tilsit, qui multipliait singulièrement les dangers de ces hardis exercices. »
Kourakine, connu pour ses habits somptueux surchargés de bijoux et de dentelles, n’y a pas dérogé sur ce tableau. Les boutons et la garde de son épée sont en diamants ; une épaulette en perles ou en diamants recouvre son épaule droite. Il porte les croix de Malte (en sa qualité de commandeur de cet ordre) et de Saint-Alexandre-Nevski autour du cou, ainsi que la plaque de Saint-André sous celle de la Légion d’honneur, comme sur son célèbre portrait par Vladimir Borovikovski. Le ruban de la décoration française cache presque entièrement celui de Saint-André, de couleur bleue. Nommé ambassadeur à Paris après Tilsit, c’est lui qui introduit en France le « service à la russe », lorsque les plats sont servis successivement et non tous en même temps, ce qui permet de manger chaud.
Derrière le couple royal, on aperçoit une dame 9 habillée à la mode allemande. Il s’agit soit de la comtesse de Tauentzien, soit de la comtesse de Voss, cette dernière servant depuis cinquante ans à la cour de Prusse et très fidèle à l’étiquette. Les deux hommes en habits blancs assez fantaisistes sont très probablement les princes Henri de Prusse 10, frère du roi, et Louis de Bavière, futur roi Louis Ier 11. Les coiffures des militaires qui se profilent derrière eux sont anachroniques et se rapportent plutôt aux années 1830, époque de la création du tableau.
Sur le perron, on aperçoit quelques visages familiers : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord 12, le principal négociateur français ; le grand maréchal du palais Géraud-Christophe de Michel du Roc, dit Duroc 13 ; le maréchal Jean-Baptiste Bessières 14, avec ses cheveux poudrés ; le maréchal Louis-Alexandre Berthier 15 ; Agathon Jean François Fain 16, secrétaire de Napoléon. À gauche, les maréchaux Joachim Murat 17 et Louis-Nicolas Davout 18 ont les yeux tournés vers les souverains. Talleyrand, Berthier et Murat sont ceints du cordon de l’ordre de Saint-André, courtoisie de l’empereur de Russie en réponse à la distribution des décorations de la Légion d’honneur à quelques membres de son entourage.
L’hôtel de ville 19 de Tilsit, de style baroque, est surmonté d’une tour ornée d’une flèche de 34 m de haut et d’une coupole à trois étages (3).
Le tableau de Gosse est à rapprocher d’un autre, très similaire, par René-Théodore Berthon. Peinte en 1810, cette huile sur toile présente la séquence précédente : Napoléon tendant la main à la reine, Alexandre Ier encore sur le perron, Murat et Talleyrand à la même place... La plupart des détails (la haie des soldats, les bâtiments, la disposition des personnages) sont tellement identiques qu’on pourrait presque parler du plagiat de la part de Gosse. Il s’agit d’une commande de Napoléon, qui l’a achetée après son exposition au Salon de 1810. Gosse s’en inspire pour le sien, livré en 1837 pour le musée de Versailles. Une autre toile sur le même sujet est celle de Jean-Charles Tardieu (1808), également conservée à Versailles, mais les costumes des protagonistes y sont bien différents.
(1) À Sainte-Hélène, Napoléon expliquera à sa façon la venue tardive de Louise : « À Tilsit, Alexandre avait engagé le roi de Prusse à faire venir sa femme, lui disant que cela serait bien pour lui. Il ne le voulut qu’à la fin, parce qu’il était jaloux d’Alexandre. »
(2) Napoléon s’est rendu dans l’après-midi à la maison du moulin pour voir la reine, avant de l’inviter à dîner à Tilsit. Lui-même logeait au 24 de la Deutsche Strasse chez le conseiller de la commission de justice Ernst Ludwig Siehr. Chose amusante : après le départ de l’Empereur, le propriétaire découvre que son lit de parade, doré et tapissé de la soie mauve, a été offert par son hôte à Alexandre Ier de Russie !
(3) Ce bâtiment a été démoli en 1945. De la maison de Napoléon située au 24 de la Deutsche Strasse, où il a accueilli la reine de Prusse, il ne reste plus rien : les vestiges de la maison de Napoléon (deux poteaux) qu’on montre actuellement à Sovetsk sont ceux de sa première résidence. La rue porte aujourd’hui le nom de Youri Gagarine, le premier cosmonaute.
Une rose contre Magdebourg
À Sainte-Hélène, Napoléon donne sa version de l’épisode de la rose : « La reine de Prusse vint trop tard à Tilsit. Le roi ne l’appela que quand il vit qu’il ne pouvait rien obtenir, mais c’était trop tard, tout était arrangé. Je fus lui faire ma visite, mais elle me reçut sur le ton tragique, comme Chimène : “Sire, justice, justice, Magdebourg !” Elle commuait sur ce ton, qui m’embarrassait fort : enfin, pour la faire changer, je la priai de s’asseoir, rien ne coupe mieux une scène tragique, car, quand on est assis, cela devient comédie. Elle portait un superbe collier de perles ; je l’en félicitai : “Ah ! les belles perles !” Nous dinâmes, le roi, Alexandre, la reine, moi, etc. Pendant tout le repas, elle ne me parla que de Magdebourg. Après quoi, le roi et l’empereur me laissèrent seul avec elle ; elle me pressa encore et je lui offris une rose qui était là. “Oui, mais Magdebourg !” ”Eh, Madame, c’est moi qui offre la rose et non pas vous !” Quand ils furent tous partis, je fis venir Talleyrand et lui ordonnai d’aller trouver les autres ministres, je voulais que le traité fût signé le soir même, sans quoi je recommençais la campagne. Le fait est que si elle était venue plus tôt, on aurait eu d’autres conditions, mais tout était arrêté quand elle vint et je voulais Magdebourg pour protéger la Saxe » (général Gourgaud, Journal intégral, texte établi, présenté et commenté par Jacques Macé, Perrin, Paris, 2019, p. 652).
L’artiste
Nicolas-Louis Gosse, né en 1787, ne termine sa longue vie qu’en 1878, après avoir traversé une multitude de régimes : la fin du règne de Louis XVI, la Révolution, la Première République, le Consulat, le Premier Empire, les deux Restaurations, la monarchie de Juillet, la Deuxième République, le Second Empire, la Troisième République... Ce Parisien entre en apprentissage à l’atelier de François-André Vincent, membre de l’Académie des beaux-arts, rival peu chanceux de Jacques-Louis David. Le maître enseigne à son élève studieux la précision du dessin et des contours. Gosse développe une prédilection pour les sujets du style « troubadour » fort en vogue sous la Restauration, à l’époque de l’émergence du romantisme dans l’art et la littérature. Il participe régulièrement au Salon et expose des compositions historiques mettant en scène Charles X, Louis-Philippe ou Napoléon. Souvent primé, Gosse est fait chevalier puis officier de la Légion d’honneur.
De nos jours, sa vaste production artistique est éparpillée entre divers musées provinciaux, ceux de Dijon, Bordeaux ou Dreux pour n’en citer que quelques-uns, et les plus grands musées parisiens, sans compter les bâtiments officiels (le palais de justice de Rennes) et les églises (Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, la cathédrale de Vannes). Le musée du château de Versailles possède quelques tableaux de Gosse, dont celui qui fait l’objet de cet article.
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