Revenant le 26 mars 1796 à l’armée d’Italie pour en prendre la tête après l’avoir quittée dix-huit mois plus tôt comme commandant de l’artillerie sous Dumerbion, Bonaparte retrouve une situation statique en dépit de la victoire morale et militaire de Loano en novembre 1795. Schérer, en effet, se distingue surtout par son apathie et considère irréalisables les plans dont son remplaçant l’abreuve depuis Paris. Fin connaisseur du front italien, le nouveau général en chef va au contraire démontrer l’entière validité de ses vues en s'emparant du Piémont en quinze jours par une guerre-éclair.
Le plan de Bonaparte, contrairement au mot de Kellermann (1), est frappé au coin du bon sens… mais aussi à celui de l’audace. Il consiste non pas à franchir les Alpes mais à les contourner en longeant le littoral depuis Nice jusqu’à Savone, puis à bifurquer en direction de Carcare et du col de Cadibona. Ainsi, la progression des troupes, entre Alpes et Apennins où le relief n’excède guère 400 m, est-elle amplement facilitée. Qui plus est, à Carcare, se joignent Autrichiens et Piémontais. Si Bonaparte parvient à les séparer comme il se le propose, il en résulterait un hiatus entre les deux armées qui ne se pourrait résorber, terrain et routes obligent, qu’entre 50 et 70 km plus au nord. Les Français auraient alors tout loisir de battre séparément les deux ennemis et de les acculer à la paix (2).
Esprit offensif, Bonaparte sait aussi s’adapter aux circonstances contraires. La brigade Pijon progresse en effet déjà vers Gênes, suivant des ordres donnés avant son arrivée. Fort courroucé, le général en chef décide d’intégrer le fait accompli dans son plan en le transformant en avantage. Ainsi Pijon doit-il atteindre Voltri pour persuader de Beaulieu, le commandant en chef des forces autrichiennes, que l’objectif principal de Bonaparte est Gênes puis la Lombardie. Pari gagné : de Beaulieu, à la fois convaincu de la faiblesse des Français et désireux de couvrir ses bases lombardes et de prendre contact avec la flotte anglaise de Nelson, fait mouvement vers Gênes le 8 avril, espérant y prévenir une attaque française et même envelopper l’aile droite ennemie. Sans commandement unique ni de plan d’action commun, les Alliés entendent néanmoins agir de concert malgré leur mésentente notoire.
Les Sardes (3) tiennent la ligne Cuneo-Mondovì-Millesimo avec base opérationnelle à Turin et quartier-général à Ceva. Les Autrichiens concentrent à Acqui Terme les 10 000 à 11 000 hommes de d’Argenteau. De Beaulieu a 30 000 hommes à Alexandrie. À Carcare, Provera dispose de 10 000 hommes (effectif théorique) pour assurer la liaison austro-sarde. Leur base de Milan les atteint par Pavie et Alexandrie d’un côté, par Plaisance et Novi (siège du quartier-général) d’un autre.
L’avance française
C’est bien renseigné sur ce dispositif fragmenté et trop étiré (120 km) que Bonaparte, qui a quitté Nice le 2 avril, installe son quartier-général à Savone le 9. Il est parfaitement conscient que, si une partie des forces ennemies est battue, les autres seront contraintes au repli. La campagne s’annonce donc à son gré, d’autant que le 10 de Beaulieu engage Cervoni, qui remplace Pijon, à Voltri. D’Argenteau doit quant à lui descendre le 11 sur Savone et prendre les Français à revers. Il n’en aura pas le temps.
Il se heurte en effet à Montenegino aux éléments avancés des colonels Forseny et Rampon qui, retranchés, repoussent plusieurs assauts avec de lourdes pertes, notamment en officiers tués ou blessés, dont le général-major Rukavina. Contrairement aux conseils de celui-ci, d’Argenteau commet ensuite l’erreur de se retirer et de suspendre le combat pour la nuit, ce qui permet à Bonaparte de concentrer ses renforts. De son côté, de Beaulieu, qui a reconnu son erreur (4), expédie une partie de ses troupes (Vukasović) vers Montenotte.
La bataille de Montenotte
Le 12 à 8 h, Bonaparte attaque frontalement avec Laharpe flanqué de Forseny et Rampon, et de flanc avec Masséna, soit 10 000 à 11 000 hommes. Augereau (10 000 hommes), est en flanc-garde à Carcare. D’Argenteau, qui en a 3 000 à 4 000, ne voit pas encore Masséna, masqué par les broussailles et le brouillard. Mais la supériorité numérique des Français et l’artillerie acheminée sur Montenegino le décident à se replier en échelons sur Montenotte. À 9 h, il constate la manœuvre enveloppante de Masséna. Accouru avec son unique bataillon de réserve, il ne peut rétablir la situation tandis qu’au centre ses arrière-gardes sont impuissantes à contenir le flot des assaillants et les pertes sont déjà lourdes. À 12 h 30, la retraite est générale, les Français fusillant les fuyards depuis les hauteurs. Laharpe (5) engage la poursuite, culbute les éléments retardateurs dont plusieurs sont capturés avant même d’avoir ouvert le feu et débouche à Montenotte, rejetant les Autrichiens sur Pontinvrea. À 15h30, la bataille est terminée. Pour des pertes minimes (66 tués, 60 blessés, 10 prisonniers), les Français ont quasiment détruit les forces de d’Argenteau (entre 300 et 600 tués, 1 000 blessés, 1 500 prisonniers). Bonaparte vient féliciter ses soldats. Beaucoup découvrent son visage et peu sont pour le moment impressionnés.
La marche sur Ceva
Le centre allié détruit, Bonaparte porte ses efforts sur Ceva. Contrairement aux ordres du Directoire, il veut battre les Piémontais avant les Autrichiens. Le 13, à Millesimo, Augereau est cependant arrêté par Provera, retranché dans les ruines du château de Cosseria, « un obstacle dont aucune bravoure ne [peut] triompher ». Plusieurs assauts sont autant d’échecs sanglants : en un quart d’heure, des « torrents de feu » causent 300 morts et 600 blessés aux troupes républicaines (6). Joubert est blessé, les généraux Banel et Quesnel tués. Pour autant, la montre tourne pour les assaillants car Provera ne peut matériellement pas tenir.
En outre, le 14, Masséna et Laharpe battent les Autrichiens à Dego (7), empêchant définitivement von Colli-Marchini de secourir Provera. Ce dernier est contraint à se rendre (avec les honneurs militaires) tandis que von Colli-Marchini rétrograde de Montezemolo sur Ceva, ce qui l’éloigne encore plus de Beaulieu.
Mais le 15, Vukasović débouche à Dego avec trois bataillons, chasse les hommes de Masséna occupés à piller et détruit leurs batteries. Les généraux Causse et Banel sont tués. Il faut l’intervention personnelle de Bonaparte pour rétablir la situation. Les Autrichiens, poursuivis par la cavalerie, se replient néanmoins en ordre sur Acqui Terme. Plus nombreux, ils auraient peut-être pu rétablir la situation en faveur des Alliés. D’ailleurs, pour Bonaparte, c’est à Dego que ces derniers auraient dû se concentrer et acquérir ainsi une supériorité définitive.
Rendus prudents, les Français ne se présentent en force devant le camp (mal) retranché de Ceva que le 17, les reconnaissances de la veille ayant été repoussées à la Peddaggera (8). L’intention de Bonaparte est d’y encercler les Piémontais. De son côté, von Colli-Marchini, malgré le sang-froid et la bravoure que lui reconnaissent ses adversaires, reste frappé par la rapidité de leur avance. Certain par ailleurs de ne plus pouvoir escompter une aide autrichienne rapide et anticipant la manœuvre de Bonaparte, il décide de lui échapper la nuit même en mettant à l’abri derrière le Tanaro et la Corsaglia ses 12 000 à 13 000 hommes, avec lesquels il barre la route de la plaine piémontaise. Dix bataillons sont notamment postés sur les 4 km séparant Piozzo de Carrù, « porte des Langhes » (9). Ainsi les Français peuvent-ils investir Ceva sans coup férir.
La bataille de San Michele
Ceva prise, Bonaparte peut désormais progresser par la vallée du Tanaro, ce qui hypothèque grandement toute attaque autrichienne. Désireux de ne laisser aucun répit à un adversaire démoralisé, il ordonne à Sérurier de couper à San Michele les communications des Piémontais avec Mondovì. Parallèlement, il évite de perdre du temps comme devant Cosseria et ne laisse sous le fort de Ceva, où von Colli-Marchini en a laissé le gouverneur et une faible garnison, que quelques canons (10).
Le 19, alors que les 6 000 hommes de Joubert en sont réduits de leur côté à fusiller l’ennemi par-dessus le Tanaro en crue, Sérurier et ses deux brigades (3 000 hommes avec Guieu et Fiorella) pénètrent rapidement dans la partie est du village. Malgré la résistance piémontaise qui se durcit sous la conduite du brigadier Jean Dichat de Loisinge, les Français investissent également la partie ouest du village, à la suite de renforts se portant au secours de celui-ci. S’engagent alors de violents combats de rues qui freinent leur avance. Mais à 14 h, grâce surtout à l’action de Fiorella, San Michele est aux mains des troupes républicaines.
Celles-ci s’adonnent aussitôt au pillage alors que le succès ne peut être complet que si les hauteurs sont prises elles aussi. Pendant que les officiers tentent sans y parvenir de regrouper leurs troupes, von Colli-Marchini arrive sur les lieux. Recevant des ordres sûrs et clairs, ses troupes repartent en avant et réinvestissent la place. Sérurier, qui n’a pas de nouvelles d’Augereau (11) et ne se fait pas d’illusion quant au succès de sa marche, juge prudent d’ordonner la retraite, sanctionnant ainsi l’échec des Français, qui ont perdu 800 hommes contre 350 aux Piémontais.
Rappelant Laharpe de Dego, Bonaparte décide pour le lendemain de masser environ 17 000 hommes et quasiment toute son artillerie le long de la Corsaglia. Mais von Colli-Marchini n’a que 8 000 ou 9 000 hommes contre 25 000 et ne peut plus affronter seul les Français. Craignant d’être débordé vers Cherasco et Turin, il décide, après un conseil de guerre, de gagner Mondovì dans la nuit.
Objectif Mondovì
Voyant au petit jour l’ennemi s’esquiver, Bonaparte lance immédiatement la poursuite. Les Sardes, impuissants à manœuvrer, bousculés malgré une résistance acharnée et l’environnement urbain qui les favorise, risquant d’être tournés, se replient derrière la position centrale du Brichetto, plus facilement défendable par ses obstacles naturels. C’est le seul point ferme du front. Dirigés par Dichat de Loisinge, un homme tout de devoir, les Piémontais repoussent un premier assaut, mené dans les règles de l’art, et causent aux Français des pertes sensibles (12). Il faut sa mort lors d’une contre-attaque pour que les défenseurs se débandent. Les canons abandonnés sont aussitôt retournés contre Mondovì. Von Colli-Marchini propage la confusion en tentant de la juguler, les soldats se mettant à tirer au hasard avant de s’abriter derrière l’Ellero, où les officiers peinent à reconstituer les unités.
Pendant ce temps, dans Mondovì, la population, affolée par le bombardement et qui a, dès le milieu de l’après-midi, engagé des pourparlers avec les assaillants, oblige le gouverneur à rendre la ville avec sa garnison (1 300 hommes, plusieurs hauts officiers dont un lieutenant général).
Mais le dernier fait d’armes de la journée est pour les Piémontais : cherchant à passer l’Ellero avec 150 dragons pour couper la retraite à ces derniers, le général Stengel est engagé à Cassanio par les 125 cavaliers du colonel Jean-Baptiste d’Oncieux de Chaffardon et presque immédiatement mortellement blessé. Le colonel Troulle, deux autres officiers et plusieurs cavaliers tombent peu après. Bonaparte, estimant fort Stengel, dira qu’on lui a assassiné sa cavalerie légère.
Le Piémont capitule
Après Mondovì, Bonaparte se porte sur Cherasco, Sérurier sur Fossano et Augereau sur Alba. Pendant ce temps, à Turin, Victor-Amédée III tient conseil. Malgré un certain découragement dû au manque d’informations exactes sur la situation et à l’absence de soutien autrichien (13), le roi et les militaires sont enclins à continuer la lutte. Mais la nécessité de traiter s’impose lorsque parvient la nouvelle de l’avance française. D’ailleurs, sur le terrain, von Colli-Marchini propose une suspension d’armes.
De son côté Bonaparte ne peut que la souhaiter. S’il a pu compléter ses forces (14), il entrevoit cependant une marche sur Turin difficile. Les forces ennemies restent en effet supérieures en nombre et la cavalerie piémontaise est intacte à l’heure où se profilent les combats en rase campagne. Traiter, c’est donc tout à la fois s’épargner des difficultés, échapper à un éventuel revers de fortune et la possibilité de retourner toutes ses forces contre les Autrichiens. Aussi, tout en poursuivant son avance, Bonaparte envoie-t-il Murat négocier à Fossano.
Le 27 à 22 h 30, les plénipotentiaires sardes (15) se présentent au quartier-général français à Cherasco. Se sachant en position de force, Bonaparte coupe court à leurs tentatives de tergiverser : « Vous devriez me trouver modéré ! » leur lance-t-il, ajoutant ne rien exiger enfreignant les lois de l’honneur. À minuit, il décide d’en finir : « Il pourra m’arriver de perdre des batailles mais on ne me verra jamais perdre de moments par confiance ou par paresse. » Il précise qu’une offensive générale est imminente. Rendus aux exigences du vainqueur, les représentants piémontais signent l’armistice. Il est 2 h du matin.
Ainsi Bonaparte, presque inconnu il y a un mois mais qui possède « l’instinct de la guerre » et est « peut-être le seul dans l’armée qui [a] un but », impose-t-il « une couleur décidée à la guerre » et son nom à l’Europe. Se sentant « appelé à influer sur le sort des peuples », il est déjà en train de devenir Napoléon.
(1) Bonaparte a refusé d’être soumis ou même associé à celui qui se considère « le meilleur général en Europe ».
(2) Si les alliés austro-piémontais ont pour eux la supériorité absolue des forces, relativement chaque armée est moins nombreuse que l’armée française, qui a environ 42 000 hommes en effectifs réels (102 000 en effectifs théorique). Dans ses Mémoires, Napoléon donnera le chiffre de 50 000, sans préciser la nature de l’effectif. Clausewitz dément l’affirmation selon laquelle l’armée autrichienne ne manque de rien, l’attribuant aux Français désireux de créer un contraste avec leurs propres troupes. Selon lui au contraire, les soldats impériaux subissent un état de famine chronique, habituel dans les armées de l’époque, l’abondance ne se vérifiant que dans certains détails du paquetage. Les Autrichiens emportent pour neuf jours de rations, les Français pour deux.
(3) Les termes « Sardes » et « Piémontais » correspondent aux mêmes troupes puisqu'à cette époque Victor-Amédée III est le souverain du royaume de Piémont-Sardaigne.
(4) Cervoni a regagné Savone depuis le 11, où Bonaparte passe sa brigade en revue.
(5) Bonaparte, estimant que Laharpe suffit à mener la poursuite, retire Masséna. La fin de la bataille est assez chaotique puisque des unités autrichiennes en fuite réussissent à traverser les lignes françaises tandis que des soldats piémontais parviennent à prendre deux pièces de montagne aux Français.
(6) Soutenu par von Colli-Marchini, Provera, arrivé sans être détecté, aurait sans doute pu changer le cours de la campagne. Les Piémontais refusent plusieurs fois de se rendre et Bonaparte, étonné de cette résistance, l’imagine en présage de l’arrivée prochaine de von Colli-Marchini. En réalité, celui-ci ignore la situation à Cosseria.
(7) Ils s’emparent de huit bataillons avec leur artillerie. Les émigrés français capturés, qui continuaient la lutte avec des déserteurs de l’armée républicaine au sein de la compagnie autonome, sont tous passés par les armes.
(8) Les Français perdent 600 hommes contre 270 aux Piémontais. Mais pour ceux-ci, le repli français n’est que le prélude à une nouvelle tentative d'enveloppement alors qu’il n’en est rien.
(9) Les Langhes sont une région vallonnée et viticole à l’orée du Piémont.
(10) Le gouverneur de la place négocie sa tranquillité en échange d'une neutralité envers les troupes républicaines. En dépit de cet accord, ces dernières utilisent leur artillerie. Mais le fort ne se rendra néanmoins qu’après la suspension des hostilités.
(11) Il devait franchir le Tanaro à Niella.
(12) C’est face au Bricchetto que les Français accusent la presque totalité de leurs 600
pertes. Les Piémontais en ont 800. À San Michele, où selon Bonaparte ils ont été « héroïques », ils n’en ont en revanche perdus que 350 et infligé 800 à leurs adevrsaires républicains.
(13) Les Autrichiens sont en effet surtout préoccupés de barrer la route de leurs possessions de Milan et Mantoue.
(14) Ses victoires lui ont permis de compléter ses parcs de canon et de chevaux. Il abandonne aussi sa ligne de communication de Savone et, rétrécissant la liaison avec Paris, établit celle d’Orméa et de la vallée du Tanaro, où des magasins ont été constitués avant l’offensive. Enfin, la liaison avec l’armée des Alpes est en passe d’être établie et l’armée d’Italie s’apprête à l’absorber.
(15) Le lieutenant-général baron de la Tour et le colonel marquis Costa de Beauregard, chef de l’état-major général de l’armée de von Colli-Marchini. Côté français l’armistice sera signé par Bonaparte et le commissaire du peuple Antoine Saliceti.
1796
Mars
26
Proclamation de Bonaparte à l’Armée d’Italie.
Avril
2
Départ des Français de Nice.
8
Beaulieu fait mouvement vers Gênes
9
Bonaparte installe son quartier-général à Savone.
12
Bataille de Montenotte.
13
Bataille de Millesimo.
15
Bataille de Dego.
19
Bataille de San Michele.
21
Bataille de Mondovì.
28
Signature de l’armistice à Cherasco.
1797
Jean-Pierre de Beaulieu
Le feld-maréchal de Beaulieu, fraîchement nommé, veut profiter de son action sur Gênes pour gagner la confiance de ses troupes. Âgé de soixante-douze ans, il a déjà combattu les Français en Flandre en 1792. Mais, plus expérimenté que talentueux, il n’a pas « toutes les qualités » nécessaires à son poste et ne « connaît que l’ancienne tactique ». Il méprise par ailleurs le lieutenant-général Michael Freiherr von Colli-Marchini, cinquante-quatre ans dont trente-six sous les armes, qui commande 20 000 Sardes et a une plus longue expérience de ce front. Soldats à l’ancienne, ils ont un grand souci de leurs axes de communications et pratiquent l’attaque linéaire, totalement inadaptée en montagne et face à la forme de guerre que va leur imposer Bonaparte, qui utilise la souplesse du système divisionnaire.
L’importance du renseignement
Mis en place dès 1792, le réseau d’espionnage républicain fonctionne pour beaucoup grâce aux Italiens expatriés. Ceux-ci sont en effet les propagandistes zélés des idées révolutionnaires, notamment grâce à la presse, tout en collectant argent (A) et renseignements. Ainsi Masséna dispose-t-il, à la veille de l’offensive, d’informations de première main sur la disposition des forces alliées au col de Cadibona. Bonaparte se sert de ces « patriotes » comme d’épouvantails contre la cour piémontaise, utilisant les réseaux jacobins en vue d’actions subversives au gré des circonstances et de ses besoins. Il demande par ailleurs à ses grands subordonnés de constituer leurs propres réseaux tandis que le « maître-espion » Angelo Pico a son entière confiance et n’est responsable que devant lui. Aux plénipotentiaires piémontais qui ne veulent croire à l’utilisation d’armes « aussi viles » et de « scélérats » de la part de quelqu’un « pourvu de tant de moyens, de force et de génie », il répond que le droit de la guerre permet d’utiliser tous les moyens disponibles pour abattre un adversaire et les assure que leur pays « est entièrement miné ».
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